L’opération de démantèlement des camps de migrants subsahariens en situation irrégulière se poursuit dans les délégations de El-Amra et Jebeniana, dans le gouvernorat de Sfax, pour le troisième jour consécutif.
Selon l’agence officielle Tap, qui a rapporté l’information samedi 5 avril 2025, citant le porte-parole de la direction générale de la Garde nationale Houssemeddine Jebabli, cette opération est menée par les unités du Croissant-Rouge tunisien, les services de santé, de la protection civile, plusieurs municipalités voisines, ainsi que les autorités régionales, sous la protection des forces de la police et de la garde nationale.
Les autorités tunisiennes estiment le nombre des migrants irréguliers subsahariens dans les régions de Jebeniana et El-Amra à 20 000, dont environ 4 000 de diverses nationalités ont quitté l’un des camps évacués par les autorités.
Certains migrants se sont dispersés dans la campagne, les femmes enceintes et les personnes infirmes étant prises en charge par les autorités sanitaires
Lors d’un point de presse, tenu, samedi, à Sfax, Jebabli a souligné que les efforts entrepris par les différentes unités de la marine nationale a permis d’enregistrer des chiffres records en matière de réduction des tentatives de migration irrégulière vers la rive nord de la Méditerranée.
Il a révélé qu’aucune infiltration ou passage illicite par voie terrestre n’a été enregistré durant les trois premiers mois de cette année.
Rappelons que les camps avaient suscité la colère des habitants des villages voisins, accentuant la pression sur les autorités. Certains habitants avaient d’ailleurs intenté une action en justice contre l’occupation de leurs oliveraies par les migrants. «Il était de notre devoir de mettre fin à ce désordre», a déclaré Jebabli.
Concernant l’opération de démantèlement des camps de migrants, Jebabli a précisé que les différentes unités du ministère de l’Intérieur sont mobilisées sur le terrain depuis quatre jours, en coordination étroite avec la présidence de la République. L’objectif étant d’éliminer ces campements anarchiques, dans le respect de la loi et en prenant en considération la situation humanitaire et sociale des migrants irréguliers.
Il a souligné à cet égard que l’approche adoptée privilégie les considérations sociales et humaines au détriment de la dimension sécuritaire, estimant que la majorité de ces migrants sont victimes de traite de personnes. Plusieurs d’entre eux souffrent de problèmes de santé et ont été pris en charge dans les hôpitaux publics, tandis que d’autres faisaient la queue devant les locaux du Croissant-Rouge tunisien et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour bénéficier d’un retour volontaire, a-t-il ajouté.
Le porte-parole de la Garde nationale a indiqué, en se fondant sur les rapports des services de renseignements, de nombreux migrants subsahariens en situation irrégulière ont exprimé leur volonté de retourner volontairement dans leur pays d’origine et de se rapprocher de l’OIM après avoir séjourné dans ces camps.
Il a précisé que l’opération de démantèlement des camps à El Amra et Jebeniana, qui abritaient environ 20 000 migrants, se poursuit toujours sous la supervision du ministère de l’Intérieur et du président de la République.
L’opération fait l’objet d’un suivi quotidien de la part des pays d’origine, de transit et de destination, afin d’examiner les mécanismes d’appui au retour volontaire et de coordonner avec les organisations internationales pour l’hébergement temporaire.
Par ailleurs, Jebabli a signalé que plusieurs affaires judiciaires ont été enregistrées à l’encontre de ces migrants en situation irrégulière, notamment pour des agressions contre des exploitations agricoles appartenant à des citoyens, en plus des conditions environnementales et sanitaires devenues préoccupantes.
Le 25 mars, le président tunisien Kaïs Saïed a appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à accélérer le retour volontaire des migrants en situation irrégulière dans leur pays d’origine.
Il reste cependant à espérer que les camps démantelés ne seront pas installés quelques kilomètres plus loin et que ces opérations ponctuelles soient la réponse adéquate à un phénomène structurel et qui prend de plus en plus d’ampleur, étant donné la situation difficile des populations dans plusieurs pays subsahariens aux prises avec des guerres civiles. Qu’on nous permette d’en douter, car des opérations similaires menées par le passé n’ont pas donné les résultats escomptés. Pour un migrant irrégulier rapatrié, combien d’autres viennent grossir les rangs de ceux bloqués en Tunisie en attendant de partir vers l’Europe?
Le 25 mars, le président Kaïs Saïed a appelé l’OIM à accélérer le retour volontaire des migrants en situation irrégulière dans leur pays d’origine.
I. B. (avec agences).
Donnez votre avis