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Tunisie : Des partis sans principes et qui se vendent au plus offrant

Slim Riahi et Hafedh Caïd Essebsi : Qui achète qui et à quel prix ?

La scène politique tunisienne vient ce week-end d’ouvrir une nouvelle page peu glorieuse de son histoire et dont les premiers acteurs seront marqués, pour toujours, du sceau de la vilenie et de l’indignité.

Par Mohamed Ridha Bouguerra *

Certes, depuis les élections législatives de 2014, les observateurs, étonnés d’abord, indignés ensuite, ont suivi l’inépuisable feuilleton du tourisme politique et, spécialement, celui qui agite régulièrement les rangs des parlementaires, sous l’hémicycle du palais du Bardo.

Cependant, la piètre tragi-comédie qui nous a été servie ce dimanche 14 octobre 2018 a pris tout le monde de court en raison de la grossièreté, peu courante dans les annales politiques, de la volte-face qui s’est déroulée sous nos yeux et où l’Union patriotique libre (UPL), le parti de l’homme d’affaires Slim Riahi, a joué le premier rôle.

Des politiciens à l’encan !

En décidant, après trois jours de tractations, de fusionner avec Nidaa Tounès, l’UPL a agi comme ces armées de mercenaires qui, au Moyen Âge et à la Renaissance, se vendaient au parti le plus offrant et, sans crier gare, changeaient de camp, avec armes et bagages, en pleine bataille.

Car, il y a à peine quelques semaines, ce même parti politique avait rejoint, avec l’ensemble de ses députés et comme un seul homme, le groupe nouvellement constitué au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), celui de la Coalition nationale. Le but déclaré de la manœuvre, si l’on peut ainsi nous exprimer, était de préserver la stabilité politique du pays et d’apporter un franc soutien au gouvernement Youssef Chahed en bute aux attaques répétées de Nidaa Tounès qui en réclamait le départ. Or, le communiqué en trois points dont s’est fendu le président de l’ULP dimanche dernier appelle, dans son premier point, à un remaniement total du gouvernement, comprenant donc le départ de son chef.

Le voleur qui crie au voleur !

La simple logique, les principes politiques et les valeurs morales dans ce mauvais scénario? Inutile de chercher, ils sont, évidemment, inexistants ! Il faudrait, probablement, se tourner vers des valeurs moins abstraites et plus matérielles si l’on veut sonder quelque peu les motivations derrière ces agissements qui font fi des règles élémentaires qui régissent l’action politique, à savoir la fidélité à une éthique, à une idéologie et à un programme.

Alors, quand pour expliquer par des valeurs morales l’impossibilité pour son parti de soutenir plus longtemps la Coalition nationale et quand on entend dans la bouche de Slim Riahi le terme éthique, nous ne pouvons nous empêcher de penser au voleur qui crie au voleur !

Faudrait-il évoquer ici Nidaa Tounès aussi et sa complicité dans cette mascarade destinée, essentiellement, à redorer son blason et à ravir à la Coalition nationale la deuxième place à l’ARP afin de continuer sur des bases plus solides son épuisante croisade contre le chef du gouvernement?

Un parti dirigé comme une affaire privée

Mais, le Nidaa Tounès, vainqueur des élections de 2014, existe-t-il encore? Peut-on, sérieusement, parler d’un parti où, du fait du prince, le directeur exécutif, fils de son père, fait seul la pluie et le beau temps et décide d’accepter en son sein un autre parti sans avoir, au préalable, consulté sa base et sans avoir organisé à ce jour son congrès? Peut-on accorder encore sa voix à un parti qui se veut de masses et de gouvernement mais qui est dirigé comme une affaire privée et d’une façon si peu démocratique?

Pourrait-on dans ces conditions et au vu des innommables gesticulations qui caractérisent la vie politique sous nos cieux, reprocher à nos concitoyens leur indifférence affichée pour la chose publique ainsi que le mépris avec lequel ils considèrent une classe politique et des politiciens de l’acabit de ceux qui sont à la tête de ces partis dénués de principes et qui, facilement, se vendent à l’encan ?

*Professeur à l’Université de Carthage, docteur honoris causa de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand.

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