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De l’affaire Karoui à l’affaire Fehri : Y a-t-il des justiciables «plus égaux» que d’autres ?

Alors que la scène médiatique tunisienne s’agite autour de l’affaire Sami Fehri, en détention provisoire depuis avant-hier, 5 novembre 2019, dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent, l’auteur s’interroge, à juste titre, sur le sort de l’autre affaire, également de blanchiment d’argent, des frères Nabil et Ghazi Karoui, dont on n’entend presque plus parler.

Par Hassen Zenati *

C’est bien de s’occuper de l’affaire de Sami Fehri. Il ne s’agit pas d’une affaire de liberté d’expression, ni de liberté de la presse, comme ses partisans zélés veulent le faire croire. C’est une affaire de fraude présumée et il faut laisser la justice faire son travail. On aura tout loisir, lorsque le dossier sera traité sous le parapluie légal de la présomption d’innocence, de commenter ce qui peut être commenté.

Le temps de la justice n’est pas celui du politique, ni celui des média. Il faut s’y faire. Et il se sert rien d’agiter la question de «l’opportunité» politique de telle ou telle décision de justice avec pour seul résultat d’alourdir l’atmosphère de suspicion qui pèse sur l’institution judiciaire.

Mais où est passé Ghazi Karoui, le futur député ?

Mais quelqu’un peut-il nous dire où en est l’affaire des frères Karoui ? Nabil aurait trouvé un arrangement avec le fisc, selon des informations qui n’ont pas été confirmées. Mais Ghazi ? Il s’est bien soustrait à un mandat d’arrestation émis par la justice pour se réfugier on ne sait où. Même si l’arrangement avec le fisc et la justice (???), négocié par son frère, le concerne également, il reste sous le coup d’une accusation de délit de fuite et éventuellement de franchissement des frontières clandestinement, au sujet desquels il faudrait qu’il s’explique devant la justice. L’automobiliste qui commet le même délit est légalement entraîné devant un juge, de même que «harrag» qui risque sa vie sur un ratio pour rejoindre l’Europe.

Pourquoi M. Ghazi ne le serait-il pas ? Il ne peut pas opposer son immunité parlementaire de nouvel élu sur la liste du parti Cœur de Tunisie. D’une part, l’Assemblée à laquelle il va appartenir n’est pas encore installée, et, d’autre part, les faits qui lui sont reprochés sont antérieurs à son élection.
Il faudrait que quelqu’un s’explique sur ce qui apparaît être un dysfonctionnement de la justice, sauf à considérer qu’il y a des justiciables «plus égaux» que d’autres.

* Journaliste.

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