Ridha Dhib a quitté Paris depuis le 2 mai 2019 en direction de Sousse, sa ville natale. Ce parcours, qui se ferait en quelques heures par avion, prendra 4 mois pour ce performeur marcheur franco-tunisien, qui incarne lui-même ce trait d’union entre la France et la Tunisie.
Muni de son smartphone, l’artiste «déplie» sa ligne d’«Hor-I-zons» sur 107 étapes. À chaque étape et à l’aide d’une application boussole en réalité augmentée pointant vers la ville de Sousse, il prend une photo de l’horizon ciblé. Il envoie aussitôt l’image à l’Institut français de Tunisie (IFT) sous forme de carte postale, et cela grâce à une autre application qui prend en charge quotidiennement l’impression et la distribution des cartes. Elles sont exposées au fur et à mesure des envois. C’est cette série d’images qui finira par former sa ligne d’«Hor-I-zons».
Ce projet est conçu en partenariat avec l’IFT et soutenu par des organismes et des institutions françaises, s’articule autour d’une problématique principale et d’une question : que peut la ligne ? Autrement dit, quelles sont les potentialités plastiques d’une trace ouverte et abstraite ? «Pour ce faire, je l’expérimente dans son rapport au plan, au geste et au mouvement. J’explore ses résonances avec l’air et la lumière, et je sonde ses potentialités à plier, à lier et à générer des textures variées… J’interroge les promesses expressives d’une ligne entre fil et trace. Et comme du tracé au marché il n’y a qu’un pas, je me suis tout naturellement faufilé dans une ligne de fuite… Ce faisant, j’ai perdu mon épaisseur, je dois donc me mouvoir pour faire territoire. À partir de ce devenir, une réflexion sur la dimension mutante de la ligne s’est imposée – plus précisément, sur la transmutation numérique de la ligne et son rapport au corps. Avec ce corollaire : comment faire émerger une hybridité rythmée ? Comment ‘‘s’atelier’’ en marchant ? Dans cette perspective, je me suis équipé d’un smartphone – outil entre autres de captures, de traçage et d’archivage… – et je marche. Je suis tracé, donc je trace», écrit Ridha Dhib, dans une tentative de conceptualisation de son expérience de grand marcheur face à l’horizon des possibles.
Né à Sousse en 1966, Ridha Dhib est diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Toulon, vit à Paris depuis 1991. La peinture fut longtemps son média de prédilection mais, depuis une quinzaine d’années, il travaille sur une recherche plastique dont la problématique principale est de «libérer» la ligne du plan. Dans un premier temps, il s’est approprié un pistolet à colle en l’utilisant à contre-emploi : avec cet outil, il ne s’agissait plus de coller les matériaux, mais plutôt de décoller et libérer la matière.
Ridha arrivera à Tunis le 8 août 2019 et continuera à marcher jusqu’à Sousse sa ville natale, où il clôturera la dernière étape de la marche avec une exposition à la galerie El Birou. Mais la performance continuera avec une exposition à l’IFT au mois de septembre 2019.
Source : communiqué.
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