Lors du concert d’Akon, dimanche soir, à Carthage, la scène s’est déplacée dans les gradins survoltés, au grand désespoir des agents de sécurité, débordés.
Par Hamadi Abassi
Son nom de scène Akon vient du mot anglais «Konviet» («convied») qui signifie détenu, le chanteur l’aurait choisi après avoir purgé une peine de 3 ans en taule pour vol de voitures.
Sous des allures désinvoltes matinées d’une prompte dégaine, cette méga star du RnB et de la pop aux Etats-Unis surfe sur les succès planétaires qui lui valent une réelle vénération auprès de ses fans. En invitant cet artiste surdoué, le Festival de Carthage s’offre une affiche de rêve, un plateau remarquable qui répond à l’attente d’une jeunesse tunisienne en quête de nouvelles sonorités et de musiques conformes à ses goûts.
Porté par le souffle puissant d’un public acquis.
A la rencontre d’un public impatient
D’origine sénégalaise, l’artiste baigne depuis son enfance dans une ambiance musicale et s’imprègne très tôt de la culture hip-hop qui sera déterminante pour la suite de sa carrière tumultueuse.
Recruté par Wyclif Jean pour intégrer le collectif All Star, il participe à l’album ‘‘The Score’’ des Fugees avant de quitter le groupe pour entamer une carrière en solo. Il signe un contrat avec la firme Universal qui lui produit son premier album ‘‘Trouble’’, qui connait un succès immédiat.
Son troisième album ‘‘Konvieted’’ paru en 2006 devient disque platine; une reconnaissance qui lui vaut de récolter un American Music Awards dans la catégorie Artiste masculin RnB Soul.
Après l’album ‘‘Freedom’’ certifié rapidement Disque d’Or, Akon enregistre ‘‘Sexy Bitch’’ avec David Guetta qui connaitra un succès planétaire.
Porté sur les épaules d’un assistant, la star américaine effectue un tour d’honneur dans l’orchestre survolté.
Précédé par une campagne de marketing considérable, la star Akon vient à Tunis à la rencontre d’un public impatient, friand de cette musique urbaine mêlant RnB, hip-hop et rap. Un rendez-vous placé sous haute surveillance sécuritaire avec tous ces policiers en armes et ces nombreuses voitures de police aux abords de l’amphithéâtre. Une présence banalisée depuis, qui ne dérange plus personne et fait partie du paysage de Carthage.
Sans excitation particulière, les gradins du théâtre romain ronronnaient d’aise en attendant le rituel de l’hymne national tunisien, qui annonçait le début du concert assumé par un DJ. Juché sur le muret du fond de scène un danseur rappelle par un slogan explicite en anglais peint sur son buste nu qu’Akon aime la Tunisie. C’est bon à savoir.
Des instants d’expectative pour jauger les aptitudes du public qui ne demandait qu’à décoller.
Par cette scénographie minimaliste, le secret demeurait entier, et ce n’est pas l’écran de fumée craché dans la nature qui y changeait quelque chose.
La planète Akon se faisait désirer exaspérant le public, impatient d’emprunter des trajectoires exaltantes en quête d’un plaisir sublimé.
La star prend en main son concert, en alternant les titres musicaux parfaitement rodés.
Groupies déchainées et chanteur complaisant
Alerte et souriant, son micro à la main, porté par le souffle puissant exprimé par un public soulagé, l’immense star de la musique afro vient prendre en main son concert, en alternant les titres musicaux parfaitement rodés, sans réellement faire adhérer son public.
Akon n’est pas un musicien ordinaire mais un faiseur de succès capable d’effectuer les alchimies les plus improbables, pour un résultat truffé d’innovantes trouvailles.
Rapidement, il passe à la puissance supérieure en prenant un méga bain de foule parmi un public exalté. Le show pouvait alors recommencer! Décapant!
Porté sur les épaules de l’un de ses assistants, la star américaine effectue un tour d’honneur dans l’orchestre survolté, afin de permettre à ses fans de l’approcher et de le toucher. Un privilège pour cette foule anonyme et ces groupies déchainées, qui assaillent littéralement le chanteur complaisant.
Le public de tous âges invité sur scène.
Subitement, la scène se déplace dans les gradins survoltés où les spectateurs deviennent des actants passifs d’un show grotesque et dangereux, au grand désappointement des agents de la sécurité du festival, carrément débordés.
Akon jubile et semble prendre complètement son pied en désertant la scène, pour un podium improvisé parmi un public inconscient des risques. En grand professionnel, la star qui se produit d’habitude dans des stades gigantesques gère parfaitement la situation en continuant de chanter de cette position.
Conquis par cet époustouflant tour de force, les moutons qui encombraient les gradins du théâtre romain pouvaient continuer de bêler.
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