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La Fondation Biat aux petits soins pour les enfants de Béja

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Deux clubs d’enfants réaménagés par la Fondation Biat pour la jeunesse ont été inaugurés mercredi 2 mars 2016, à Goubellat et Medjez El-Bab.

Par Zohra Abid

Créée en mars 2014 à l’initiative d’Ismaïl Mabrouk, président du conseil d’administration de la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat), la Fondation Biat pour la jeunesse (FBJ), se donne pour mission notamment de lutter, à travers l’éducation, la culture et les loisirs, contre l’exclusion et les inégalités sociales.
C’est dans ce cadre qu’elle a lancé, en partenariat avec le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, plusieurs actions socio-culturelles dans les régions intérieures.

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Les fruits des actions ont commencé à être cueillis en ce début de 2016 avec l’achèvement des travaux engagés dans certaines institutions et leur équipement, notamment dans la région de Béja.

Usines fermées, chômage en hausse

Goubellat, mercredi 2 mars. Le ciel était couvert d’une épaisse écharpe de nuages et la température frisquette. Ceci n’a pas empêché les villageois d’être au rendez-vous pour l’inauguration du club pilote que vient d’aménager et équiper la FBJ. C’était l’occasion aussi pour faire part à la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Samira Meraï, de leurs problèmes, et ce dès son arrivée au siège de la délégation.

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Goubellat compte 17.000 habitants (dont 15.000 dans les zones rurales), 11 écoles primaires, 2 collèges et 1 lycée. Ici, le chômage est très élevé (28,2% contre une moyenne nationale de 15%) et plus de 35% des habitants vivent dans la nécessité.

Selon Hatem Kalaï, président de l’Association des Fans de Beja, le niveau de vie des citoyens tire de plus en plus vers le bas, surtout après la fermeture, au lendemain de la révolution de janvier 2011, de plusieurs usines dans cette région agricole. Selon lui, sur les 28 usines qui existaient il y a quelques années, seules 4 sont encore actives dans cette région, «qui manque aujourd’hui horriblement d’investissements».

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Hichem Arfaoui, président de l’association Al Amal sportif de Goubellat, confirme cette situation de désagrégation du tissu socio-économique dans la région. Ce jeune âgé de 30 ans et qui a étudié l’informatique dans les grandes écoles de Tunis, a préféré rentrer au bercail et s’investir à Goubellat. «Face à cette situation, j’ai choisi de me rendre utile, devenir agriculteur et abandonner mon métier de webmaster. Je suis pour le moment à mes débuts mais je pense que ça ira. Je m’occupe, en parallèle, et c’est à mes propres frais, de 150 jeunes joueurs. Mais mon budget de jeune investisseur qui vient juste de démarrer reste très insuffisant pour faire davantage et notamment construire une salle de sports», explique Hichem, qui lance un appel aux hommes d’affaires de la région pour lui venir en aide. «Une salle de sports veut dire aussi un espace d’encadrement et il n’y a pas mieux qu’un enfant de la région pour le faire», souligne-t-il.

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L’avenir est dans les prés

La ministre Merai, qui a prêté l’oreille à tout le monde, était venue pour annoncer de bonnes choses, surtout pour les femmes qui, faute de financement, n’ont pas pu monter leurs petits projets. Il y aura, dans chaque région du pays, une aide pour 100 projets de PME. Les bénéficiaires auront un crédit bancaire à taux d’intérêt zéro remboursable sans majoration aucune, rappelle-t-elle.

«En ce qui concerne les enfants, qui sont aujourd’hui notre priorité, nous sommes sur un certain nombre de projets d’encadrement avec notamment des partenaires privés comme la Biat et sa fondation, qui est aujourd’hui d’une grande aide au niveau des régions», a-t-elle ajouté.

Tahar Sioud, président de la FBJ, a rappelé, de son côté, que 12 institutions spécialisées dans l’encadrement de l’enfance ont été jusque-là prises en charge par sa fondation, «et ce n’est qu’un début», a-t-il souligné.

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Parmi les gouvernorats ayant déjà bénéficié des aides de la FBJ, il y a Mahdia, Kasserine, Zaghouan et Béjà. «Les projets coûtent à la fondation plus de 2 millions de dinars par an. En ce qui concerne les élèves démunis, la fondation en a choisi une cinquantaine des plus brillants ayant plus de 18 de moyenne, et qui seront pris en charge et à tous niveaux à l’université. Une fois ils ont terminé leurs études, la fondation les aidera à trouver du travail en les accompagnant pour monter leurs propres projets», a enchaîné Tahar Sioud.

