17 Sep 2019 | 8:07 A LA UNE, POLITIQUE, Tunisie
Le verdict du 1er tour de l’élection présidentielle anticipée est tombé : Kaïs Saïed ou Nabil Karoui occupera pendant cinq ans renouvelables le Palais de Carthage. La vérité de cette sentence est bien plus qu’une sanction du système, il s’agit d’un rejet total de ceux qui le représentent de près ou de loin.
Par Marwan Chahla
Avant-hier, dimanche 15 septembre 2019, la Tunisie a jeté le bébé avec l’eau du bain. Il n’y a pas meilleure image pour décrire ce coup de théâtre.
Bien sûr, il y aura toujours de brillants analystes pour vous dire qu’ils ont vu tout cela venir à grands pas, qu’il n’y a aucune surprise en ce résultat et que cette issue était prévisible depuis quelque temps déjà. Il y aura toujours de savants chroniqueurs qui vous rappelleront les résultats des municipales de 2018, leur taux d’abstention élevé, le désaveu qu’ont essuyé, à cette occasion, les partis établis et la percée du vote «indépendant.»
Que la sanction prenne les proportions d’un «Dégage !» aussi total et qu’elle soit sans appel – avouons-le – a de quoi étonner. Qu’on se rende bien compte que les électeurs ont opposé un non catégorique à un président de la République, à un président de l’Assemblée des représentants du peuple, à trois premiers ministres et à huit ministres – soit la moitié des candidats au scrutin, ou plus si l’on tient compte des deux désistements de dernière minute.
Bref, l’avalanche «dégagiste» n’a rien épargné, ni personne: tout le système qui a gouverné le pays depuis bientôt neuf ans, avec ses pouvoirs législatif et exécutif, a été balayé pour laisser place à deux représentants de ce que l’on appelle savamment «l’anti-système.»
Pour les cinq années à venir, donc, une certaine Tunisie insoumise a décidé de confier les clés du Palais de Carthage à Kaïs Saïed ou Nabil Karoui qui, admettons-le, sont des individus pour le moins originaux. Pour ceux qui n’ont pas voté pour eux, le premier est un professeur de droit illuminé décidé à remettre à zéro les compteurs de la révolution et à réécrire la constitution. Pour ceux qui n’ont pas voté pour Kaïs Saïed, ils garderont de lui cette image caricaturale de robot débitant, par cœur, les articles, alinéas et autres paragraphes de textes de loi et de la constitution, à n’en pas finir.
Le second, quant à lui, est un personnage incontournable du paysage médiatique tunisien. Avec sa «Nessma, la chaîne familiale» et son opération caritative Khalil Tounes, Nabil Karoui a été capable de tisser une proximité forte et étroite avec les petites gens des régions défavorisées du pays.
Pendant au moins trois ans, son œuvre de bienfaisance a gagné la sympathie de centaines de milliers de nos compatriotes que «le système» a ignoré… Que le Berlusconi tunisien soit accusé d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent importe peu à ceux qui reçoivent ses colis de provisions, ses matelas et ses couvertures. Pour les nécessiteux qui vivent à la marge de la société tunisienne, Nabil Karoui reste un sauveur et ses promesses mirobolantes de redistribution des richesses du pays ne sont nullement trompeuses.
Et le jour où il a été incarcéré à la prison de la Mornaguia, le «système» a offert à cet homme issu du «système» et rebellé contre lui le meilleur cadeau électoral: à ceux qui hésitaient encore, la preuve leur a été donnée que leur héros est un homme qui dérange l’establishment. Qu’il n’ait pas droit de faire sa campagne électorale comme les autres candidats et qu’il soit réduit au silence dans une cellule de prison ne changera rien à la donne: Nabil Karoui devançait déjà ses concurrents de plusieurs longueurs. A l’extérieur, son équipe, son argent, une certaine bien-pensance légaliste et son épouse éplorée se sont chargés du reste…
Donc, c’est là où nous en sommes aujourd’hui: au deuxième tour de cette présidentielle 2019, les électeurs tunisiens – souhaitons que nous ne choquerons personne – auront à choisir entre la peste et le choléra.
Entre-temps, la dévastation du scrutin présidentiel n’épargnera pas non plus l’ARP: les Ennahdha, Nidaa Tounes, Tahya Tounes, Machrou, Attayar, Al-Harak, Al-Badil et autres formations paieront le prix fort de leurs omissions, retards, incompétences et magouilles… Ils devront tous rendre des comptes et ils n’ont rien à dire pour se défendre.
