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Rached Ghannouchi se débarrasse de l’encombrant Abdellatif Mekki en le «casant» au ministère de la Santé

Malgré ses rapports visiblement conflictuels avec le président de son parti, Rached Ghannouchi, Abdellatif Mekki a été proposé en tant que ministre de la Santé par Ennahdha et figure, de ce fait, dans l’équipe gouvernementale d’Elyes Fakhfakh, chef du gouvernement désigné. L’objectif est-il de le «dompter» et, par la même occasion, enlever une épine du pied de Ghannouchi ?

Par Cherif Ben Younès

Diplômé de biochimie et devenu par la suite médecin, c’est surtout en tant que dirigeant du parti islamiste Ennahdha que les Tunisiens connaissent Abellatif Mekki, qui s’apprête à diriger le ministère de la Santé… pour la deuxième fois après 2012-2013.

Après avoir milité contre le régime de Habib Bourguiba dans le cadre de mouvements estudiantins islamistes dans les années 80, Mekki a rejoint, par la suite, Ennahdha, à l’ère de Zine El Abidine Ben Ali, et il a payé cher le prix de cette appartenance puisqu’il fut notamment torturé et hospitalisé à deux reprises, puis condamné par le tribunal militaire à 10 ans de prison en 1992. Une peine qu’il a purgée en intégralité.

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A sa sortie de prison, il a poursuivi ses études universitaires et obtenu un diplôme d’études approfondies en biochimie dynamique en 2004 puis un doctorat en 2009.

Après la révolution de 2011, il a été élu comme député constituant (gouvernorat du Kef), avant de devenir ministre de la Santé en décembre de la même année. Un poste qu’il a occupé jusqu’en janvier 2014, soit sous les gouvernements de Hamadi Jebali et Ali Larayedh.

Depuis quelques temps, Abdellatif Mekki enchaîne les critiques médiatiques à l’encontre de la politique d’Ennahdha et surtout de son président et leader emblématique, Rached Ghannouchi, probablement dans l’espoir de lui succéder, lui reprochant notamment le fait de cumuler illégitimement la présidence du parti et celle du parlement, et appelant à organiser, au plus vite, un congrès pour élire une nouvelle personnalité à la tête du mouvement islamiste.

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Se présentant, d’un autre côté, implicitement, comme plus intègre que le reste des dirigeants nahdhaouis, Mekki devient naturellement «dérangeant», ce qui explique probablement le choix de l’avoir «casé» au ministère de la Santé.

Est-ce, par ailleurs, le bon prix pour gagner son silence, lui qui en a beaucoup voulu à Rached Ghannouchi de l’avoir empêché de présider la liste de la circonscription du Kef lors des dernières législatives ?

En tout cas, M. Mekki semble avoir, a priori, accepté l’os que lui a jeté le gourou de Monplaisir.

Ainsi, donc, le gouvernement tunisien est-il utilisé par le chef islamiste comme un «frigo» ou un «débarras» pour le mouvement Ennahdha.

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