La Tunisie a eu droit, le week-end dernier, à une place de choix dans les colonnes du ‘‘Financial Times’’ (‘FT’) – notamment sa décision de «mettre la religion à sa place.»
Par Marwan Chahla
Dans cet article, le critique littéraire du quotidien économique et financier britannique, David Gardner, a fait sa lecture du livre de Safwan Masri, ‘‘Tunisia: An Arab Anomaly’’, que Kapitalis a présenté mercredi 25 octobre 2017.
L’auteur de cette revue du ‘‘FT’’ a choisi de s’attarder sur l’apport déterminant des options faites par Habib Bourguiba au lendemain de l’indépendance de notre pays, notamment celles qui consistent à «émousser certaines ardeurs religieuses», à promouvoir les droits de la femme et à miser sur l’école publique et sur la mixité de l’éducation.
Pour David Gardner, c’est le chapitre «Putting Religion in its Place» (Mettre la religion à sa place) du livre de Safwan Masri qui constitue la contribution la plus pertinente du professeur de la Columbia University.
Le journaliste du ‘‘FT’’ explique que c’est au niveau de l’enseignement public tunisien que se situe, dans une très large mesure, ce qui a fait l’exception tunisienne et que se trouve la raison de la réussite de la transition démocratique dans notre pays: à la différence de la Tunisie, «les autres pays arabes, au lendemain de leurs indépendances, ont choisi un système d’instruction passif et traditionnel, très souvent pliant sous le poids d’une religiosité aux vues étroites qui étouffent la curiosité, l’esprit critique, l’originalité et l’expression de soi», selon le journaliste du ‘‘FT’’.
Gardner conclut sa revue du travail de Safwan Masri en empruntant à l’auteur cette observation que la Tunisie, contrairement aux autres pays arabes, «a échappé à cette bataille pour l’identité nationale qui a fait de l’islam une marque d’honneur dans des sociétés qui, par ailleurs, avaient peu de choses sur lesquelles fonder leurs indépendances nouvellement acquises. La Tunisie n’avait pas besoin de l’islam pour définir son identité.»
Rached Ghannouchi et Ennahdha qui, quand ils ont accédé au pouvoir, en 2012 et 2013, ont tenté de tripatouiller la nouvelle constitution tunisienne pour la conformer à la charia, ont en eu pour leurs frais. La société tunisienne s’était alors levée comme un seul homme pour leur faire comprendre qu’il n’y a pas de place pour l’obscurantisme des Frères musulmans dans un pays dont le peuple est largement acquis aux valeurs de tolérance, d’ouverture et de progrès.
Depuis, les islamistes tunisiens tentent de mettre de l’eau dans leur lait de chamelle au point que, de concession en concession, ils sont devenus aujourd’hui presque méconnaissables.
Vient de paraître : Exception tunisienne ou «anomalie arabe» ?
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