Ce fut un temps pas très lointain où Nabil Karoui, l’affairiste le plus tristement célèbre de Tunisie, poursuivi dans des affaires de corruption, d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent via sa «chaîne» ou son arme médiatique Nessma TV, tenait en laisse toute la classe politico-affairiste tunisienne. Des islamistes aux gauchistes, tous étaient à ses pieds et ne voulaient pas l’avoir sur le dos. Sa méthode, concocter des plateaux à sens unique contre ses détracteurs ou ceux qui ne le servent pas et lâche ses «chroniqueurs» s’acharner sur eux. La capacité de nuisance de l’affairiste est de grande notoriété. Et ses ambitions incommensurables… Vidéo.
Par Imed Bahri
En effet, l’homme qui souffre de la folie des grandeurs et qui ne se mettait aucune limite à ce qu’il faisait, d’où ses déboires avec la justice, se rêvait en président de la république («Béji Caïd Essebsi ou rien», disait-il), mais tous ses rêves tombèrent à l’eau, puisqu’il a été battu à plates couture par Kaïs Saïed au second tour de la présidentielle par 72,71% des suffrages pour l’actuel locataire du Palais de Carthage, contre «seulement» 27,29 % pour lui, malgré le report des voix dont il a bénéficié de la part des éternels idiots utiles de la droite libérale.
Après la grandeur, la décadence…
Aujourd’hui, qu’il semble lointain ce temps-là! Son protecteur Béji Caïd Essebsi n’est plus là pour le protéger. Son père de substitution, Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha, qu’il a longtemps présenté comme son pire ennemi avant d’en faire, grâce aux voix des députés issus de son parti, Qalb Tounes, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), sans se soucier de la trahison de ses électeurs, est lui aussi aux abois.
Après la grandeur, la décadence. Nessma, sa chaîne diffusant illégalement ses programmes depuis 2014 (car non autorisée par la Haica, l’instance de régulation audiovisuelle) fait moins de bruit, beaucoup moins de bruit. Quant à lui, il n’a pas seulement fait profil bas; il a complètement disparu de la circulation. Il se terre. Et personne n’en parle. C’est visiblement ce qu’il cherche : se faire oublier, un plaisir que nous ne le lui ferons pas. Par devoir de… mémoire. Et pour que les idiots qui lui ont donné leurs voix, ainsi qu’à son parti, un ramassis d’opportunistes, se rappellent toujours de leur bêtise. Aussi, nous posons-nous la question qui brûlent toutes les lèvres : Où est passé Nabil Karoui et son frère, associé et complice dans toutes les casseroles qu’il traîne, Ghazi Karoui ? Pourquoi se terrent-il? ont-ils des choses à se reprocher que nous ne sachions déjà?
Les dirigeants de Qalb auxquels vous posez ces questions, vous répondent qu’ils ne savent pas où il se trouve, en Tunisie ou à l’étranger, restent très évasifs à son propos, mais tiennent à souligner qu’ils sont encore en contact avec lui. Une manière de ne pas perdre totalement la face et paraître ridicules.
L’arrivisme et les paillettes qui vont avec
Dans tous les cas, qu’il semble lointain le temps où le patron de Nessma TV paradait tel une rock-star le jour de la fête nationale de l’Algérie à la résidence de l’ambassadeur de ce pays voisin, où il avait aussi ses «attaches», aux Berges du Lac de Tunis.
L’homme d’affaires et d’influence Kamel Eltaïef l’embrasse et s’affiche fièrement avec lui; le président d’Ennahdha Rached Ghannouchi lui chuchote à l’oreille, le très gauchiste Hamma Hammi (un habitué de Nessma TV) lui serre chaleureusement la main et son épouse Radhia Nasraoui le prend carrément dans ses bras; les deux dirigeants islamistes «londoniens» Lotfi Zitoun et Hachemi El-Hamdi papotent avec lui; le journaliste Samir El-Wafi se fait aimable à son passage, tel un bon courtisan, et le dirigeant syndicaliste feu Bouali Mebarki plaisante avec lui…
Karoui représente et symbolise tout le le système politico-affariste corrompu post-14 janvier 2011 et aujourd’hui il incarne le crash de ce système dont les Tunisiens sont heureux de s’en être débarrassés et préfèrent l’enterrer le plutôt possible.
Avec Lotfi Zitoun (capture d’écran). Avec Bouali Mebarki (capture d’écran). Avec Sami El-Wafi (capture d’écran).
Grandeur et décadence. Espère-t-il que la perspective ouverte par le coup de force du 25 juillet 2021 capote et que sa bête noire Kaïs Saïed ne réussisse pas pour sortir sde son trou et reprendre sa place au milieu de la scène? Sans aucun doute mais il peut toujours rêver et surtout passer son temps dans sa tanière à se remémorer son quart d’heure de gloire appartenant désormais au passé. Tout est éphémère surtout l’arrivisme et les paillettes qui vont avec.
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