Les traces des agressions subies par Sharky en Belgique.
Le Tunisien Sharky, un transgenre réfugié à Bruxelles, en Belgique, a été violemment agressé par des extrémistes religieux qui menacent de le tuer.
Sharky, surnom que s’est donné ce ressortissant tunisien de 26 ans pour garder l’anonymat, vivait une vie plutôt tranquille en Tunisie. Ingénieur son, originaire de Carthage-Byrsa, il gagnait bien et menait une vie des jeunes de son âge. Née fille et inscrit en tant que telle dans sa fiche d’état civil, Sharky se revendique pourtant de l’autre sexe. Cela se voit, d’ailleurs, dans son look, son attitude et sa carrure qui tiennent plus du mec que de la meuf.
Au début, cette différence a engendré quelques interrogations, parfois des quolibets, mais sans plus. Mais en 2012, des extrémistes religieux ont commencé à lui mener la vie dure : violences, agressions et menaces. Jusqu’au jour où Sharky a été poignardé et n’a pas bénéficié du soutien de son père, qui a vu dans son attitude une atteinte à l’honneur de la famille. Sharky a, alors décidé de quitter le pays et s’est rendu en Belgique, où il a bénéficié du statut de réfugié.
Installé à Bruxelles, le transgenre a trouvé rapidement du travail et s’est fait de nouveaux amis, pensant reprendre une vie normale, malgré le mal du pays et l’absence de la famille. Mais là-bas aussi, des extrémistes religieux l’ont, à nouveau, menacé.
«Cela a commencé sur les réseaux sociaux. J’ai essayé de ne pas prendre au sérieux les menaces même si leurs auteurs me disaient clairement qu’ils sont membres de l’organisation terroriste de Daech et qu’au nom de dieu, ils me tueront et feront de mon cas un exemple pour dissuader les jeunes de s’éloigner de la loi religieuse», confie-t-il à Kapitalis.
Mais, depuis un mois, les choses ont pris une tournure plus grave : agressions et intimidations dans la rue. Lundi dernier, 4 extrémistes religieux l’ont intercepté à l’entrée de l’immeuble où il habite, et l’ont agressé avec des objets tranchants. Résultats : traumatisme à l’œil, 3 points de sutures sur le front, 12 sur les mains, 18 à la tête et 17 aux jambes. Des analyses médicales sont en cours et devront révéler s’il n’y a pas d’autres séquelles, notamment à la tête, car Sharky souffre désormais de déséquilibre et d’évanouissements soudains et se fait suivre par un psychologue.
Il a déposé plainte auprès de la police belge et joint au dossier les preuves de menaces qu’il avait reçues, notamment, un bout de papier dans sa boîte aux lettres dans lequel les extrémistes le traitent d’ennemi d’Allah et menacent de l’éliminer conformément à la loi islamique pour en faire un exemple, comme ils disent.
«Je n’ai rien fait à ces gens. Je veux vivre ma vie tranquillement. Tant que je n’e porte pas atteinte à la liberté d’autrui, je suis libre. Pourquoi font-ils ces choses-là, et pourquoi se prennent-ils pour des avocats et des soldats de Dieu. Dieu est d’ailleurs le seul à pouvoir nous juger», poursuit Sharky, ajoutant que son rêve est de pouvoir vivre en paix, rien de plus.
Actuellement réfugié chez une amie, le Tunisien a été convoqué, lundi, par la brigade spécialisée dans le traitement des affaires terroristes. On lui a indiqué que l’un de ses agresseurs aurait été arrêté et qu’il devra l’identifier.
«Je ne veux pas que ma famille en Tunisie entende parler de mes problèmes, car je veux pas les inquiéter. Mais je suis déterminé à aller jusqu’au bout de la procédure et dès que je me remettrais sur pieds, je militerais à nouveau dans l’associatif, en Tunisie, même à distance, pour faire valoir les droits et les libertés individuelles», a-t-il conclu.
Y. N.
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