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La Hongrie veut collaborer avec la Tunisie pour le contrôle des frontières

Magyar-Levente

La lutte contre l’immigration clandestine est au centre de la visite en Tunisie de Magyar Levente, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères hongrois. Entretien.

Propos recueillis par Zohra Abid

Kapitalis : Quel est l’objet exact de cette visite éclair?

Magyar Levente : Notre visite s’inscrit dans le cadre des relations de coopération bilatérale tuniso-hongroise dans les domaines économique et politique.

Nous cherchons à entretenir d’excellentes relations bilatérales avec les 3 pays du Maghreb central. Hier j’étais en Algérie, aujourd’hui je suis en Tunisie et demain je serai au Maroc. Notre but est de repenser les relations avec ces pays.

J’ai rencontré, aujourd’hui, Slim Chaker, ministre des Finances, puis le secrétaire d’Etat chargé des Affaires étrangères Mohamed Zine Chlaifia, et ensuite Najem Gharsalli, ministre de l’Intérieur.

Nous avons discuté de notre future collaboration que nous souhaitons étroite. Nous avons toujours eu une franche amitié avec la Tunisie, qui est, pour nous, un partenaire privilégié dans la région et nous comptons sur ce pays pour lutter notamment contre le terrorisme et l’émigration clandestine.

La police hongroise a eu recours à la force, le 16 septembre dernier, pour gérer les flux de réfugiés syriens. Que répondez-vous à ceux qui critiquent aujourd’hui votre gouvernement ?

Il faut dire qu’il y a eu beaucoup de manipulation voire une très mauvaise description de la situation par les médias.

Nous avons accueilli plus de 300.000 réfugiés dont 75% sont des jeunes garçons. La situation était vraiment ingérable. Nous avons l’obligation vis-à-vis de l’Union européenne dont nous sommes membres de protéger nos frontières et d’enregistrer les noms de tous les réfugiés qui doivent passer par les 7 passages légaux sur les 150km de nos frontières avec la Serbie.

Ces réfugiés, qui n’ont aucun papier sur eux, et dont il est impossible de déterminer les origines, préfèrent passer clandestinement et ne pas passer par le bureau d’enregistrement avant de se diriger vers d’autres pays européens. La situation était devenue incontrôlable. Aussi a-t-on dû poser une clôture en barbelés. Quelques centaines de réfugiés l’ont défoncée et se sont attaqués aux policiers en leur jetant des bouteilles, des pierres, etc. Nous avons aujourd’hui 14 policiers gravement blessés.

Pour faire face à la situation, la police a réagi par des canons à eau et des tirs de gaz lacrymogène.

La plupart des jeunes immigrés, qui disent fuir la guerre, ne cherchent pas, en fait, la sécurité et la survie, mais une certaine qualité de vie. Ils veulent s’installer en Allemagne ou ailleurs où il fait bon vivre.

Ces vagues d’émigrants ne vont pas finir demain ou après-demain et nous devons unir nos forces pour trouver des solutions.

Magyar-Levente-et-Zoltan-Szentgyorgyi

L’ambassadeur Zoltan Szentgyörgyi et Magyar Levente.

Que propose la Hongrie dans ce contexte ?

Nous avons dit au conseil de l’UE que le nombre d’émigrants ne va pas atteindre seulement 1 ou 2 millions et qu’il dépassera, peut-être, ce chiffre. On n’en sait rien au jour d’aujourd’hui. Les vagues se succèdent par milliers tous les jours et tous sont sans papiers et tous peuvent être n’importe qui et faire n’importe quoi.

Nous avons proposé officiellement à l’UE qu’elle accorde 1% de son budget pour financer les pays de la région qui accepteraient d’accueillir ces réfugiés et leur offrir un logement et une vie digne.

Qu’attendez-vous des pays du Maghreb en général et de la Tunisie en particulier ?

Aujourd’hui, il n’y a pas d’Etat en Libye et l’Europe est plus que jamais menacée par de nouveaux arrivants en provenance d’Afrique du Nord. Nous souhaitons une collaboration étroite avec la Tunisie, l’Algérie et le Maroc pour le contrôle des frontières.

La Turquie, la Jordanie et le Liban sont aussi concernés par le contrôle des frontières et par l’accueil des réfugiés.

* L’entretien a été réalisé mardi 6 octobre 2015, au siège de l’ambassade de Hongrie à Tunis, en présence de l’ambassadeur Zoltan Szentgyörgyi.

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