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Les 4 vérités de Youssef Chahed

Au pouvoir depuis plus de 3 ans et à quelques jours de son départ annoncé de la Kasbah, le chef du gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, Youssef Chahed, a présenté, hier soir, le bilan économique de sa mandature -qu’il considère positif- et s’est surtout lâché en ce qui concerne le volet politique…

Par Cherif Ben Younès

Présent hier soir, dimanche, 9 février 2020, sur le plateau de «Avec Samah Meftah», sur Hannibal TV, Youssef Chahed est revenu sur plusieurs sujets concernant l’actualité politique et économique tunisienne.

L’entretien a notamment porté sur le dossier du champ pétrolier Nawara, qui fait partie du projet Gaz du Sud, décidé par un conseil ministériel en mars 2014, et dont la mise en place a connu un retard de 3 années.

A cet effet, Chahed a indiqué que ce projet a été traité avec sérieux par son gouvernement, depuis sa prise de fonction il y a 3 ans, mais qu’il a subi des blocages hors de sa portée, assurant qu’aujourd’hui il est opérationnel et est bien entré en production, contrairement aux déclarations de la présidente du Patri destourien libre (PDL), Abir Moussi.

Dans le même cadre, le chef du gouvernement sortant a souligné qu’il négociera avec les parties syndicales afin de tenter de les convaincre à renoncer aux grèves aux champs pétroliers Nawara et El Waha, programmés pour les 10 et 11 février courant, car il y va de l’intérêt supérieur du pays, le nouveau projet devant aider la Tunisie à réduire son déficit énergétique et à soulager la balance commerciale, très déficitaire à cause des importations d’énergie.

«Le rapport entre Noureddine Taboubi et le gouvernement est devenu malsain»

D’un autre côté, Youssef Chahed a déploré les positions politisées du secrétaire général de l’Union générale tunisienne pour le travail (UGTT), Noureddine Taboubi, qui a fait en sorte, selon lui, que la centrale syndicale devienne une partie prenante du conflit politique tunisien.

Chahed a, dans ce contexte, rappelé que lors de l’Accord de Carthage, Taboubi s’était allié au représentant légal de Nidaa Tounes de l’époque, Hafedh Caïd Essebsi, afin de renverser le gouvernement en place et que, d’autre part, à la dernière élection présidentielle, il avait exprimé son soutien à l’un des candidats, à savoir Abdelkarim Zbidi, déduisant que le rapport entre l’UGTT et le gouvernement était devenu «malsain».

Le président de Tahya Tounes est, sur un autre plan, revenu sur l’altération de sa relation avec Ennahdha, son partenaire au pouvoir entre 2016 et 2019, expliquant que cela était dû à son refus d’effectuer des nominations recommandées par le parti islamiste dans les institution publiques et soulignant que l’ancien président de la république, feu Béji Caïd Essebsi, assurait l’équilibre à cet effet et empêchait la domination nahdhaouie.

Chahed, qui est souvent critiqué pour les désignations qu’il a effectuées en tant que chef de gouvernement sortant, à des postes de haute responsabilité, a estimé que «ces attaques provenaient de certaines parties qui ne saisissent pas la notion de l’Etat»… ou d’autres qui font «du jeu politique», à l’image de Noureddine Bhiri, le dirigeant d’Ennahdha, qui avait déclaré que «ces désignations représentaient des crimes nuisant à la Tunisie ainsi qu’à la sûreté nationale».

Or, ces nominations sont effectuées par les responsables des divers départements et ne sont pas décidées par le chef du gouvernement, sauf en ce qui concerne les gouverneurs, les délégués ou les Pdg des entreprises publiques. Et pour toutes les nominations décidées dans ce cadre, il s’agit de combler des postes vacants suite à des démissions ou des sorties à la retraire. Il faut bien que les services publiques continuent de fonctionner normalement, a souligné Chahed.

«Al Karama n’est que le sous-traitant d’Ennahdha»

Interrogé sur ce qu’il pense de la position d’Al Karama à son égard, qui a – pour rappel – exprimé son refus, de participer à un gouvernement qui renferme son parti -, Youssef Chahed a dit que cette coalition s’oppose à «l’Etat national» et, par conséquent, à Tahya Tounes «qui défend cet Etat», rappelant qu’elle est essentiellement issue des Ligues (autoproclamées) de protection de la révolution (des milices islamistes violentes dissoutes par décision de justice en 2014, ndlr).

«J’ai refusé que la Coalition Al Karama soit présente à la réunion avec Habib Jemli. Elle est vexée parce que nous avons rejeté son gouvernement et parce que ses intentions ont été dévoilées», a-t-il aussi affirmé, assurant que c’est Ennahdha qui contrôle cette coalition. «C’est son sous-traitant», ajoutera-t-il ironiquement.

«J’ai convaincu Nabil Karoui de faire tomber le gouvernement Jemli»

L’ancien ministre des Affaires locales (janvier – août 2016) a également parlé de sa relation avec le parti de Nabil Karoui, Qalb Tounes…

Longtemps conflictuelle, celle-ci a connu une réconciliation à quelques jours du vote pour le gouvernement Jemli. Et à cet effet, Chahed a indiqué que c’est probablement son conseil à l’égard de Nabil Karoui qui a dissuadé ce dernier de donner sa confiance, au Parlement, à ce gouvernement. Ce qui signifiait l’avortement de ce dernier puisque la décision de Qalb Tounes, du fait de son timing, était décisive.

Le chef du gouvernement sortant a, en effet, raconté qu’il avait dit à Karoui que s’il décidait de voter la confiance au gouvernement Jemli – qui n’était autre que celui d’Ennahdha puisque c’est le parti islamiste qui l’a désigné -, il permettrait à ce dernier d’avoir le monopole du pouvoir exécutif après lui avoir déjà permis de détenir le pouvoir législatif, en ayant contribué à placer son président, Rached Ghannouchi, à la tête du Parlement, ndlr.

Youssef Chahed a, par ailleurs, qualifié la versatilité de Qalb Tounes vis-à-vis d’Ennahdha d’«hypocrisie politique», rappelant que ses dirigeants étaient à la fois «les premiers à avoir insulté et diabolisé Ennahdha» et également «les premiers à s’y être alliés».

Cela ne l’a, cependant, pas empêché d’affirmer que l’intérêt de la Tunisie réside dans l’intégration de Qalb Tounes au prochain gouvernement dans le cadre d’un gouvernement d’«union nationale», et ce «en vue de l’appuyer et de l’aider à apporter des réformes et surmonter les obstacles qui se dressent devant le processus politique».

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