Dans le cadre des Journées culturelles de Carthage pour les artistes tunisiens à l’étranger, la salle Sophie El Goulli à la Cité de la Culture de Tunis a abrité, mardi 16 octobre 2018, une rencontre avec le romancier tunisien vivant en Allemagne Hassouna Mosbahi.
Ecrivain à multiples facettes : romancier, nouvelliste, traducteur et journaliste, Hassouna Mosbahi, qui était présenté par le poète et directeur du festival, Mohamed Ahmed Gabsi, a parlé de l’investissement dans la culture et de l’image de la Tunisie dans la littérature.
Lauréat du Prix Mohamed Zefzaf du roman arabe (Maroc, 2016), Mosbahi a été récompensé pour son parcours littéraire, riche de plusieurs ouvrages, et les spécificités de son écriture qui traite de sujets d’actualité en Tunisie et dans le monde arabe.
Prolifique, il a publié quatre recueils de nouvelles, dont : ‘‘Hikayet jounoun’’ (Histoire de folie), et neuf romans, dont : ‘‘Adieu Rosalie’’, ‘‘Les autres’’, et le tout dernier, ‘‘A la recherche du bonheur’’ (éditions Arabesques, 2017), un livre dédié, selon les critiques, à la vie et à l’édification de l’être, à travers le savoir, la littérature et l’art, à travers les choix et les convictions, à travers le désir de liberté et de libération des pratiques sociales qui prennent en tenaille l’individu, et l’écrasent sous le poids des consciences collectives, de l’éthique de la religion et des coutumes.
Mohamed Ahmed Gabsi qui a rendu hommage à Mosbahi, le présentant comme étant le premier écrivain tunisien de renommée internationale (certaines de ses œuvres ont été traduites en allemand), qui considère l’écriture comme une question d’existence et un acte de résistance.
Mosbahi a vécu plus de vingt ans à l’étranger, notamment en Allemagne où il est allé pour apprendre (le sens du civisme, de la ponctualité, de la propreté, entre autres…), et non pour faire de la politique. «Je suis un écrivain», dit-il.
L’auteur d’‘‘Adieu Rosalie’’ estime que la politique dépouillée de culture ne vaut pas grand-chose. Et puisqu’il s’agit d’une manifestation vouée aux artistes tunisiens à l’étranger, il a insisté sur le fait de savoir préserver sa culture, son identité et sa langue. Pour lui, Kateb Yacine a écrit en français, mais a gardé l’âme algérienne. Et Nabokov a écrit en anglais, mais a gardé l’âme russe. Il pense également que le rôle de l’intellectuel et du créateur, consiste à lire l’histoire et à en tirer des conclusions, pour donner un nouveau souffle à la réalité.
La rencontre a offert aux rares présents de sulfureux moments en compagnie d’un romancier ouvert sur le monde qui évoque les années soixante-dix (si chères à son cœur), en Tunisie, puis son exil en Allemagne, à la recherche de l’autre et à la quête du bonheur. Une période qui l’a marqué à vie.
Pourquoi ne pas suivre l’exemple allemand, se demande-t-il ? Après la défaite allemande en 1945, ce sont les intellectuels qui ont reconstruit l’Allemagne (voir le mouvement de 1947, composé d’éminents penseurs et écrivains comme Günter Grass et Heinrich Böll, tous deux prix Nobel de littérature).
Evoquant son retour au pays, Hassouna Mosbahi est rentré les mains chargées de livres, comme seuls bagages, pour monter une bibliothèque là où il n’existe aucun livre à part le Coran et c’était le cas de son village quand il était encore enfant mais avide de lecture. Dans son dernier ouvrage, ‘‘A la recherche du bonheur’’, il raconte son aventure avec le livre qui demeure son seul compagnon, dans le silence et la solitude.
Lui, qui est admirateur de Béchir Khraief, l’est aussi pour les écrivains arabes de l’exil comme Jibran Khalil Jibran ou Elia Abou Madhi, sans parler des sommités qui ont découvert notre pays, comme Gustave Jung, Paul Klee, Gustave Flaubert ou Michel Tournier, pour ne citer que ces noms. Et pour terminer, il fait référence à l’écrivain Milan Kundera qui dit : «Nous écrivons pour ne pas oublier». Et Mosbahi d’affirmer : «Nous sommes une société dépourvue de mémoire… La culture sert d’outil contre l’oubli…»
Source : communiqué.
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