Le vice-président de la FBJ, Malek Ellouze a ajouté que la fondation s’occupe de l’aménagement des espaces et assure également la fourniture de livres, d’ordinateurs, de matériels et fournitures et matériels artistiques, ainsi que des jeux de plein air.

Bientôt un web radio pour les enfants

Le club inauguré à Goubellat a tout pour plaire aux petits. Les plus sportifs ont investi le terrain de handball où 2 animateurs s’occupent d’eux. D’autres ont trouvé de la joie en jouant dans des balançoires. D’autres ont préféré des activités artistiques et culturelles dans des espaces fermés et bien équipés. «Moi, j’aime la danse»; «Moi le théâtre Madame»; «J’aime faire de la musique»; «J’adore l’électronique»…, c’est ainsi que les petits de Goubellat ont répondu, le doigt levé, aux questions de Samira Meraï.

Grâce au soutien de donateurs privés, son département fera tout ce qui est possible pour répondre aux attentes des enfants de Goubellat et de leurs voisins de Amdoun, de Béja nord, de Maagoula et de Thibar, qui vont avoir, eux aussi, très bientôt, leurs clubs culturels.

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«Dans la plupart de ces régions rurales de Béja, 22,7% seulement des enfants fréquentent les jardins d’enfants. Il était temps de nous occuper de cette petite enfance, car c’est à cet âge que la personnalité du futur citoyen se construit. Il y aura bientôt des jardins d’enfants publics équipés et des clubs comme celui de Goubelat et de Medjez El-Bab que nous allons inaugurer également aujourd’hui. Dans ces zones rurales, nous ne voyons pas non plus des crèches», a souligné la ministre.

«Dans un mois, 11 clubs mobiles seront déployés dans les régions reculées. Ils planteront leurs tentes pendant 2 à 3 jours dans une zone où des animateurs encadreront des activités culturelles et ludiques destinées aux enfants», explique Mme Meraï. Elle ajoute : «Nous avons prévu pour les enfants de Goubellat un web radio. Nous voulons que les enfants animent leurs propres émissions et dialoguent entre eux. On s’est mis d’accord avec la radio régionale du Kef dont les journalistes passeront ici une fois par semaine. Notre objectif est de ne pas perdre contact direct avec ces enfants. Car, il est inadmissible de voir aujourd’hui les enfants déscolarisés écartés de l’univers éducatif et carrément exclus. Aussi les clubs doivent-ils être ouverts à tous les enfants, sans aucune distinction», a insisté la ministre. Qui a pris le temps d’apprécier les travaux de jardinage effectués par les enfants dans un jardin s’étendant sur 1000 m2.

Tous les enfants âgés de 6 à 15 ans fréquentant le club ont eu droit, ce jour-là, à un cadeau offert par la fondation mécène : un sac à dos, un jogging à la taille de chacun et 2 livres de lecture, l’un en arabe et l’autre en français.

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Cap sur les ressources humaines

A Medjez El-Bab, un autre club a été inauguré le même jour. Il est également parrainé par la FBJ et doté des équipements nécessaires (ordinateurs, livres, jeux…). Un petit tour dans les lieux puis tout le monde s’en va. Direction : l’Ecole supérieure des ingénieurs de l’équipement rural de Medjez El-Bab où les futurs ingénieurs ont accueilli le cortège ministériel. Un stand a accroché l’attention des visiteurs, celui de la marque d’harissa Sicam. Et pour cause : «50% de ressortissants de cette école travaillent chez Sicam. Cette année, nous avons lancé de nouvelles boîtes qui s’ouvrent automatiquement et qui s’empilent facilement dans les rayons des magasins. L’usine se trouve aussi dans la région et fait travailler plus de 50% des techniciens sortis de cette école», explique une jeune ingénieur à Kapitalis.

Dans cette région dotée d’une terre fertile, il y a encore beaucoup à faire. Il faut donc investir énormément, et surtout en matières de ressources humaines. Pour donner l’exemple, le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance va recruter une cinquantaine de commissaires régionaux pour la protection de l’enfance. «Un concours aura lieu ce dimanche au Campus de Tunis. Nous avons reçu plus de 7000 demandes. On  a retenu 5.500 candidats. Les 50 gagnants du concours chapeauteront les institutions de l’enfance dans les régions», a indiqué à Kapitalis Lotfi Belazi, administrateur, conseiller-directeur de l’animation socio-éducative et des loisirs au ministère.

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