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La grotesque projection de Rached Ghanouchi : «Certains cherchent à transférer la guerre libyenne vers la Tunisie»

A l’issue de près de 20 heures de débats lors de la séance plénière de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) consacrée au sujet de la diplomatie parlementaire et à l’audition de Rached Ghannouchi, ce dernier a avoué, ce matin, jeudi 4 juin 2020, qu’il devait se remettre en question, tout en estimant que «certains cherchent à transférer la guerre libyenne vers la Tunisie». On aurait presque cru qu’il parlait de lui-même…

C’est curieux mais Rached Ghannouchi a, tout bonnement, attribué aux «autres» (qu’il n’a évidemment pas nommés), exactement ce que tout le monde lui reproche : transférer la guerre libyenne en Tunisie… et ce, en sortant cette dernière de sa neutralité et en l’introduisant, ainsi, dans cette guerre.

Cela est même la raison et l’objet de la plénière d’hier. Et pour cause : la multiplication, ces derniers temps, des agissements pseudo-diplomatiques allant dans ce sens de l’islamiste, à l’instar de son appel téléphonique à Fayez Sarraj, président du Gouvernement libyen d’entente nationale (GEN), le 19 mai dernier, pour le féliciter d’avoir gagné une bataille contre le rival, Khalifa Haftar.

En psychanalyse, les propos de Rached Ghannouchi s’apparentent à «une projection», un mécanisme mental et inconscient par lequel une personne attribue à quelqu’un d’autre ses propres sentiments ou actions, dans le but de se sortir d’une situation émotionnelle gênante.

En parallèle, le président d’Ennahdha a avoué qu’une auto-remise en question s’imposait après avoir écouté les remarques et critiques des députés, tout en promettant d’être, dorénavant, «plus proche d’eux».

Il sous-entend, par là, que son tort n’était ni d’avoir félicité Fayez Sarraj, en tant président de l’ARP, de sa victoire militaire, exprimant ainsi une position officielle que la Tunisie n’adopte pas réellement, ni de s’être attribué des prérogatives du président de la république, mais d’avoir simplement omis d’en informer les députés, ou, à la limite, de ne pas les avoir consultés au préalable.

Il a, par ailleurs, mis en garde contre la diabolisation des personnes ayant un avis différent, ce qui peut mettre en péril l’expérience démocratique tunisienne : «Ceux qui estiment que notre culture présage une guerre civile n’ont pas tort et c’est grave. Notre culture et les discours qu’on entend favorisent la division et nourrissent la haine».

Sur un autre plan, il a souligné la nécessité de consolider davantage le concept de diplomatie parlementaire, assurant que celle-ci doit, comme le reste des parties, véhiculer les orientations et les choix de la politique étrangère tunisienne que le président de la république est chargé de définir.

L’élève, avec sa fausse humilité, a-t-il retenu la leçon ? Qu’on nous permette d’en douter…

Cherif Ben Younès

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