C’est Caïd-Essebsi qui ne voudrait pas abolir l’homophobie ! Rached Ghannouchi, dans sa lettre au président de la République, ne s’opposerait pas à l’abrogation de l’article 230 du Code pénal.
Par Farhat Othman *
On sait que Rached Ghannouchi a communiqué au président de la République, Béji Caïd Essebsi, la position de son parti dans une lettre à la veille de la fête de la femme, le 13 août 2018. Cette lettre détaille la position du parti Ennahdha sur les différentes propositions du rapport de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe). Nous en parlons ici sur la base de confidences qui restent à confirmer par la publication de ladite lettre.
Ghannouchi ne serait pas homophobe
Si le parti Ennahdha, ainsi qu’il l’a précisé, s’oppose à l’égalité successorale, il a admis, semble-t-il, la validité de nombre d’autres propositions, dont l’abolition de l’article 230 du Code pénal et de la pratique du test anal ou la libéralisation des libertés en matière de consommation d’alcool.
Cela n’est pas pour surprendre, s’agissant d’homophobie, Rached Ghannouchi s’étant déjà exprimé amplement sur la question, tout comme son plus proche conseiller, Lotfi Zitoun. Ainsi, Ghannouchi a bien estimé que l’homosexualité relever d’un sexe naturel et a jugé que la loi n’a pas à s’immiscer dans la vie privée des gens.
Aussi, se demande-t-on ce qu’attendent nos autorités pour passer aux actes et proposer un projet de loi abrogeant le scélérat article colonial du moment que les conditions au parlement sont désormais favorables avec le principal parti qui ne s’y oppose pas, ce qui signifie que le vote d’abolition est acquis.
Caïd-Essebsi serait-il homophobe?
Au vrai, il semble que c’est le président de la République et son parti qui ne soient pas prêts à libérer le pays d’une telle honte. On se demande même s’ils ne seraient pas homophobes.
D’aucuns pensent aussi que c’est ce qui a justifié l’intention du président de focaliser l’attention de l’opinion publique sur la seule question de l’égalité successorale afin de ne pas devoir satisfaire à la nécessaire abolition de l’article 230.
Par conséquent, il est impératif que la société civile et les militants humanistes exigent que l’on propose sans plus tarder un projet d’abolition de l’homophobie, et ce sans même attendre la fin des vacances parlementaires. En effet, le parlement est demeuré en séance ouverte pour les urgences, et il suffit de donner à un tel projet le caractère d’urgence qu’il mérite amplement.
Il importe aussi que le parti Ennahdha publie rapidement la lettre adressée au président de la République emportant sa position; ce à quoi il s’est d’ailleurs dit s’engager. Cela permettra de confirmer ou d’infirmer cette analyse basée sur des sources à vérifier. Nous les pensons fiables, tout autant que la fatalité de la sortie sous peu de notre pays de la nuit homophobe.
* Ancien diplomate et écrivain.
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