Il y a un an, le 21 juillet 2024, mourait le journaliste Abdelaziz Barrouhi, ancien rédacteur à la la Tap, Reuters et Jeune Afrique. Ses neveux nous ont fait parvenir ce texte où ils rendent un vibrant hommage à cet homme qui «défendait le droit de dire, d’écrire, de résister — même dans le silence imposé.»
Il y a un an, Abdelaziz s’éclipsait en silence, laissant derrière lui une aura de sagesse et d’engagement. Et parce qu’il ne brillait jamais seul, son souvenir s’accompagne naturellement de celui de quatre autres étoiles : Hamda, qu’il appelait avec respect Sidi, Hamida, mère aimante, Ali, père vaillant appelé Essayid, et Halima, tante vive et lumineuse.
Ils étaient les piliers invisibles d’une vérité vécue. Chacun portait une part de ce que nous sommes devenus.
Hamda, l’oncle aîné noble, portait l’histoire avec calme. Sa parole était pleine de racines et ses silences habités de profondeur. On l’écoutait comme on lit un poème ancien.
Hamida, notre maman douce et forte, semait en nous des graines de bienveillance et de constance. Elle nous a appris que l’amour est la force la plus subtile et la plus puissante qui soit. Elle nous a aussi transmis la fierté de compter sur soi, avec foi et dignité, même dans l’adversité.
Ali, notre père généreux, marchait humblement, mais éclairait largement. Défenseur des cœurs fragiles et des vies discrètes, il nous a légué le courage de ceux qui refusent l’indifférence.
Halima, notre tante au rire franc et au regard vif, incarnait la joie simple et la profondeur cachée. Bonne vivante au cœur tendre, elle alliait humour spontané et sensibilité sincère. Dans ses éclats de rire résonnait une tendresse immense pour les autres — et dans ses gestes, un amour discret mais constant.
Abdelaziz, enfin, l’oncle benjamin, transforma tout cela en récits. Son journalisme était un acte de vérité, un cri doux pour les voix étouffées. Il croyait profondément en une presse libre, indépendante, et en la démocratie comme socle de toute dignité humaine. Il défendait le droit de dire, d’écrire, de résister — même dans le silence imposé.
Parti en silence… il faisait du bannissement et de l’exil des récits journalistiques plus pénétrants que la couverture des événements.
Tous les cinq nous ont quittés entre l’été et l’automne, ces saisons de bascule et de lumière particulière.
L’été, avec sa chaleur persistante, porte les départs comme une braise vive, pleine d’éclat. L’automne, lui, accompagne les absences dans une lente métamorphose, où les feuilles tombent comme des souvenirs, et où la lumière, plus douce, devient mémoire.
À travers lui, leur lumière s’est intensifiée. À travers eux, son combat prenait racine. Et à travers nous, leur héritage continue de vibrer.
Ce texte n’est pas un adieu. C’est une étoffe de mémoire.
C’est le reflet d’un ciel intérieur que nous portons où cinq étoiles brillent sans faiblir, où le passé devient repère, où l’amour devient direction.
Donnez votre avis