12 Août 2020 | 11:04 A LA UNE, POLITIQUE, TRIBUNE, Tunisie
Depuis des mois, la parole libre est hypothéquée, prisonnière des querelles que les vieilles chapelles, en l’occurrence, Ennahdha et le Parti destourien libre (PDL), fortes du soutien de leurs fidèles, cherchent à alimenter pour amuser la galerie, occuper l’espace médiatique et mobiliser leurs adeptes.
Par Salah El-Gharbi
En effet, aujourd’hui, critiquer Ennahdha, parler de ses pitoyables louvoiements et de ses manœuvres mesquines qui menacent la stabilité politique du pays vous exposerait à la malédiction de ces esprits enturbannés capables de déverser sur vous le pire des invectives, tout en vous accusant être un «spahi» à la solde de «hizb frança», des «azlams» ou des Emirats arabes unis !
De même, oser s’attaquer à la chapelle d’en face où, Abir Moussi, la nouvelle prêtresse dite «destourienne», officie depuis deux ans, est devenu une gageure. Osez dénoncer celle qui tient sa seule légitimité politique du fait qu’elle ne porte pas dans son cœur les «Khwanjias» (Frères musulmans), et vous voilà proie à l’acharnement d’une foule d’adorateurs surexcités qui n’hésiteront à vous intimider, à vous insulter tout en vous taxant de «vendu aux Frères». Pour parer à de tels actes malveillants, vous n’avez qu’à répéter avec la masse que «Ennahdha-Ikhwan» serait «le mal absolu», que le nouveau «Messie», qu’incarne la gardienne du temple destourien, serait venu sauver le peuple de la damnation, et qu’il suffisait d’adhérer à la foi nouvelle pour que votre futur soit meilleur.
Ainsi, balloté entre ces deux vieilles chapelles, la majorité silencieuse est réduite à l’attentisme. Elle se devait de subir stoïquement les manigances cyniques des Nahdhaouis et les gesticulations ridicules savamment feuilletonnées par Abir Moussi, et ce dans le but avoué de déstabiliser «l’ennemi» et bloquer le «système».
En fait, si ces deux forces fanatisées qui se détestent cordialement, agissent de la sorte, c’est qu’elles sont mal à l’aise avec la transition démocratique que le pays vit depuis 2011. Ni l’une ni l’autre ne sont parvenues à s’adapter au nouveau climat politique dont les valeurs de droit et de liberté, d’égalité et de tolérance sont les fondements. Car, toutes les deux ont dans leurs gènes la tentation hégémonique, l’esprit totalitaire, le culte du chef, l’esprit grégaire qui fait place à l’esprit de contradiction, l’ostracisme et l’arbitraire régissant leur approche du pouvoir.
Ces deux obédiences se moquent de la notion de représentativité. D’un côté, les «Nahdhaouis» qui, durant des décennies, et au nom de la «démocratie», s’acharnaient sur le régime destourien, arrivés au pouvoir qu’ont-ils fait d’autre que d’assassiner l’espoir de voir le pays entrer dans une ère réellement nouvelle où le mot «démocratie» ait un sens ? Ainsi, à l’épreuve du pouvoir, ces anciens «militants démocrates» se sont révélés cupides, arrogants et incompétents, «sans foi ni loi»…, ce qui, d’ailleurs, allait précipiter leur déchéance. Le vrai ennemi d’Ennahdha, c’est Ennahdha et non pas Abir Moussi, comme certains aiment nous le faire croire.
Côté PDL, le malaise, nourri par le dépit, est à son summum. «Je mène le jeu ou je fous le bordel», semble proclamer Abir Moussi. Ainsi, la jeune femme, un sous-produit du «régime RCD», si elle multiplie les simagrées en profitant de son statut de députée, cherchant à immobiliser le fonctionnement de l’Assemblée, c’est plus fort qu’elle. Ayant vécu dans un régime despotique, elle n’a jamais appris ce qu’est une élection libre et démocratique, n’a jamais compris qu’on doit respecter le verdict des urnes quel que soient les résultats, n’a jamais admis qu’on ne change pas les règles du jeu d’une manière intempestive en renversant la table…
En somme, les deux clans n’ont pas saisi le sens du 14 janvier 2011. Ils ont du mal à admettre que cette date, qui signe la faillite d’un certain modèle de gouvernance politique, devenu obsolète, marque un tournant décisif et se présente comme la promesse d’une ère nouvelle.
