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Retour sur l’hypothèse du premier cas de Covid-19 en Tunisie

L’hypothèse, rapidement enterrée, relative à la présence du coronavirus (Covid-19) en Tunisie dès janvier et février 2020 mérite d’être davantage étudiée, car au regard de nouvelles révélations sur ce virus, notamment en France, cette hypothèse pourrait expliquer l’évolution de cette épidémie dans notre pays et influer notre stratégie pour la combattre.

Par Pr Faouzi Addad *

Le patient zéro en Tunisie a été officiellement déclaré le 2 mars 2020 chez un Tunisien originaire de Gafsa rentré d’Italie le 27 février. Récemment, des confrères ont rapporté, sur la base d’analyses a posteriori, que l’épidémie a pu commencer, chez nous, en janvier ou février, ce qui pourrait expliquer qu’il n’y a pas eu de pic.

Cette hypothèse n’a pas été retenue par notre ministère de la Santé et, personnellement, je mettais en doute cette possibilité, car, si c’était le cas, le personnel de la santé n’aurait pas été épargné. Mais voilà que de nouvelles données viennent semer le doute.

Le mystère du patient zéro

Tout d‘abord, on sait que, selon des fuites de dossiers confidentiels, le premier patient contaminé en Chine, âgé de 55 ans, a été dépisté le 17 novembre 2019, soit un mois avant l’annonce officiel du gouvernement chinois du 1er cas officiel d’atteinte. Le coronavirus se serait alors propagé de façon exponentielle pour atteindre 381 cas détectés le 1er janvier 2020. Le premier cas n’aurait donc en réalité aucune relation avec ce fameux marché au poisson de Wuhan.

Le cas zéro en Italie n’a toujours pas été clairement identifié ce qui laisse penser que le virus était bien présent dans ce pays avant la découverte du début de l’épidémie.

Mais voilà qu’une nouvelle apportée, avant-hier, en France, redistribue toutes les cartes. Une analyse rétrospective des PCR faites chez 24 patients hospitalisés pour pneumonie en réanimation à l’hôpital d’Avicenne, à Paris, en décembre 2019 et en janvier 2020, et pour lesquels le diagnostic était négatif, s’est avéré positif au Covid-19 chez un patient hospitalisé le 27 décembre 2019, soit un mois avant les premiers cas officiellement déclarés en France. On peut s’imaginer le nombre important de patients déjà atteints durant tout ce mois.

La Tunisie aurait évité une explosion de l’épidémie

Les données de l’Observatoire des maladies nouvelles et émergentes (ONME) montrent clairement que la moitié des cas importés positifs en Tunisie proviennent de la France et le nombre de vols quotidiens entre les 2 pays laissent présumer que quelques cas sont arrivés chez nous avant le 2 mars.

La seule réserve vis-à-vis de cette dernière hypothèse concernant notre pays, c’est finalement la lenteur dans la découverte des premiers cas (1 cas le 2 mars et 75 cas le 22 du même mois). La présence de ce virus plusieurs semaines avant la découverte du 1er cas, qui plus est, sans aucune mesure barrière, aurait créé, dès le début, des clusters importants non-contrôlés et une explosion de l’épidémie.

On attend toujours les résultats des analyses a posteriori des scanners effectués sur les présumés premiers patients infectés en janvier et en février en Tunisie pour infirmer ou confirmer cette hypothèse. Et cela pourrait influer notre stratégie dans le traitement de cette épidémie.

* Professeur en cardiologie.

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