Le président de la république, Kaïs Saïed n’a pas apprécié les «inquiétudes» exprimées par les Etats du G7 et certaines organisations internationales suite à sa décision de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Et il fait savoir, en des termes fermes. Vidéo.
Le président Kaïs Saïed a appelé, mercredi 9 février 2022, certains pays et organisations qui ont critiqué sa décision de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), à «faire attention à leurs positions… car la Tunisie n’est pas un verger ou un jardin, mais un État souverain qui œuvre pour une société de droit.»
Selon la séquence vidéo de sa rencontre mercredi avec le ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, publiée sur la page officielle de la présidence, Saïed a souligné que «certaines capitales et organisations sont préoccupées par la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature, mais ils n’étaient pas préoccupés par l’absence de justice en Tunisie ou par les milliards qui ont été dépensés et dont on ne connaît pas le sort», par allusion à la corruption qui gangrène la vie politique en Tunisie et où certains magistrats sont impliqués.
«Nous sommes également préoccupés par leurs préoccupations, car nous ne sommes pas un peuple sauvage, ni un élève qu’on note et qu’on classe. Nous sommes un État souverain et nous connaissons mieux qu’eux les équilibres, les traités et les accords internationaux, et nous sommes attachés à l’idée de liberté, de démocratie et de justice», a poursuivi le président.
Le président de la république a ajouté que ceux qui expriment leur inquiétude face à la dissolution du CSM connaissent très bien les abus qui ont eu lieu, ainsi que les assassinats et l’atteintes à l’argent public, «Et ils n’ont pas exprimé leur inquiétude sur ces questions», a-t-il commenté… Notant, dans ce contexte, que le Conseil des ministres examinera lors de sa prochaine réunion, jeudi, un texte relatif au contrôle des dons reçus par la Tunisie, dont le sort est inconnu.
Le chef de l’Etat a rappelé sa conception selon laquelle «la magistrature est une fonction» et que «l’indépendance ne signifie pas le sabotage de l’appareil judiciaire de l’intérieur», annonçant que le conseil des ministres examinera aussi un texte relatif au Conseil provisoire de gestion de l’appareil judiciaire.
La ministre de la Justice, Leila Jaffel, a confirmé dans un communiqué à l’issue de son entretien, mercredi, avec le président de la république, que le chef de l’Etat avait insisté, lors de l’entretien, sur «la nécessité préserver le Conseil supérieur de la magistrature» et «son souci de revoir la loi régissant le Conseil, de manière à garantir les droits des juges et à les aider à exercer leurs fonctions au mieux de leurs capacités, et de manière à permettre aux justiciables de jouir pleinement de leurs droits.»
Mme Jaffel a expliqué que le chef de l’Etat a insisté «sur le maintien du Conseil supérieur de la magistrature en tant qu’institution constitutionnelle garante de l’indépendance du pouvoir judiciaire». Il a également souligné, selon le ministre, que «le processus de révision de la loi régissant le conseil sera démocratique et participatif, et permettra de garantir la justice pour tous».
Samedi soir dernier, le président de la république avait annoncé la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature.
I. B. (avec Tap).
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