Alors que les islamistes ont vu dans ce séisme politique, une opportunité afin de réaliser un profond souhait, celui de se substituer eux-mêmes au «RCD», mettre au pas la population, bâillonner la liberté de s’exprimer, embrigader la jeunesse…, les «Destouriens», nostalgiques, ruminant le récit de «l’âge d’or» où l’on était dans le meilleur des mondes possibles, ont vécu ce moment historique comme une sorte de malédiction. Et ils vont crier au scandale, à la trahison… Constamment dans la dénégation, ils cherchent à focaliser l’attention de public sur «les Frères musulmans», stigmatisant Ghannouchi et les «khwanjias», l’incarnation du mal qui nous menace à laquelle cette bonimenteuse serait l’unique rempart. «Point de salut sans la lionne», scande-t-on…
Au-delà des apparences, les deux formations politiques ne sont pas seulement conservatrices, elles sont toutes deux réactionnaires. Avez-vous jamais entendu Mme Moussi, la «moderniste», la «progressiste», la «bourguibiste» évoquer le «droit», s’indigner du sort de Emna Chargui, de Farid Lalibi, par exemple, ou s’exprimer à propos des manifestants d’El-Kamour où des séditionnistes fanatisés malmènent l’autorité de l’État?
Les deux partis ne se projettent pas dans le futur, mais rêvent plutôt de «restaurer». Si l’ambition des «Frères» consiste à redonner vie à un monde qui n’a jamais existé, les seconds, nostalgiques, sont dans le reniement et ont du mal à admettre que la «révolution de la brouette», comme ils aiment l’appeler, est l’expression de la faillite d’un régime obtus qui, durant au moins trois décennies, n’a jamais su se remettre en question, se renouveler. Ils s’obstinent, ainsi, à ne pas admettre que si le 7 novembre 1987 signait l’échec d’un pouvoir sénile, le 14 janvier 2011 est venu annoncer la mort d’un régime qui agonisait… Assurément, après Bourguiba, Ben Ali, puis le trublion Abir Moussi, quelle dégringolade !
Le plus désolant, c’est que les voix de ces deux entités dominent l’espace médiatique, empêchent l’émergence d’une troisième voie qui offrirait un vrai projet alternatif de véritable refondation. Avec elles, on n’est jamais dans un débat franc et direct. De part et d’autre, il n’y a de place qu’aux menaces, aux invectives, à l’incantation.
Malgré les coups d’éclat des deux côtés, ce faux combat pour l’hégémonie est perdu d’avance. Ni Ennahdha ni le PDL ne sauraient l’emporter. Ne déplaise à nos esprits éclairés, séduits par les prouesses et «le courage de la Lionne», ce n’est pas en faisant le trublion qu’on parvient à endiguer la menace islamiste, mais plutôt en contribuant à consolider la base d’un système démocratique encore vulnérable. La promesse d’éliminer le mouvement islamiste du paysage politique est un mensonge éhonté. Même déplumé, le mouvement islamiste continuera à compter, qu’on le veuille ou non, dans l’échiquier politique. Par conséquent, se prémunir contre les risques de sa nuisance, ne se fera pas en réhabilitant la mémoire de Ben Ali ou en agitant comme un totem le souvenir de Bourguiba mais en regardant devant soi, être dans la proposition, dans une démarche constructive, et non dans l’invective et l’outrance.
* Universitaire et écrivain.
monsieur salah el gharbi entre ces deux partis lequel tu choisirait si tu n’as que ces deux alternatives surtout que tous les autres partis qui restent n’ont jamais étés à la hauteur lorsqu’ils ont pu accéder au pouvoir
Comparaison n’est pas raison.
Une interprétation au forceps qui ne me convainc pas
A MON HUMBLE AVIS, L’EVOLUTION RECENTE DES SONDAGES D’OPINION MONTRE QUE LA « MAJORITE SILENCIEUSE » EST EN TRAN D’EVOLUER, CONTRAIREMENT A CE QU’ECRIT L’AUTEUR, TANT IL EST VRAI QUE L’EPOUVANTAIL DU SOI-DISANT RETOUR DU RCD IMPRESSIONNE DE MOINS EN MOINS.
J’aime bien le raisonnement. monsieur Gharbi émet de son hypothèses, ses hypothèses qu’il n’explique pas, puis tire lui même ses conclusions. C’est facile non?
