Georges Ibrahim Abdallah libéré après 41 ans de détention en France

C’est une décision que nombre d’observateurs disaient improbable : après plus de quarante ans de détention en France, Georges Ibrahim Abdallah a été libéré ce jeudi 17 juillet 2025 sur décision de la cour d’appel de Paris. À 74 ans, celui qui était considéré par ses soutiens comme le plus ancien prisonnier politique d’Europe sera expulsé vers le Liban le 25 de ce mois.

Djamal Guettala

Militant marxiste-léniniste d’origine libanaise, Georges Abdallah avait été arrêté en 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1987 pour complicité dans des assassinats politiques perpétrés à Paris et revendiqués par les Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl), groupe armé proche de la mouvance révolutionnaire anti-impérialiste. Depuis, sa libération était devenue un sujet de contentieux politique et judiciaire entre la France, les États-Unis et le Liban.

Libération bloquée par des enjeux diplomatiques

Bien que juridiquement libérable depuis 1999, Georges Abdallah a vu toutes ses demandes de remise en liberté rejetées. Plusieurs décisions favorables de juridictions françaises ont été suspendues ou bloquées par le ministère de l’Intérieur, invoquant l’absence d’arrêté d’expulsion – une mesure indispensable à la mise en œuvre de sa libération. Cette situation a alimenté les accusations de traitement politique du dossier, notamment sous pression des Etats-Unis et d’Israël.

Le ministère de la Justice français n’a pas souhaité commenter la décision de la cour d’appel. Celle-ci intervient toutefois dans un contexte international marqué par un regain de mobilisation autour de la cause palestinienne, dont Georges Abdallah s’est toujours revendiqué comme un défenseur acharné.

Une figure de la gauche radicale internationaliste

Fidèle à ses engagements idéologiques, Georges Abdallah n’a jamais exprimé de repentir au sens attendu par les institutions judiciaires françaises. Il a maintenu depuis sa cellule une parole politique forte, relayée dans de nombreux pays, et s’est imposé comme un symbole de résistance pour de nombreux mouvements de gauche et collectifs anticolonialistes.

Dans un communiqué publié après l’annonce de sa libération, le comité de soutien en France salue «la fin d’une détention injuste et prolongée à des fins clairement politiques», et appelle à un rassemblement ce jeudi à Marseille.

Un retour très attendu au Liban

Le Liban, qui a officiellement demandé à plusieurs reprises sa libération, s’est déclaré prêt à accueillir Georges Abdallah dès son retour. À Beyrouth, des préparatifs sont déjà en cours pour organiser son accueil comme celui d’un ancien combattant. Des partis de gauche libanais, ainsi que plusieurs organisations pro-palestiniennes, saluent une victoire symbolique majeure.

Au-delà du cas individuel, cette libération interroge à nouveau le rapport qu’entretiennent certains États occidentaux avec les prisonniers dits «politiques», et la façon dont les engagements révolutionnaires du Sud global sont jugés et traités dans les démocraties libérales.

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