Demain, le réveil sera encore plus brutal pour la Tunisie: la success story tunisienne aura laissé beaucoup de gens sur le tapis, et elle le paye aujourd’hui chèrement avec ce vote qui projette le pays davantage dans l’inconnu…
Dans cet article on parle de « sanction, rejet du système.. » ! Considère-t-on, par hasard que N. Karoui est un anti-système.. ? L’ex-dictateur de la Tunisie a eu lui aussi son 26 26 et ses Zwawlas..!
Quant à l’autre candidat, aussi intègre et indépendant qu’il soit, il sera fatalement récupéré par les marionnettistes du système.
Que du bonheur cette élection avec ce final ,au moins on ne va pas s’ennuyer dans les mois à venir l’actualité sera distrayante au possible ,je ne vois pas Robocop invité par des pays qui comptent sur la planète cela évitera les voyages inutiles .J’aimerais l’écouter par exemple à un sommet de l’ONU en train de discourir .Mais les tunisiens sont totalement responsables de ce qui leur arrive ,ils auront choisi ,il paieront le prix .
Dommage kapitalis.
Vous avez ralliés la voie de la raison trop tardivement.
Vous avez malgré vous ,fais ,la promotion de Karaoui !!
Et vous avez accusé de putschiste le meilleur candidat !!
Modérateur de Kapitalis : Le « meilleur candidat » ? Putschiste, oui, il l’a dit lui-même. Il s’est lui-même dénoncé avec une stupidité monumentale. Et vous vouliez en faire un président ?
kapitalis .
Votre favori actuel ,n’arrivera pas a Carthage !
Vos « amis » prefereront a la limite un karaoui a votre favori !
Je n’ai rien contre ce pauvre homme ,probablement integre et sincère !
Mais les deux favoris sont « explosifs » !
Curieux votre obstination ,a écouter les mauvais conseilleurs !
Modérateur de Kapitalis : Arrêtez votre procès bidon à Kapitalis. On a juste publié une tribune d’un lecteur appelant à voter Kais Saied et vous commencez votre procès stupide. Doit-on vous demander ce qui est permis de publier et ce qui n’est pas permis. Foutez-nous la paix ! Lisez ou allez ailleurs.
Mais je ne parle pas de tribune .
Je vous dis tout simplement que leur calcul foireux de Mourou contre Karaoui est tombé a l’eau .
Et de là, maintenant ils se contortionnes pour victimiser encore plus Karaoui.
Pour qu’il dépasse Saïed !!
Dans les intentions de votes !!
J’espère etre plus claire là?!
Quand aux autres journaux, bien sur que je le fais.
Je ne suis pas sectaire !!!
Maintenant les dès sont jetés, soit l’un soit l’autre …
Ce sera KS, un homme loin du système mais il sera rattrapé par le système, il faut bien composer son GVT.
Le distributeur de pâtes alimentaires, non merci, il n’est pas franc du collier.
Son droiture parle pour lui, sera t-il un bon président ?
Je me pose la question :
Les électeurs qui ont coché son nom, ont-il choisi l’anti système, le candidat en dehors du système ou le très conservateur ?
C’est ce profil d’électeurs que j’aimerai connaitre.
Ce type est un conservateur voir même un ultra conservateur, surement pas un salafiste, autrement sa bonne petite femme serait draper de la tête au pieds.
C’est musulman sans plus qui craint Dieu et suit à la lettre les paroles du Livre.
Es ce que Trump est un intégriste ? il est aussi un chrétien, il est contre l’avortement, l’homosexualité, et les atteintes à la pudeur et il est pour la peine de mort.
Si quelqu’un a la réponse …. HC
Je préfère le distributeur de pâtes alimentaires qu’un un salafiste déguisé en moderniste.
Modérateur de Kapitalis : Arrêtons avec ces divergences sur les questions identitaires ayant fait beaucoup de mal aux Tunisiens. La Tunisie a besoin de mettre fin à la corruption, d’améliorer les recettes de l’Etat et de donner du travail aux chômeurs.
Comment peut-on choisir quelqu’un qui veut amender l’article 2 de la constitution pour y introduire une dose de la Chariâ!
Un type qui veut rétablir la peine de mort!
un type contre l’égalité entre homme et femme dans l’héritage(suivant la Chariâ)!
