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Erreur médicale : Une enfant perd la vue, la parole et les jambes

Mme Ibtissem Jebali Dogui et sa fille Meriem

Une maman accuse la clinique Les Berges du Lac d’une erreur médicale ayant fait perdre à sa fille l’usage des jambes, de la parole et de la vue…

Cela s’est passé en août 2014 et si Ibtissem Jebali Dogui (la mère de l’enfant) a décidé de médiatiser l’affaire aujourd’hui, c’est parce qu’elle se trouve plongée dans une bataille juridique avec la clinique qui refuse d’admettre l’erreur médical ou même simplement de coopérer pour que la justice procède aux investigations.

Elle appelle, par ailleurs, le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, à intervenir.

Rappel des faits : Meriem, la fille d’Ibtissem, 14 mois, a été hospitalisée suite à une pneumonie avec myocardite dilatée à l’hôpital la Rabta de Tunis. Après 10 jours, les médecins ont demandé aux parents une IRM pour s’assurer que le cœur de la petite n’a pas été atteint.

Munis d’une lettre de liaison de l’hôpital, les parents sont allés à la clinique Les Berges du Lac, accompagnés de Meriem et de leur proche Aroussia Khelifi, retraitée du domaine médical, pour finir les examens demandés par les médecins.

«Meriem, jouait, marchait et rigolait lorsque nous sommes arrivés à la clinique. Mais on nous a demandé de patienter quelques heures car elle n’était pas à jeun. Quand l’anesthésiste a récupéré ma fille. Elle dormait et il ne m’a pas laissé le temps de la réveiller», a confié Mme Dogui à Kapitalis.

Meriem

Mme Khelifi, qui  a accompagné l’enfant témoigne: «L’anesthésiste n’a fait aucune vérification ni contrôle et en quelques secondes il a allongé la petite et lui a mis le masque fluothane. Il ne cessait de répéter que la petite n’a pas de branule voie de bord (appareil fixé à une veine du malade pour lui administrer les médicaments, Ndlr). Il l’a allongée et a eu de la peine à trouver une veine pour la piquer».

C’est alors que Meriem est devenue toute blanche et a perdu conscience, des signes d’anoxie cérébrale qui ne trompent pas, raconte Mme Khelifi, ajoutant qu’il n’y avait pas de réanimateur disponible et qu’il a fallu attendre longtemps, avant que les médecins annoncent aux parents que l’enfant a sombré dans le coma.

Un mois après l’incident, les parents ne parviennent plus à payer la clinique et décident de transférer Meriem, à bord d’un véhicule médical spécialisé, à l’hôpital Sahloul à Sousse où ils habitent et où elle passera encore 20 jours dans le coma et près d’un mois en soins.

«A son réveil, Meriem a perdu l’usage de ses jambes. Elle ne parlait plus et ne voyait plus. Ils ont fait du mal à ma fille et aujourd’hui ils n’assument pas leurs responsabilités», raconte Ibtissem: «Depuis plus d’un an, je ne travaille plus pour pouvoir accompagner ma fille qui fait des efforts et s’améliore mais qui est sérieusement affectée par cette tragédie. Toute la famille souffre et l’affaire traine en justice».

La maman accuse D. Allouche, le médecin de l’hôpital Charles Nicolle, désigné par la justice pour analyser le cas de Meriem, de n’avoir pas pris le temps d’examiner sa fille et de refuser de lui donner rendez-vous depuis plus de 4 mois.

Meriem-Ibtissem-Jebali-2

«Comment voulez-vous que je ne pense pas qu’on essaie de gagner du temps pour faire noyer mon affaire, espérant peut-être que j’abandonne entre temps, d’autant que Mongi Zitouni, l’anesthésiste, a été convoqué par la justice pour une confrontation avec notre témoin, Mme Khelifi, mais il ne s’est pas présenté. Pire encore, il ne travaille plus à la clinique Les Berges du Lac, et les responsables prétendent ne pas avoir ses coordonnées… Aucun représentant de la clinique n’a daigné faire le déplacement et expliquer à la justice ce qui s’est passé», a indiqué la mère de Meriem.

Mme Ibtissem Jebali Dogui ajoute: «Comment voulez-vous que je crois en leur bonne foi quand je sais que c’est cette même clinique qui est accusée d’erreur médicale par les parents de Mohamed Amine, ayant perdu lui aussi la vue et l’usage de ses jambes après une circoncision en novembre 2014 . Ses parents se battent encore pour que justice soit faite».

Mme Jebali Dogui dit qu’elle ne lâchera pas et qu’elle fera de ce drame le combat de sa vie : «Ma fille est victime d’un manque de professionnalisme. Je veux médiatiser l’affaire et les dénoncer pour que des cas pareils ne se reproduisent plus et que nous arrêtions de passer sous silence les erreurs médicales», a souligné la maman. Et d’ajouter à l’adresse de Saïd Aïdi: «Monsieur le ministre, je me tourne vers vous, comme une dernière chance et vous prie de vous saisir du dossier et d’ordonner une enquête sérieuse pour déterminer les responsabilités de chacun dans cette affaire. L’impunité est la première cause de la récidive».

Y. N.

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