Des membres de la société civile et des habitants d’El Menzah V, d’El Menzah VI, d’El Menzah VII et d’Ennasr se sont réunis, samedi dernier, 8 juin 2019, dans l’enceinte de la municipalité d’El Menzah VI pour exprimer leur mécontentement et appeler à l’application de la loi.
Par Mohamed Sadok Lejri *
L’agression de la maire-adjointe de la municipalité de l’Ariana, Nihel Ben Amor, a suscité une vague d’indignation parmi les habitants des quartiers environnant Cité Jamil-El Menzah VI. L’agression a eu lieu alors qu’elle constatait une infraction commise par le propriétaire du kiosque à tabac situé à l’entrée du Monoprix d’El Menzah VI. Madame Ben Amor n’a fait qu’essayer d’interrompre un acte qui offrait tous les caractères d’une violation pure et simple de la loi.
Le voyou a des pistons au ministère de l’Intérieur
Ce kiosque à tabac est, en réalité, géré par une fratrie de voyous qui jouit d’une très mauvaise réputation à El Menzah VI. Les frères Ayari sont connus pour être des rebuts de la flicaille. La municipalité ne le les a jamais autorisés à engager des travaux pour agrandir la dimension de l’espace qu’ils occupent, elle ne les a jamais autorisés à dresser une baraque aux dimensions imposantes et sur un socle en béton de surcroît.
La police municipale, شرطة التراتيب plus précisément, a refusé de collaborer avec la vice-présidente de l’arrondissement municipal d’El Menzah car le frère des voyous en question, grâce aux pistons qu’il a au ministère de l’Intérieur et renforcé par son statut de député à l’ARP (c’est un élu de Nidaa Tounès), était intervenu en leur faveur.
Ce qui s’est passé est tout bonnement scandaleux, d’autant plus que ce genre de pratiques, en l’occurrence l’occupation illégale de l’espace public et la violation des normes de construction, est gangreneux et risque de faire des émules dans un quartier qui, jusque-là, semblait plus ou moins épargné par la loi de la jungle qui sévit dans l’ensemble du pays. Le quartier El Menzah apparaît comme un «petit havre de paix» qui abrite des citoyens qui font preuve d’un minimum de civisme.
La complicité scandaleuse de fonctionnaires soudoyés
Mais le dressage en toute impunité de cette baraque d’une effroyable laideur par des voyous sans scrupules et inspirés par l’appât du gain, en plein cœur d’El Menzah VI, soit dans un lieu dont l’importance symbolique n’est plus à démontrer, le tout avec la complicité scandaleuse de fonctionnaires soudoyés, nous pousse à nous poser des questions quant à l’avenir de ce pays.
Quand la loi de la jungle atteint les quartiers les plus calmes et où habite une certaine élite… Quand l’extorsion est banalisée au point de ne plus être l’apanage de quelques privilégiés… Quand un député intervient en faveur de ses voyous de frères avant que son mandat ne prenne fin et réussit à rendre impossible l’application de la loi… On est en droit de se poser quelques questions quant à l’avenir de ce pays.
Puisse ces exactions et cette ambiance digne du Far-West de l’époque de Jesse James qui nous renvoie à la figure un miroir où se reflètent nos canailleries et notre inclination au banditisme inspirer aux autorités concernées un peu de honte et le désir d’afficher un soupçon de courage et de probité.
* Universitaire.
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