Un type qui maintient la pénalisation de l’homosexualité et le test anal!
A défaut le choix est simple.
Le gars est un islamiste radical caché sous des airs de prof et expert en constitution.
C’est une caricature de l’homme du peuple, de l’intellectuel arabisant et homme de loi. l’establishement islamo terroriste a tout simplement enveloppé un des leurs dans un emballage de camouflage le dissimulant pendant toute la periode qu’on a connu jusqu’au moment où ils n’avaient plus la possibilité de présenter un candidat nahdha ou pro nahdha du système, ils ont sortis leurs candidat dissimulé, c’est ce Kais Said qui est passé inaperçu, sauf que le gars a fait une faute, des traces du terrorisme n’ont pas étaient très bien nettoyé, le MJT et le Hizb Ettahrir, des traces qui le suivent. Vous pouvez même vérifier ça sur kapitalis en cherchant dans les archives, kapitalis qui fait la promotion de ce kais aujourdhui, peut être qu’ils ont oublié ce qu’ils ont découvert sur lui, bon je pense qu’ils ont tout simplement des ordres a appliqué, comme partout sur tous les sites d’infos, ils sont tous a la solde ou oscillent entre les ordres et leurs envie de dire la vérité.
Modérateur de Kapitalis : Nous ne faisons la promotion de personne. Nous publions des déclarations d’acteurs de la société civile. C’est notre métier. L’auteur n’est pas journaliste. Il s’agit d’une tribune de lecteur.
Correction : deuxième ligne, c’est une caricature de l’homme du peuple, de l’intellectuel arabisant etc.
Après le deuxième tour que ce soit Saiedi ou karoui aura le plaisir de danser sur les ruines laissées par ENNAHDHA.
Et ça sera le coup de grâce pour la Tunisie
Quel que soit le résultat des urnes et si, après quelques temps il ne donne rien de bon, pas de quoi s’inquiéter, on le dégage et basta !
Il existe tout de même un motif de fierté dans les derniers événements : le déroulement du scrutin et ses résultats, attendus ou non ! Je pense qu’il y aura un « avant » et un « après » le 15 septembre 2019. Autant les précédentes années auront marqué un échec cuisant de la « révolution » et de ses slogans, avec une aggravation vertigineuse de tous les facteurs déclencheurs et des maux qu’elle était censée combattre et éradiquer ( la corruption, le népotisme, le chômage, la cherté de la vie, la condition des classes défavorisées, etc … ), autant l’avenir, bien que chargé d’incertitudes et d’appréhensions, pourrait, contrairement à ce que prédit l’auteur, amener un nouvel espoir de remise à plat du système actuel, de renouveau et de relance. L’érosion, déjà constatée de l’influence et de l’omnipotence des partis, avec toutes les dérives que ceci a engendrées, si elle s’accentuait avec les élections législatives, serait à même d’amener au pouvoir une nouvelle classe politique, notamment avec l’émergence des indépendants et des non classés, non contaminée, avec des idées neuves et la volonté de tout reconstruire sur de nouvelles bases. Qu’il s’agisse de Saïed ou de Karoui, peu importe, l’essentiel est que le peuple soit représenté au Parlement à hauteur de ses aspirations et de ses besoins ! A cette condition, si tsunami il y a, les premiers emportés seront ceux qui ont altéré et détourné à leur profit les fruits d’un soulèvement dont les auteurs avaient espéré une toute autre issue que celle qu’ils ont enduré ces dernières années. Le Président ne pourra alors résister à cette aspiration, et sera tenu de suivre et d’accompagner un changement que chacun de nous appelle de ses voeux. Plutôt qu’une catastrophe annoncée, c’est à une renaissance, un renouveau certain, auxquels nous allons assister, si la prise de conscience populaire se poursuit et si le non-conformisme dans les choix se confirme. Une autre révolution, par les urnes celle-là, est en train de se dérouler devant nos yeux, pour ma part émerveillés ! Soyons confiants, c’est l’acte II qui se joue aujourd’hui.
…aucun réveil brutal pour une large part de la population. Les partis sont discrédités depuis bien longtemps.
Toutefois, voter pour un ultra-conservateur dont la feuille de route aurait hérissé les cheveux au lendemain de janvier 2011, me semble plus qu’une défaite pour le pays.
Le temps n’est pas loin pour que les politicards, de toutes tendances, rendent compte de la manière dont ils ont traité ce peuple pourtant digne de respect et d’admiration.