CAN 2024 : le manque de réalisme de l’équipe de Tunisie

Quel futur proche? L’entrée en matière des Aigles de Carthage dans la CAN Côte d’Ivoire a été négative. Une défaite 0-1 qui ne ravit pas ses supporters. C’est le résultat qui a sanctionné le premier défi de leur poule face aux Namibiens, plus frais et plus entreprenants. Deux autres gros obstacles en perspective : le Mali et l’Afrique du Sud.

Par Jean-Guillaume Lozato *

Au terme d’un match animé, la Namibie a remporté son premier match contre la Tunisie. Les Nord-africains étaient pourtant partis favoris. D’après les statistiques purement comptables et d’après le prévisionnisme ambiant.

L’évolution du jeu et du score ont subie une courbe descendante pour les Rouges et Blancs. Une phase trompeuse puisque progressive. Et que faire pour envisager correctement les prochaines rencontres programmées contre le Mali puis l’Afrique du Sud?

Début de match prometteur

La domination des footballeurs venus d’Afrique du Nord n’a pas empêché des initiatives subsahariennes.

Pour répondre au premier tir cadré namibien, ainsi qu’au second dans la minute qui a suivi, œuvres des numéros 7 (Deon Hotto) et 13 (Peter Shalulile), les hommes dirigés par Jalel Kadri ont déployé plusieurs stratégies : – un léger attentisme qui a vite laissé place à une observation active; – le répondant, sous forme de résistance suivie d’interceptions fulgurantes face aux jaillissements des membres de l’équipe de Namibie; – la créativité pour compenser une lenteur occasionnelle dans la conservation de balle toutefois adroite; – des offensives et des tirs.

La première moitié de ce rendez-vous du sport de haut niveau a vu des Tunisiens procéder par l’animation ou bien par des contres agressifs. A l’image de Elias Achouri, très dribbleur, dont l’action brillamment construite à la neuvième minute de jeu a lancé Wajdi Kechrida dont le tir soudain est hélas passé au-dessus des cages adverses.

Les actions d’après (côté gauche à la 35′ puis une superbe transversale à la 39′) ont démontré que l’esthétique du jeu était l’apanage des Tunisiens. Pendant que, défensivement, Yassine Meriah, dans son duel avec son adversaire Shalulile, jouait le rôle de l’opposition physique contre la vivacité athlétique.

Régression au fil du match

Alors que s’initiait la seconde période un peu sur le fil conducteur de la première, et que la Tunisie a dispensé une séquence de jeu quadrillant le terrain au moyen d’une douzaine de passes consécutives, la Namibie a pris un peu plus confiance. En s’appliquant, cette dernière a su analyser puis s’adapter au jeu des adversaires. Sans génie technique sur le plan du toucher de balle, mais avec intelligence et puissance dans un jeu aérien qu’elle a recherché de plus en plus. Les Tunisiens, moins vigilants, ont été moins précis dans le marquage individuel. Avec un premier avertissement à la cinquantième minute, où la catastrophe a été évitée grâce à un sauvetage magnifique de Montassar Talbi à quelques centimètres du poteau.

Malgré des actions de Haythem Jouini, Sayfallah Ltaïef ou un bel échange Aissa Laïdouni/Anis Ben Slimane, le gardien Béchir Ben Saïd s’est vu sérieusement inquiété par les attaques namibiennes et a détourné un tir d’une superbe claquette à la 85′. Et pour terminer, la Namibie a marqué son but synonyme de victoire sur une tête de Hotto. Au coup de sifflet final, le buteur et ses compagnons ont pu entrer dans l’histoire en offrant à la Namibie son premier match gagné en Coupe d’Afrique des Nations.

La déception en guise de bilan

Au restaurant le Margoum, dans le Val-de-Marne, des membres de la diaspora tunisienne ont pour habitude de se regrouper pour visionner les matchs de leur pays. Mais les Aigles de Carthage ne les ont pas rassurés, à l’image de Jamel Belhadj fraîchement retraité : «Il y aura des surprises à cette CAN. Je n’aimerais pas que la Tunisie soit, par contre, une mauvaise surprise. Dommage il n’y a plus Wahbi Khazri. Ici en France, avec la nostalgie en plus, on est très déçus».

Reste la suite du programme et une question existentielle. Le Mali et l’Afrique du Sud attendent en embuscade. Il faudra jouer non plus seulement en fonction de soi-même. Il faudra en plus tenir compte de l’adversaire pour à la fois jouer son propre jeu et s’adapter à celui de cet adversaire.

Laïdouni reste une pièce essentielle de l’entrejeu de l’équipe, et de son jeu en général. C’est un peu l’âme de cette équipe. Une sorte de vice-capitaine toujours vaillant. Lorsqu’il a remplacé Mohamed Ali Ben Romdhane, que l’on avait vu meilleur, on a constaté son apport. Sa présence dès le début des prochains matchs pourra faire alterner subtilement le 4-3-3 vers le 4-4-2 et tirer sa formation d’affaire?

Quant à l’attaque, elle a pu s’appuyer sur les prestations du capitaine Youssef Msakni, plus que sur Yassine Khenissi, peu en vue, et d’ailleurs blessé et hors compétition. Pourquoi ne pas commencer les prochaines rencontres avec une feuille de match initiale comprenant Bassem Srarfi ou Sayfallah Ltaïef?

La Tunisie a parfois éclairé le jeu. Parfois souffert nonobstant son statut de participante à la toute dernière Coupe du Monde où elle s’était offert le luxe de battre l’équipe de France. C’était le temps où les coéquipiers de Msakni proposaient un jeu plus rapide. L’équipe dirigée par Kadri semble retomber dans ses défauts d’il y a deux ans. En football, la pérennisation est peut-être l’exercice le plus difficile…

Un avenir incertain

Ce tout premier match a livré quelques éléments de réflexion. D’abord comment envisager l’avenir imminent? Pensons à une éventuelle surprise pour troubler les deux prochains adversaires et faire preuve de réalisme. En disposant Laïdouni comme un relayeur plus offensif et en faisant entrer une arme secrète : l’expérience de Naïm Sliti pour le faire évoluer en électron libre en tant que «9,5» surtout contre les Maliens. Une arme qui pourrait servir pour la suite si lui et ses camarades poursuivent leur chemin au cours duquel ils auront les moyens de s’imposer contre des équipes comme l’Egypte, le Nigéria, le Cameroun ou encore la Côte d’Ivoire, mais nettement moins contre l’Algérie, le Sénégal, et surtout le Maroc!

Pour finir un ultime enseignement : la découverte du namibien Petrus, seul joueur à faire preuve de régularité et de sang-froid au sein de son effectif. Félicitations à son équipe qui a su faire preuve de réalisme et d’efficacité.

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