Avons-nous eu vraiment un malade mental au palais de Carthage?
Moncef Marzouki a-t-il eu effectivement à souffrir d’un trouble mental ayant entraîné son hospitalisation, comme l’a laissé entendre Béji Caïd Essebsi ?
Par Farhat Othman
La dernière passe d’armes entre l’ancien et l’actuel locataire du palais de Carthage confirme ce qu’on a pu dire sur les folies des grandeurs et un certain syndrome de Carthage. La Tunisie a-t-elle donc été gouvernée par un président ayant eu un trouble mental dans sa vie?
L’arroseur arrosé
En l’occurrence, la nécessaire objectivité impose de noter que c’est le président de la république Béji Caïd Essebsi qui a été agressé au point qu’il s’est trouvé en droit de répliquer aussi violemment qu’il a été attaqué; on appelle cela logiquement la bonne concordance des mesures.
Certes, on aurait pu légitimement espérer du président actuel encore plus de sagesse, bien à la mesure de son talent, de son expérience et de son âge. Peut-on, toutefois, reprocher à l’éducateur sa sévérité quand l’éduqué dépasse les limites de la correction, en méritant une bien bonne?
Le propos de M. Caïd Essebsi n’est pas anodin. Rappelons-le : «Je ne suis jamais allé dans un hôpital psychiatrique, ni en Tunisie, ni en France», a-t-il déclaré. On a tout de suite pensé, bien évidemment, qu’il faisait ainsi référence au bruit voulant que M. Marzouki ait été hospitalisé à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne.
On se rappelle d’ailleurs que le journaliste Zied El Heni avait déjà pointé et depuis longtemps du doigt les «défaillances dans les capacités mentales de Moncef Marzouki» confirmant ainsi de telles rumeurs d’internement à Paris.
En disant ce qu’il a dit, le président de la république n’a pas seulement lavé son honneur d’un affront indigne d’un ancien président, il a jeté un véritable pavé dans la mare qui interpelle toutes les consciences : l’état de santé mentale de l’ancien président.
Faire lumière de nos zones d’ombres
A-t-il vraiment le passé trouble que laissent penser les propos de M. Caïd Essebsi? Et comme on ne peut mettre en doute la véracité de tels propos, de quelle nature était-il et était-il avéré lors de l’installation de M. Marzouki à la tête de l’État (par la seule volonté du parti islamiste Ennahdha, rappelons-le) et lors de son mandat?
Il ne s’agit pas d’accabler l’ancien président, même s’il mérite ce qu’il endure aujourd’hui, car le passé rattrape toujours le présent et marque même l’avenir d’un homme, surtout en politique. Non, il s’agit tout simplement du devoir de tout un chacun dans un pays qui se veut de droit : est-on gouverné par des fous?
On a pu affirmer que c’est bien le cas, et ce devant être une vérité générale, pas une spécificité nationale. Il est vrai que le pouvoir peut rendre fou.
Mais il ne s’agit pas du sens figuré ici, plutôt d’une réalité bien plus terre à terre.
Au nom de la démocratie, il importe donc que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que la vérité soit dite au peuple : quel est, s’il est avéré, ce passé trouble de M. Marzouki?
A-t-il eu effectivement à souffrir d’un trouble mental ayant entraîné son hospitalisation. Mais le plus important est de savoir si une telle affection a été totalement guérie, surtout si elle n’a pas affecté la capacité à gouverner de M. Marzouki.
Il y va de l’honneur de notre démocratie de faire toute la lumière sur l’état de santé mentale de ses dirigeants. C’est la santé de tout le pays qui en dépend!
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