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Braconniers qataris en Tunisie : Le ministre Ali Hafsi pointé du doigt

«Deux avions du Qatar Airways viennent d’atterrir sur le sol tunisien à l’aéroport de Tozeur. Notre terre, notre patrimoine naturel et notre faune désertique sont devenus la cible privilégiée des émirs du golfe, essentiellement des saoudiens et des qataris», alerte le président de l’Association Tunisie Ecologie, en affirmant que le ministre Ali Hafsi est derrière ces braconnages dans le sud tunisien : «machine de la destruction de la faune saharienne».

Abdelmajid Dabbar a lancé cette alerte, hier, mardi 5 janvier 2021, après l’atterrissage de ces avions en Tunisie, tout en affirmant que depuis des semaines, son réseau l’alerte sur des indices révélant que des qataris vont bientôt arriver au Sud tunisien pour le braconnage.

Hier soir, 2 avions qataris ont atterri à l’aéroport de Tozeur : «à bord, des équipes bien préparées pour une parfaite destruction et ratissage de la faune tunisienne, puisque des éclaireurs, bien payés, voitures tout-terrain à disposition, avaient accompli le gardiennage de grandes étendus de terrains», a encore affirmé M. Dabbar, en rappelant que le ministère de l’Agriculture et la Direction générale des forêts DGF, ont refusé catégoriquement d’accorder des autorisations pour les qataris.

«Qui est pointé du doigt ? : Depuis Ben Ali et jusqu’à ce jour , Ali Hafsi, homme d’affaires et homme de pouvoir à Tozeur, plusieurs fois député avant et après le 14 janvier, introduit dans le tourisme, président du club du foot local, maire de Tozeur, grand organisateur des parties du braconnage pour les qataris pendant de longues années, devenu ministre sans porte feuille dans le gouvernement Fakhfakh, le seul ministre reconduit au même poste dans le gouvernement Mechichi, il y a 2 mois», a encore déploré le président de l’Association en rappelant que Ali Hafsi ministre chargé de la Relation avec l’Assemblée des représentants du peuple, avait accompagné le Président Kaïs Saïed lors de sa visite au Qatar…

L’activiste engagé pour la sauvegarde la faune et de la flore poursuit : «Monsieur Ali Hafsi pourrait-il nous confirmer qu’il est innocent de l’arrivée de ces 2 avions dans le silence de la nuit, en plein couvre feu dans toute la Tunisie et dans ces circonstance sanitaires ? Je souhaite écouter la réponse sincère de monsieur le ministre»

Abdelmajid Dabbar en appelle au gouvernement et à tous les ministres concernés et les invite à donner des réponses, notamment sur les textes de loi et les conventions internationales, ratifiées par l’État Tunisien et par l’État Qatari, claires en matière de protection et de conservation : «sont elles à respecter ou à piétiner ? Tolèrent-ils que notre patrimoine naturel soit agressé de la sorte !»

Cette violation du sol tunisien par des braconniers qataris, ne date pas d’hier : en effet depuis 1988, au temps de Ben Ali, ces opérations de chasses illégales s’organisent dans le sud tunisien. Une courte trêve du braconnage a été enregistrée pendant la guerre du golfe (août 1990 / février 1991) et la révolution tunisienne de janvier 2011, n’y changera rien.

Les activistes de la société civile avaient, de nombreuses fois, titré la sonnette d’alarme, mais depuis novembre et décembre 2020, des mouvements suspects ont, à nouveau, été observés aux gouvernorats de Tozeur et Kebili, effectués par des délégations qataries.

Le président de l’ATE évoque notamment des visites chez le gouverneur de Kébili, de longues discussions à huit clos, puis une visite chez le délégué de Douz Nord.

«Et personne n’avait idée sur l’objet de ce marathon de rencontres», souligne-t-il, en affirmant que l’hypothèse que les qataris soient à la recherche de terrains pour la création d’un vaste centre d’élevage des outarde houbara et des gazelles s’est concrétisée : «à l’instar des Émirats Arabes Unies qui ont 2 terrains au Maroc, le centre de Missour et le centre de Inezgane, avec beaucoup de milliers d’hectares, familiarité oblige, puisque l’une des tentes de l’actuel roi du Maroc et une des 4 femmes du feu Chikh Zaïed Ben Soltane».

Pour M. Dabbar, les récents évènements de Aïn Skhouna qui se sont soldées par deux décès et une cinquantaine de blessés, auraient même un lien avec ce projet : «pour gagner du terrain pour une probable spéculation ou transmission avec les qataris».

Tout en demandant Ali Hafsi (qui rappelons-le s’était publiquement vanté des relations qu’il entretient avec les princes qataris, de répondre à toutes ces interrogations), Abdelmajid Dabbar a appelé ses compatriotes à se mobiliser pour mettre fin à cette honte qui dure depuis 33 années.

Le chef du gouvernement Hichem Mechichi, devrait lui aussi donner des explications sur ces abus, sur l’éventuel rôle d’intermédiaire qu’aurait joué son ministre, permettant ce triste massacre du patrimoine naturel de la Tunisie.

Yûsra Nemlaghi

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