Les frontières de la Tunisie sont celles du monde libre et démocratique. Si elles tombent, les groupes terroristes seront aux portes de l’Europe.
«La Tunisie est aujourd’hui en état de guerre», a déclaré le président de la république Béji Caïd Essebsi, dans son adresse aux Tunisiens, dans la soirée du samedi 4 juillet 2015, tout en plaidant pour une mobilisation populaire contre le terrorisme.
«Le terrorisme a gagné nos villes», s’est alarmé le chef de l’Etat. «Si la Tunisie est menacée, c’est parce qu’elle a instauré un Etat civil et s’est dotée d’un régime républicain», a-t-il ajouté.
«Sérieusement menacée par l’Etat islamique (Daêch), la Tunisie soutient un modèle diamétralement opposé aux hypothèses défendus par cette organisation terroriste», a-t-il expliqué, avant de décréter l’état d’urgence dans l’ensemble du territoire du pays pendant un mois, du 4 juillet au 2 août 2015.
Cette décision a été prise une semaine après l’attentat de Sousse, qui a fait 38 morts parmi les touristes étrangers, et en raison de la persistance de la menace terroriste dans le pays.
Tout en réaffirmant l’engagement de la Tunisie à lutter contre le terrorisme dans le strict respect de la liberté d’expression et de la presse et des droits de l’homme, le chef de l’Etat a appelé ses compatriotes à prendre en considération les menaces terroristes pesant sur le pays lors de l’exercice de leurs droits et libertés. Une manière de rappeler à certaines forces politiques et, surtout, aux médias, leur rôle dans la préservation de l’unité nationale et le renforcement du front intérieur dans la lutte antiterroriste.
Le chef de l’Etat a aussi souligné la propagation du fléau terroriste dans les pays arabes, tout en mettant en garde contre la situation précaire qui prévaut en Libye et ses conséquences sur la Tunisie. «La Libye n’a plus un Etat. Désormais contrôlée par des groupes armés en conflit, elle est également dominée par des acteurs régionaux et internationaux qui cherchent, chacun, à imposer un agenda bien déterminé», a expliqué M. Caïd Essebsi.
Le président de la république a mis l’accent, dans le même contexte, sur les difficultés auxquelles fait face la Tunisie dans la protection de ses frontières avec la Libye.
«La protection et la sécurisation de plus de 500 kilomètres de frontières avec la Libye exigent la mobilisation de grands moyens et de matériels modernes dont la Tunisie ne dispose pas aujourd’hui», a-t-il souligné, comme pour solliciter l’aide des partenaires internationaux de la Tunisie, qui multiplient les promesses mais se montrent parcimonieux en matière d’aide militaire. D’où cet avertissement du président de la république, qui a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale dans la lutte antiterroriste: «Aucun pays n’est à l’abri de la menace terroriste».
En d’autres termes, les frontières de la Tunisie sont celles du monde libre et démocratique. Si elles tombent, les groupes terroristes seront aux portes de l’Europe.
I. B.
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