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Tourisme : Le marché français sous la loupe

La reprise de l’activité touristique est réelles, mais il ne faut pas dormir sur ses lauriers et observer les recommandations des spécialistes pour réussir les prochaines saisons».

Par Hamma Hanachi

Les professionnels du tourisme vivent sur un nuage, gonflés qu’ils sont par une reprise sensible des marchés et des indicateurs au vert, une progression de 36% d’arrivée et une augmentation de 19% de recettes au cours des 8 premiers mois de l’année en cours.

Il y a quelques jours l’Office national du tourisme tunisien (ONTT), en partenariat avec l’Union européenne, la France et l’Autriche, organisait un séminaire pour le lancement du label «Qualité tourisme tunisien».

Jeudi 13 septembre, surfant sur la vague de l’optimisme, l’Observatoire du Tourisme, un organisme nouvellement créé par Afif Kchouk, hôtelier et directeur de la revue spécialisée ‘‘Tourisme Info’’, organisait un séminaire sous le thème : «Marché français : quelle stratégie pour la reprise?». Et ce, à quelques jours de la tenue du prestigieux Salon international de tourisme IFTM à Paris (26-29 septembre).

Parions qu’avec cette reprise annoncée tambour battant que les séminaires et autres conférences professionnelles vont se multiplier. Tant mieux, car ces rencontres ont le mérite d’esquisser des réponses et parfois ouvrent des pistes de réflexion. Ce qui a été le cas avec ce dernier séminaire concernant le marché français.

Changer une image de destination bas de gamme

Un panel de haute facture et des invités parmi les tours opérateurs (TO) français, des professionnels et des responsables sur le podium. En l’absence de Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, initialement annoncée, Naji Ben Othman, directeur de l’ONTT, a brossé l’état de progression du marché français qui s’est distingué par un bond considérable (plus de 500.000 entrées au cours des 8 premiers mois contre moins de 400.000 en 2016 sans compter l’arrière saison qui s’annonce sou de bons auspices).

Tout en se félicitant de la progression du marché, Foued Lakhoua, président de la Chambre tuniso-française du commerce et de l’industrie (CTFCI), a mis le doigt sur les points faibles de la destination. «La Tunisie reste perçue en tant que destination bas de gamme, bon marché et d’appoint pour les TO qui la commercialisent en dernier recours, c’est-à-dire quand les autres destinations les plus prisées sont saturées», a-t-il expliqué.

Les intervenants ont inévitablement évoqué le secteur de l’aérien, épine dorsale du tourisme, et n’ont pas manqué de taper sur Tunisair et les retards fréquemment décriés par les usagers et les voyagistes.

Ali Miaoui.

Ali Miaoui, directeur adjoint de Tunisair, les a invités au débat. En parfait connaisseur du dossier, il s’est dit prêt à accepter les critiques «justifiées», laissant entendre que certaines critiques sont infondées et injustes à l’égard de la compagnie, brossant au passage l’historique de Tunisair qui, a-t-il avoué, «passe par une période difficile», conséquence de plusieurs facteurs dont un sureffectif pléthorique… Et d’annoncer un plan de redressement imminent, et par ellipse, il a rappelé à l’assistance, composée en gros par des TO et des responsables des fédérations hôtelières, les sacrifices que la compagnie nationale a consentis en faveur du tourisme pendant les années fastes, telles que les ouvertures de lignes à perte. «Tunisair va se redresser et c’est à vous de remplir nos avions», leur a-t-il lancé en conclusion.

Au Top 5 du marché français

Wahida Djaït, directrice de l’ONTT en France, déborde d’optimisme : «La progression du marché ne va pas s’arrêter en si bon chemin, notre objectif pour l’année 2018 est de renforcer et d’augmenter nos chiffres de 2016 et notre cible est d’atteindre les 700.000 visiteurs français en 2000. Il y a un an, nous étions hors circuits, aujourd’hui nous sommes au Top 5 des destinations», a-t-elle lancé. Et de préconiser une plus forte présence sur la France en forme de relations publiques, d’affichage urbain et surtout de demander aux autorités françaises de changer la couleur rouge de certaines zones du territoire tunisien (la région de Tozeur particulièrement).

La destination occupe la 4e place au classement du marché français, mais, remarque Jurgen Bachmann, secrétaire général du Syndicat français des entreprises du tour operating (Seto), «n’oublions pas que les trois destinations qui la précèdent (Espagne, Italie et Grèce) affichaient complet en été, beaucoup de clients sont donc le ‘‘surplus’’ de ces pays. Il ne faut donc pas dormir sur ses lauriers et observer les recommandations des spécialistes pour réussir les prochaines saisons».

Richard Soubielle.

De son côté, Richard Soubielle, vice-président des Syndicats des agences de voyages françaises, a indiqué que le marché tunisien (qu’il connait depuis des décennies) tel qu’il est et avec ses défauts correspond au touriste français. Et de conseiller aux voyagistes de visiter les établissements hôteliers avant de vendre à très bas prix, ce qui nuit et à l’agence et à la destination, déjà réputée cheap.

Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France en Tunisie, s’échine à introduire la culture dans le tourisme. «Le pays regorge de richesses non exploitées. Franchement, au-delà de la reprise du marché, je ne vois pas d’images fortes qui puissent retenir et faire revenir le touriste», a-t-il dit, en citant la tour de Bilbao en Espagne qui attire des millions de touristes.

Anticipant sur la question de la zone rouge qu’il estime déplacée, il a recommandé au chef du gouvernement lui-même de demander au président français de la verdir.

Maintenant, nous nous posons la question : sur quel marché l’Observatoire nouvellement crée va-t-il plancher, et quand.

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