Voilà un bel article qui traité les islamistes et rcdistes de abir moussi comme des partis extrêmes qui poussent à la haine, au favoritisme et l’asservissement. Les tunisiens vont encore mperdre des décennies à laisser ces deux sectes nuisibles se chamailler et prendre le pouvoir et aucune évolution n’est en vue. Benali est parti, il a fait du bien et bcp de mauvais, son régime ne sera pas restitué et surtout par cette harza abir moussi. Et les islamistes partiront avec l’évolution de la culture et des libertés.
Article prétentieux et désespérément VIDE !
Modérateur de Kapitalis : Facile comme commentaire. Je peux en faire pour tout article dont le contenu ne me plait pas. Zéro argument.
Les théories c’es bien beau mais la réalité est toute autre cher, très cher Monsieur Salah El Gharbi mais, ces théories ne sont que « théories », or, aujourd’hui, le pays a besoin de quelqu’un qui soit capable de mener à bien certains projets (s’il y en a ) politiques, économiques, financiers et sociaux. Ces personnes existent même si du temps de Ben Ali, ils ne pouvaient pas prendre de décisions par eux-mêmes, ces personnalités existent mais l’aveuglement voulu par les soit disant politiciens d’aujourd’hui qui ne sont capables que de se montrer sur les plateaux de TV et de parler pendant toute leur vie pour ne rien dire n’en veulent pas sinon pourquoi ne pas demander où est passé Monsieur Mohamed Ghannouchi (économiste et ancien premier ministre de Ben Ali (le Bienheureux)? ou Monsieur ENNABLI (ancien gouverneur de la Banque Centrale) ou Monsieur Ben Ammar et j’en oublie parce que cela fait 50 ans que j’ai quitté (à contre coeur) mon pays. Vous qui êtes un homme cultivé et qui pourrait si vous le vouliez aider aux choix d’une personne (homme ou femme) pour aider le pays et les citoyens de sortir de ce marasme, alors faites le et n’oubliez pas qu’en Tunisie, il y a énormément de gens (RCDISTE° qui ont l’amour du pays et qui veulent bien aider à la reconstruction économique et sociale du pays.
Avec tout mon respect
L. JABALLAH
Il y a une différence et elle est de taille: Abir Moussi respecte les frontières de la Tunisie; elle ne cherchera pas à les dissoudre dans le raki turc ni envoyer nos jeunes mourir pour un quelconque Calife. Pour le reste, la tentation totalitaire est une constante de la psyché du tunisien ( ou de la tunisienne) , de quelque obédience qu’il soit. Vous aurez beau instaurer la démocratie, il vous la matinera toujours en un petit système exclusif dont à la fin, ce seront toujours les mêmes qui finiront par tirer profit.
Les pays « arabes » et « nord africains » sont tous dans le même moule et les mêmes choix.Comme déjà exprimé par différents observateurs l’islamisme et la dictature sont les deux faces d’un même malheur historique.
Toujours le même scénario depuis les années 60,le régime a utilisé les islamistes pour combattre la gauche;maintenant les islamistes ont essayé d’utiliser la « pseudo démocratie « avec les élections municipales et parlementaires pour asseoir un régime islamiste..L’instrumentalisation de l’islamisme par l’occident est aussi une erreur dont les conséquences vont se faire sentir longtemps. .Quand on sait qu’en 2015 l’Arabie Saoudite a été nommée à la tête du conseil consultatif des droits de l’homme des Nations Unies ,on ne peut que constater la complaisance et l’hypocrisie qui caractérisent les rapports de l’occident avec l’islamisme.
Beaucoup de spécialistes pensent que le « jihadisme » tel qu’on le voit ne déclinera que lorsque les sociétés arabes et musulmanes deviendront prospères,avec la culture , plus de libertés politiques et sociales et une mobilisation des élites.Tant que l’on ne s’orientera pas dans ce sens,;le choix sera entre le fascisme islamique ou laïc..
Croyez-moi,je me suis fait violence pour lire jusqu’au bout le médiocre délire de ce frustré…..Résultat,je me suis tapé trois Paracétamol pour atténuer ma migraine.
Ce gus pseudo-Universitaire se prend pour un grrraand politologue!
Ce pauvre gus n’a même pas réalisé que sa médiocre dissertation n’a rien d’une analyse politique.Elle est tellement pathétique,moins que banale et d’une grande vacuité!
Rien d’étonnant d’un grand frustré et un cheval sur le retour!!
Pauvre Université tunisienne!!!
Modérateur de Kapitalis : L’insulte n’est pas un argument, c’est l’arme de l’ignorant et du stupide.