Lorsqu’elle est montée sur la scène du Palais des Festivals, les yeux humides et la voix tremblante, peu de gens dans la salle connaissaient son nom. À 23 ans, Nadia Melliti vient de décrocher le Prix d’interprétation féminine à Cannes pour son rôle dans ‘‘La Petite Dernière’’, réalisé par Hafsia Herzi. Une consécration fulgurante pour une jeune femme qui, quelques mois auparavant, poursuivait tranquillement des études en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), loin des projecteurs. Vidéo.
Djamal Guettala
Née en banlieue parisienne de parents tunisiens, Nadia Melliti n’a jamais pris de cours de théâtre. Elle ne fréquentait ni castings, ni plateaux de tournage. C’est au détour d’un quartier animé de Paris qu’un directeur de casting la remarque. «Elle avait une présence brute, une sincérité dans le regard», raconte Hafsia Herzi, elle-même César de la meilleure actrice en 2025 pour son interprétation dans le film « Borgo » de Stéphane Demoustier.
Ce regard, justement, est devenu l’un des symboles du film ‘‘La Petite Dernière’’, adapté du roman de Fatima Daas. Nadia y incarne Fatima, une jeune femme tiraillée entre foi, famille et désirs, dans un récit poignant d’identité et d’émancipation.
Une performance habitée
Dans le film, Nadia ne joue pas : elle vit. Chaque mot prononcé, chaque silence, chaque hésitation porte en elle le poids d’une génération partagée entre traditions et liberté. Le jury cannois a salué une interprétation «d’une intensité rare, d’une justesse désarmante». Elle incarne cette jeunesse franco-maghrébine souvent invisibilisée, avec une puissance tranquille et bouleversante.
Aujourd’hui, les propositions affluent. Mais Nadia reste mesurée. Elle veut continuer ses études, tout en choisissant ses projets avec soin. «Ce n’est pas parce qu’on m’a tendu un micro que j’ai toutes les réponses», confie-t-elle avec humilité. Elle parle souvent de sa famille, de ses racines, de sa volonté de rester «connectée au réel».
À l’heure où le cinéma français cherche à se renouveler, Nadia Melliti incarne une promesse rare : celle d’un talent brut, sincère, qui ne cherche pas à plaire mais à dire quelque chose. Dans la lignée de Hafsia Herzi ou Leïla Bekhti, elle pourrait bien devenir une figure majeure du cinéma franco-maghrébin engagé.
Et si ‘‘La Petite Dernière’’ marquait, en réalité, le premier chapitre d’une grande carrière ?
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