Le gouvernement tunisien a lancé récemment une réforme ambitieuse du secteur bancaire, qui vise à moderniser les institutions financières et à les rendre plus efficaces et plus solides.
Par Nasreddine Montasser *
Cette réforme devrait être centrée sur l’innovation et s’articuler autour de trois axes principaux : l’incorporation de l’intelligence artificielle dans l’activité, la refonte de la structuration interne des banques tunisiennes et le recours à des profils autres que financiers pour conduire les banques.
Axe 1 : l’intégration de l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner de nombreux secteurs, dont le secteur bancaire. En Tunisie, la Banque centrale a lancé un programme de soutien à l’intégration de l’IA dans les banques, qui prévoit notamment la formation des cadres bancaires aux nouvelles technologies et le financement de projets d’IA.
L’IA peut être utilisée dans de nombreux domaines bancaires, tels que l’allocation optimale des ressources, la détection des fraudes, la gestion des risques, le marketing et la relation client.
Axe 2 : la refonte de la structuration interne
La refonte de la structuration interne des banques vise à améliorer l’efficacité, favoriser l’innovation et la transparence dans les institutions financières. Elle devrait prévoir notamment l’harmonisation des divers réseaux informels opérant dans ces institutions à savoir les réseaux de confiance, de compétence et de responsabilité, ainsi que la simplification des procédures. Cette harmonisation éviterait les disfonctionnements internes qui freinent l’innovation et bloquent la transformation de ces institutions.
En effet, les réseaux de confiance permettent de créer des liens solides et apaisés entre les différents départements d’une banque, ce qui facilite la communication et la collaboration.
Les réseaux de compétence permettent l’émancipation et la mise en relation des détenteurs d’expertises réelles, ce qui renforcerait le savoir-faire de la banque.
Les réseaux de responsabilité permettent de clarifier les rôles et les responsabilités de chacun, ce qui permet d’améliorer la prise de décision.
Axe 3 : le recours à des profils non financiers
Le recours à des profils non financiers est une mesure novatrice bien qu’assez courante dans les banques des pays développés. Ces profils issus de différents domaines, caractérisés par leur compétence, leur rigueur et leur rationalité, apporteraient un nouveau regard sur la conduite de ces institutions. Ils peuvent promouvoir une nouvelle vision et des solutions novatrices aux problèmes rencontrés par les banques.
Certaines banques ont déjà des premiers responsables de profil non-financier avec des résultats séduisants. La Banque centrale devrait lancer et encourager des programmes de formation destinés aux profils non-financiers, qui leur permettront d’acquérir les compétences nécessaires pour prendre en charge la conduite ces institutions.
La réforme des banques tunisiennes est un processus complexe qui nécessitera plusieurs années pour être pleinement mis en œuvre. Cependant, cette réforme est essentielle pour moderniser le secteur bancaire et le rendre plus efficace, ce qui est nécessaire pour soutenir la croissance économique de la Tunisie. C’est un processus ambitieux qui pourrait avoir un impact significatif sur le secteur bancaire. Si la réforme est réussie, elle pourrait permettre aux banques tunisiennes:
- d’améliorer leur efficacité et leur compétitivité;
- de réduire les risques;
- d’offrir des produits et services innovants aux clients;
- de financer la croissance économique de la Tunisie.
Cependant, la réussite de la réforme dépendra de plusieurs facteurs, notamment de la disponibilité des ressources financières, de la capacité des banques à s’adapter aux changements et de l’acceptation de la réforme par les clients.
* Cadre de banque.
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