Quand certains écrivaient depuis longtemps que la classe politique tunisienne était complètement nulle, totalement opportuniste, sans colonne vertébrale; d’autres pensaient que cela était exagéré ! L’actualité nous montre, hélas, que ce n’était que la vérité et qu’il est illusoire de croire que ces politicards vont changer, s’améliorer et participer au redressement du pays. Il va falloir qu’ils fassent amende honorable, se remettent en question et tentent de se refaire pour exister. Car, après le «coup de maître» de Kaïs Saïed du 25 juillet 2021, tous les partis qui ont frayé avec les islamistes n’existent plus.
Par Rachid Barnat *
Pour rester dans le respect total de la Constitution et une légalité totale, il aurait suffit de démettre Ghannouchi du perchoir ! Pour cela il aurait fallu que les députés qui le critiquent parmi les dits progressistes lui retirent leur confiance. Mais nombreux parmi eux le critiquaient face caméra et marchandaient avec lui dans les coulisse pour mieux vendre leur trahison au plus offrant !
Aujourd’hui, après les résolutions prises par Kais Saied de limoger Rached Ghannouchi, Hichem Mechichi et les députés, on en voit qui ne manquent pas de culot ni de décence, et paradent de plateau TV en studio radio pour s’attribuer le mérite d’avoir été par leurs critiques à l’origine de l’éviction des Frères musulmans du pouvoir, Kais Saied n’ayant fait que la confirmer par ses résolutions du 25 juillet !
N’oublions pas le rôle de Moussi et du PDL dans la chute des islamistes !
On entend même certains qui se sont alliés à Ghannouchi ou plaidaient pour faire une place aux Frères musulmans sur la scène politique tunisienne, au nom du fumeux «consensus», faire des déclarations aux médias «game over», disent-ils, le jeu est terminé pour Ghannouchi et ses Frères qui ont multiplié les erreurs politiques, pour les accabler de tous les «échecs» que leur attribue le peuple sorti manifester le 25 juillet pour les dégager; comme si leurs partis respectifs n’y étaient pour rien et n’avaient pas été les soutiens indispensables du gourou islamiste; soutiens sans lesquels, il aurait quitté la scène depuis longtemps, ainsi que ne cessait de le réclamer la seule cohérente et déterminée : Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL)!
Même Saied veut nous faire croire que la colère du peuple est venue de nulle part et n’a été causée que par les fautes des islamistes, alors que nous savons tous que sans le travail salutaire et harassant qu’ont mené les députés du PDL, avec à leur tête Mme Moussi, pour dénoncer Ghannouchi et l’obliger à tomber le masque, jusqu’à le mettre au pied du mur lui faisant multiplier les fautes et les erreurs, détaillant avec clarté toutes les turpitudes de ce parti et de son chef qui bafoue crânement la loi, la constitution, les règles internes de l’Assemblée et la démocratie !
Qui aurait connu les projets néfastes des Frères musulmans, les violations de la procédure parlementaire et la résistance par tous les moyens de Mme Moussi et de son groupe parlementaire; ce que certains qualifiaient de «cirque» moquant les Destouriens authentiques qui refusent l’islam politique ?
Saied n’a fait que ramasser un fruit mûri par l’action acharnée de Moussi et de son groupe parlementaire. Il faut rendre à César, ce qui est à César.
On constate avec étonnement que pas un mot n’est dit de ce travail ! Saied semble ignorer complètement l’existence de ce parti et les outrages et violences verbales et physiques subis par sa présidente depuis son accession au Bardo. Règlements de compte d’avec les Destouriens, honnis par les panislamistes et leurs acolytes panarabistes ? Or on ne bâtit rien sur le mensonge, ne serait-ce qu’un mensonge par omission. Et sans cette reconnaissance du travail d’Abir Moussi, l’avenir de ce mouvement populaire du 25 juillet est plus que douteux.
Une nouvelle ère de retournements de veste a commencé
Beaucoup de Tunisiens n’accepteront pas que le PDL, porteur d’une doctrine qui a fait ses preuves dans le passé pour avoir libéré le pays et bâti une nation et une république, faisant entrer la Tunisie dans la modernité, soit ainsi mis à l’écart.
Les Tunisiens seront également plus que choqués de voir que parmi les procédures lancées par le président, rien n’est fait contre ceux qui ont, au vu et au su de tous, commis des violences au sein même de l’Assemblée contre Moussi. Va-t-on encore une fois vers le deux poids deux mesures ? Est-ce là, la justice de Saied qui affirme que le droit s’appliquera pour tous, sans exception ?
Mais c’est bien connu, il y a toujours des malins qui tirent les marrons du feu… Des retournements de veste s’observent, dans l’autre sens, parmi les dits progressistes qui avaient rallié Ennahdha. Sentant la fin de Ghannouchi, ils commencent à le critiquer ouvertement, donnant raison à Saied ! Et n’a-t-on pas entendu l’inénarrable Mustapha Ben Jaâfar, l’ex-groggy du perchoir, soutien de la première heure des islamistes, qui affirmait aux Tunisiens qu’ils détiennent la meilleure constitution au monde, se rallier aujourd’hui sans vergogne et sans honneur, à Saied ?!
Même au sein d’Ennahdha on a entendu des membres importants de ce parti et d’anciens ministres de Ghannouchi approuver la décision de Saied ! Samir Dilou allant jusqu’à rappeler son amitié et son attachement à Saied, son ancien professeur, dont il approuve les décisions ! Mais qui s’en étonnera dans un parti qui a érigé la «taqiya» et l’hypocrisie en méthode de gouvernement ?
Hamma Hammami insiste pour finir dans la poubelle de l’Histoire
Le seul qui soit resté fidèle à ses vieilles lunes idéologiques et à son ami Ghannouchi qu’il a toujours soutenu bien qu’il soit le protecteur des assassins de son «ami» Chokri Belaid, c’est Hamma Hammami, porte-parole du Parti des ouvriers, qui conteste à Saied de vouloir démettre Ghannouchi; et qui rajoute, que s’il y a quelqu’un qui doit être démis de ses fonctions, c’est bien Saied lui-même! Mais ne tirons pas sur une ambulance. Ce personnage n’a jamais représenté grand monde et il ne représente plus rien aujourd’hui. Il finira dans la poubelle de l’Histoire.
Tout cet opportunisme et ces retournements de veste n’augurent rien de bon pour le pays car on ne construit rien de solide avec une si grande absence de conviction.
Si les Tunisiens se sont laissés avoir dans l’euphorie révolutionnaire du fumeux «printemps arabe» en 2011, par ces opportunistes sortis de nulle part; se laisseront-ils encore avoir par eux, alors que Moussi a fait un travail devenu indispensable, pour qu’ils sachent faire le tri du bon grain de l’ivraie parmi les hommes politiques ?
L’avenir nous le dira car la démocratie est, chacun le sait, un long combat et ne s’acquiert que par l’éveil et la vigilance d’un peuple.
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