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«L’économie en couleurs» selon Mounir Majdoub: Un humanisme nouveau

Le défi majeur de demain serait une meilleure distribution sociale et parmi les peuples du monde des prodigieuses retombées de la science, de la technologie et des immenses profits. Nouvelle économie, donc, nouvelle culture, nouveaux paradigmes et nouvelles philosophies. L’espoir est permis…

Par Pr. Ezzedine Ferjani *

Magistrale rencontre avec le Dr Mounir Majdoub qui a donné une conférence au titre évocateur : «L’économie en couleurs», dans le cadre des activités du Cercle Ibn Rochd en collaboration avec le Centre culturel international de Hammamet (CCIH).

D’emblée, l’arc en ciel est proposé en panoplie de choix économiques testés, tentés, défendus par différents acteur pour sortir de cette économie rouge qui a mené le monde à la perte tout le long de ces deux siècles : une économie caractérisée par la surexploitation des ressources, la pollution tous azimuts, une injustice sociale et politico-régionale criarde et, pour conséquence majeure, un risque d’extinction de la vie sur cette planète, pourtant si belle, suite au réchauffement.

Limites et dangers du modèle économique dominant

Des tentatives ont bien été faites et des sonnettes d’alarme tirées. Depuis la Conférence mondiale de Stockholm (1972), l’accent a été mis sur les limites et les dangers du modèle économique qui a dominé jusque là. La théorie d’Adam Smith, basée sur l’égo, l’individu, le profit, le libéralisme à outrance et la loi du marché a abouti au monde que l’on connait : injustice, guerres, famines, violences et pauvreté. Aujourd’hui, 28 familles se partagent la moitié des richesses du monde !!

Au Club de Rome, l’éminent économiste américain Dennis Meadows a pourtant tiré la sonnette d’alarme avec son célèbre ouvrage ‘‘Limit to growth’’ (Halte à la croissance). Vient le choc pétrolier en 1973 et la planète prend conscience que les ressources fossiles sont épuisables. Quelques pays nantis découvrent les énergies renouvelables mais optent puissamment pour… le nucléaire !

En même temps, on prend quelque peu conscience de notion nouvelle telle que l’efficacité énergétique : maîtrise, économie, réduction de la consommation, amélioration du rendement énergétique.

Sur le plan planétaire environnemental, il faut attendre le sommet de la Terre de Rio en 1992 pour qu’un agenda 21 soit signé et pour qu’émerge la notion de développement durable intégrant, le social, l’environnemental et le long terme à l’économique. Une économie verte, bleue, voire mauve est proposée (une lutte contre les économies noires et grises aussi). Mais peu de choses seront réalisées sur le plan pratique.

«Apprendre de la nature» disait Léonard de Vinci

Il faut donc encore attendre 2012 pour qu’un agenda précis soit élaboré. Les pays nantis s’engagent à investir 0,7% de leur PIB pour le transfert de technologies et l’aide au développement vers les pays pauvres. À ce jour, ce chiffre atteint 0,5% suite aux différentes pressions.

Le conférencier décortique sur base d’analyses de ces sommets et de réflexion sur les modèles économiques (Marx, Stewart, Keynes) l’évolution du monde depuis la révolution industrielle et tente d’apporter des éléments de réponses quant aux causes profondes des échecs, des injustices, de l’émergence de l’extrémisme et le l’insécurité.

Il apparaît assez clairement que le défi majeur de demain serait une meilleure distribution sociale et parmi les peuples du monde des prodigieuses retombées de la science, de la technologie et des immenses profits et par la globalisation d’une conscience nouvelle intégrant l’Homme parmi les espèces de la planète et non plus au sommet d’une pyramide parmi les vivants. Nouvelle économie, nouvelle culture, nouveaux paradigmes, nouvelles philosophies, l’espoir est permis.

La rencontre se termine sur un bel aphorisme de Léonard de Vinci : «Apprendre de la nature», et j’ajoute : pour mieux réaliser notre humanité…

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