Entretien avec Riadh Azaïez, DG de l’agence de communication ‘‘AZ.Com’’, organisateur du salon Bativoire, du 7 au 10 septembre, à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Propos recueillis par Wajdi Msaed
Kapitalis : Quels en sont les ambitions du salon Bativoire que vous organisez avec le Cepex?
Riadh Azaïez : Nous organisons la 3e édition du salon suite aux résultats probants réalisés par les deux précédentes (en 2012 et 2014). Je saisis l’occasion pour saluer tous les opérateurs tunisiens qui y ont participé et à toutes les institutions tunisiennes et ivoiriennes qui nous ont soutenus et encouragés.
Je dois dire qu’après 10 ans de ralentissement économique, la Côte d’Ivoire réalise, aujourd’hui, un taux de croissance des plus attractifs atteignant 9%, ce qui fait de ce pays un immense chantier de travail où les ouvrages se multiplient. Et pour cause: le secteur du bâtiment enregistre, dans ce pays, un déficit de 400.000 clés. Pour répondre à ces besoins sans cesse croissants, les opérateurs économiques du secteur des infrastructures et du bâtiment accourent du monde entier.
Les Tunisiens, quant à eux, capitalisent sur les réussites du groupe Soroubat en Côte d’Ivoire et s’organisent pour effectuer une prospection collective avec, bien entendu, l’appui du Cepex.
Aujourd’hui, nous frappons, de nouveau, à la porte du gouvernement ivoirien en espérant un soutien politique permettant à nos opérateurs de contribuer à la construction de la nouvelle Côte d’Ivoire. Nous devons saisir cette opportunité, d’autant que ce pays est très accueillant et la balle est dans notre camp
Riadh Azaiez.
Quels sont les secteurs ciblés par le salon?
Tous les métiers annexes au bâtiment sont concernés à commencer par les bureaux d’études et de contrôle, les bureaux d’architecture, les entreprises de travaux publics, les promoteurs immobiliers, les constructeurs d’engins de travaux publics, les fabricants de matériaux de construction (aluminium, PVC, marbre, carrelage, faïence, robinetterie, accessoires électriques, cuisines équipées, mobilier…)
Lequel de ces secteurs a le plus de chance de s’implanter durablement en Côte d’Ivoire ?
Tous ces secteurs, qui seront représentés à la 3e édition de Bativoire, ont une véritable chance de nouer des contacts d’affaires et de réussir sur le marché de la Côte d’Ivoire. Ce marché est vaste, extensif et ouvert à tous ceux qui ont fait leurs preuves sur le marché tunisien et qui manifestent un véritable engagement sur la Côte d’Ivoire en faisant acte de candidature pour une implantation locale. La proximité économique est, en effet, un facteur déterminant.
Quelles sont les clés de la réussite en Côte d’Ivoire?
Il y a, d’abord, le facteur politique. La présence à ce salon du ministre de l’Equipement, Med Salah Arfaoui, et de celle du secrétaire d’Etat à l’Habitat, Anis Ghedira, sera déterminante dans sa réussite.
Et puis nous sommes engagés, depuis des années, en vertu d’un contrat public-privé avec le Cepex, qui s’acquitte plus que correctement de ses responsabilités.
Toutefois, les mécanismes d’aide à la promotion dédiés aux opérateurs économiques devraient être simplifiés en vue d’assurer davantage d’efficience et de célérité.
Reste que la meilleure clé de la réussite réside dans le comportement des opérateurs eux-mêmes. Ils doivent se présenter sur ce marché de manière collective et non en rangs dispersés. Ils doivent constituer des groupements d’intérêt économique et agir de façon collégiale.
Nos frères marocains nous donnent l’exemple à cet égard : c’est grâce à cet esprit collégial qu’ils ont pris de l’avance sur nous et se sont frayé une bonne place sur les marchés du continent.
Photo souvenir des exposants tunisiens au Bativoire 2014 avec le Premier de Côte d’Ivoire.
Si l’on devait préconiser un plan d’action simple, pratique et efficace en direction de l’Afrique subsaharienne, comment le résumeriez-vous ?
Je proposerais à l’autorité politique de favoriser l’implantation d’une banque privée tunisienne en Côte d’Ivoire. Cet établissement aurait pour charge d’accompagner une liste de 10 opérateurs immobiliers dont l’expertise et la réussite sur le marché tunisien sont avérées.
Grâce au soutien politique, ces promoteurs pourront accéder à une assiette financière saine à Abidjan et entamer leurs travaux dans les meilleurs délais. Et comme ces promoteurs agissent traditionnellement en collaboration avec des architectes et des bureaux d’études tunisiens et s’approvisionnent, la plupart du temps, en Tunisie, cela pourrait constituer un levier important pour impulser nos exportations de biens et services sur les destinations africaines subsahariennes.
On dit généralement que «quand le bâtiment va tout va». On pourrait affirmer, dans ce cas précis, que la promotion immobilière serait la meilleure locomotive pour l’implantation des entreprises tunisiennes en Côte d’Ivoire, à condition, comme on l’a dit, de s’appuyer sur une volonté politique claire et affirmée.
Etes-vous réellement optimiste quant aux chances de réussite des entreprises tunisiennes au sud du Sahara ?
Historiquement, Carthage a été présente 5 siècles avant notre ère dans l’actuel golfe de Guinée. Rien donc ne s’oppose, aujourd’hui, à notre repositionnement en Afrique subsaharienne.
En ce qui nous concerne, nous militons depuis plusieurs années pour l’émergence d’un espace économique africain où la liberté de circulation des hommes, des marchandises et des capitaux serait une réalité pour tous les peuples du continent. L’Afrique, notre mère nourricière, est aussi notre passion à tous.
Donnez votre avis