Nous autres, Tunisiens, avons normalement des élections présidentielles avant la fin de l’année en cours, mais bien malin celui d’entre nous qui vous en dira les dates. L’agence Reuters a traité ce sujet dans l’article que nous traduisons ci-dessous. (Ph. Reuters; Jihed Abidellaoui).
Des centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche 12 mai 2024 dans la capitale tunisienne pour exiger la libération des journalistes, militants et personnalités de l’opposition emprisonnés, ainsi que la fixation d’une date pour des élections présidentielles.
La manifestation intervient dans un contexte de crise économique et politique et d’une vague d’arrestations visant des journalistes, des avocats, des militants et des opposants.
La police tunisienne a pris d’assaut samedi le local de la Maison de l’avocat et a arrêté Sonia Dahmani, une avocate connue pour ses critiques acerbes à l’égard du président Kaïs Saïed. Deux journalistes ont également été arrêtés le même jour [Borhen Bsaies et Mourad Zeghidi de la radio IFM].
La Commission électorale a déclaré plus tôt que les élections auraient lieu dans les délais requis, mais alors que le premier mandat du président, qui dure cinq ans, touche à sa fin, elle n’a pas encore annoncé de date.
Saïed a pris ses fonctions à la suite d’élections libres en 2019, mais deux ans plus tard, il s’est emparé de pouvoirs supplémentaires en fermant le parlement élu et en décidant de gouverner par décret. Il a également assumé l’autorité sur le système judiciaire, une mesure que l’opposition a qualifiée de coup d’État.
Saied a critiqué à plusieurs reprises ce qu’il a décrit comme la course à la présidence de l’opposition, affirmant qu’elle avait boycotté le dernier tour des élections législatives tout en se concentrant sur le vote présidentiel.
L’opposition affirme que le climat politique actuel n’est pas propice à la tenue d’élections, dans un contexte de restrictions imposées à la presse et d’emprisonnement d’opposants et de militants de premier plan. Ils ont appelé dimanche à un climat politique propre pour un vote incluant la fin des restrictions à la liberté de la presse et à la liberté politique.
«Aujourd’hui, il n’y a pas de climat pour des élections équitables et il n’y a pas de date… les autorités répriment les hommes politiques, les avocats et les journalistes», a déclaré Imed Khemiri, un haut responsable du parti Ennahdha, membre du Front du Salut, qui a organisé la protestation. «L’assaut contre la Maison de l’avocat constitue un dangereux précédent qui perpétue le régime autoritaire», a-t-il ajouté.
Abir Moussi [présidente du PDL], l’un des candidats les plus en vue, est en prison depuis des mois, tandis que Mondher Zenaidi [ancien ministre] a annoncé sa candidature à d’éventuelles élections à partir de la France [où il réside], dans l’espoir qu’il serait arrêté s’il retournait en Tunisie. *
Traduit de l’anglais.
Source : Reuters.
* D’autres personnalités ont annoncé leur intention de se présenter, dont les activistes politiques Safi Saïd et Lotfi Mraïhi.
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