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Il y a quarante ans, la révolution de Février en Iran

Le dernier Chah de la dynastie des Pahlévis était renversé il y a 40 ans en Iran, un anniversaire qui tombe à un moment bien particulier en Iran.

Par Hamid Enayat *

Depuis l’an dernier, la révolte gronde au pays où les manifestations ont lieu dans toutes les provinces et touchent tous les corps de métier et toutes les franges de la population. Pour la première fois depuis 40 ans, le peuple fait de nouveau irruption sur la scène politique intérieure.

À l’instar de ce qu’il se passe en France, les contestations d’ordre économique ont vite cédé la place à des revendications d’un ordre bien plus politique.

D’une contestation économique à une contestation politique

Depuis 1979, et la confiscation du pouvoir par les mollahs, le peuple a conservé en lui son potentiel insurrectionnel. Plusieurs répressions de grandes ampleurs rappellent aux observateurs que la vie politique intérieure en Iran est loin d’être le calme tranquille affiché par la propagande. En mai 1981, déjà, quand l’ayatollah Khomeyni donnait l’ordre de tirer sur une foule de plus de 500.000 manifestants. Durant l’été 1988 ensuite, quand le même Guide suprême ordonnait l’exécution de tous les opposants politiques via une fatwa. Sans compter toutes les atteintes quotidiennes aux droits humains les plus fondamentaux…

Depuis 40 ans la révolte gronde encore dans le cœur de chacun. Elle se transmet de génération en génération, de cœur à cœur. Comme c’était le cas en 2009, les premières manifestations ont commencé par revendiquer un meilleur pouvoir d’achat, mais les choses ont cette fois très vite tourné. Dans une situation socio-économique globale catastrophique, les mollahs ont démontré leur incompétence totale.

Après la levée partielle des sanctions par Barack Obama après l’accord nucléaire de 2015, la manne financière en découlant a directement servi à financer la répression, la guerre (Syrie, Yémen…), et les groupes amés dans la région (Liban, Irak…). Rien n’a filtré pour répondre aux revendications pourtant maintes fois déclamées par les populations des différentes provinces.

Si l’on ajoute à cela la gestion catastrophique de l’environnement, la corruption administrative, les salaires impayés, le chômage au plus haut chez les jeunes, la violence de la répression, la chute du cours du Toman (60% depuis un an), la perte vertigineuse du pouvoir d’achat, les violences faites aux femmes, et, de l’autre côté, la richesse arrogante de l’oligarchie théocratique, on comprend de quoi est née la colère actuelle. Et comment les mollahs l’alimentent en choisissant la guerre à l’extérieur plutôt que la paix sociale à l’intérieur et pourquoi les Iraniens, effarés, ont décidé de changer de régime après quarante ans de pouvoir islamiste.

L’histoire devrait être riche d’enseignements…

En 1979 déjà, un peuple en colère chassait le Chah du trône. En 2019, ses successeurs risquent de tomber de plus haut encore tant ils sont haïs par la population. En plus du pillage des richesses, la dictature religieuse restreint plus encore la vie des autochtones. En matière de droits fondamentaux, l’Iran est loin d’être un exemple: le pays détient le record mondial du nombre d’exécution par habitant.

Amnesty international a écrit dans son dernier rapport intitulé, «En Iran, 2018 restera dans les mémoires comme l’année de la honte. Tout au long de l’année, les autorités ont tenté d’étouffer tout signe de dissidence en intensifiant la répression des droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique, et en arrêtant de nombreux manifestants. Plus de 7.000 personnes arrêtées en 2018 en Iran.» Des centaines ont été condamnés à des peines d’emprisonnement ou de flagellation et au moins 50 manifestants ont été tués, dont 12 manifestants sont mortes en détention sous la torture.

Vendredi prochain, 8 février 2019, à Paris, entre Denfert-Rochereau et les Invalides, un cortège empruntera les rues parisiennes pour commémorer la fin de la monarchie dans l’antique pays, une manière de mettre la lumière sur les soulèvements en cours dans la république des mollahs.

Qu’on le veuille ou non, l’histoire se répète. Les mollahs n’abandonneront sans doute pas le pouvoir de leur propre gré, il en faudra sans doute bien plus. Mais la chute n’est plus qu’une question de temps. La résilience, le courage et la foi en ses convictions sont toujours sortis vainqueurs de leurs combats avec les adversaires les plus violent et les plus acharnés. Et depuis le temps que le peuple d’Iran se bat, il sait que ‘patience et longueur de temps font plus que force ni que rage’. Il sait qu’il a déjà gagné…

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