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Berlin : Bouchamaoui revient sur l’expérience du dialogue national en Tunisie

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«La société civile tunisienne est l’antidote et l’alternative à toutes les formes de terrorisme», a déclaré Wided Bouchamaoui, en visite à Berlin, en Allemagne.

La fondation allemande Konrad Adenauer a organisé du 8 au 10 novembre courant, à Berlin, une conférence internationale intitulée : «Rôle de la société civile en Afrique du nord dans l’ouverture de la voie vers la démocratie».

Invitée à cet événement international, la Présidente de l’Utica, Wided Bouchamaoui a donné une conférence ayant pour thème : «Le rôle de la société civile tunisienne, inspiration pour l’Afrique du nord».

Mme Bouchamaoui a entamé son intervention en déclarant que l’expérience menée par le Quartet du dialogue national, récompensée par l’obtention du Prix Nobel de la Paix 2015, est une réussite mais il est souvent difficile de réécrire une success story. Elle a ajouté qu’en prenant appui sur l’expérience tunisienne, on peu réfléchir sur la façon dont on peut «sauver» un pays de la décadence et de l’échec en s’impliquant dans une action patriotique, de «sauvetage», de l’élévation de ses valeurs sur une voie libérée du despotisme et du sous-développement.

La présidente de l’Utica a ajouté que cette tâche, à bien des égards, a été le leitmotiv du Quartet du dialogue national tunisien, avec la pleine conscience qu’une telle action n’était qu’un commencement; une impulsion; un élan et une dynamique.
C’est ainsi que durant toute la période de transition en Tunisie, a affirmé Mme Bouchamaoui, un rôle fondamental a été assuré par la société civile, qui a, en effet, accompagné chaque étape de la construction de la nouvelle Tunisie et on peut affirmer, a-t-elle ajouté, que cette société civile est devenue un baromètre exerçant un contrôle citoyen.

La présidente de l’Utica a en outre affirmé que le parcours tunisien sur la voie de la stabilisation et de la paix est celle du renouveau, tant la refonte profonde de nos méthodes de travail aussi bien citoyennes, politiques que sociales ont été cruciales dans la réinvention de notre devenir commun.

La Tunisie se bat depuis six ans pour asseoir un système démocratique, répondre à des pressions sociales quotidiennes, lutter contre le danger terroriste et relancer une situation économique asphyxiée par une atmosphère générale de doute et d’incertitude, a ajouté Mme Bouchamaoui. Depuis 2011, les Tunisiennes et les Tunisiens sont dans la rue pour exiger la liberté, dans un pays qui, pendant des années, a réalisé une croissance économique moyenne de 6%.

Après la révolution du 14 janvier 2011, l’année 2013 fut une année noire de l’histoire politique de la Tunisie, car elle fut marquée par des tensions sociales, par la détérioration de la situation économique, par les crises et les assassinats politiques qui n’ont pas manqué de mettre le pays dans une véritable impasse, a rappelé Mme Bouchamaoui. Et d’ajouter: «Il fallait le sauver d’un désastre annoncé!»

Face à cette situation, dans un sursaut de citoyenneté, de responsabilité et de patriotisme, a-t-elle encore affirmé, l’Utica, l’UGTT, l’Ordre des avocats et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme ont décidé d’agir ensemble dans une «tentative dite de la dernière chance» et les évolutions qui ont suivi ont conduit au dialogue national. Ainsi, cette expérience fut avant tout une initiative collective où chaque protagoniste a agit avec patriotisme, en faisant appel au bon sens et en mettant de côté son ego pour l’intérêt suprême de son pays.

Aux qualités intemporelles qu’exige toute action citoyenne et politique que sont – le courage; la persévérance; la rigueur; la souplesse, l’autorité; l’empathie; la patience – il y avait également l’exigence du renouveau : il fallait réinventer les codes, exiger de nouvelles façons d’agir et de forger de nouveaux modes de penser le politique – au sens grec du terme, celui de l’action citoyenne au service de l’intérêt collectif.

Il fallait donc s’engager dans un dialogue : tel fut le ciment du renouveau pour la Tunisie qui se trouvait pour la première fois confrontée à une multitude d’acteurs politiques, à une société civile vive et vigoureuse, à un espace politique étendu et qui cherche ses plis et ses replis, à une jeunesse assoiffé de changement, et à un peuple plein d’espoir.

Il était impératif d’obtenir l’implication et l’adhésion de l’ensemble des forces politiques en place autour d’une feuille de route, d’un plan d’action clairement défini et d’un échéancier établi avec l’accord de toutes les parties concernées.

Cette expérience inédite n’aurait pas eu le succès que le monde lui a reconnu par l’attribution du Prix Nobel de la Paix 2015, sans la cohérence du discours des quatre parrains du dialogue national et précisément de la vision commune de l’Utica et de l’UGTT.

Ce message aura été un signal fort pour les différents protagonistes et l’opinion publique. Il n’a pas manqué non plus de réconcilier les Tunisiennes et les Tunisiens entre eux et de les mobiliser autour d’une seule et unique priorité : le pays d’abord, les partis ensuite.

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Aujourd’hui, la Tunisie est considérée comme une exception, et ce du fait qu’elle a su – à temps – éviter les conflits par le biais du dialogue et du compromis. Il va sans dire que beaucoup de travail reste à faire. L’année 2016 doit être l’année du changement économique et social en Tunisie à l’instar de l’année 2015 qui a été l’année du succès de la transition démocratique.

La Tunisie entretient encore des lueurs d’espoir pour que cette vague de liberté, saluée par le monde entier il y a plus de cinq ans, ne tourne pas au cauchemar dans la région et même au-delà. Les contraintes de temps et de moyens nous mettent à rude épreuve. Le temps du changement peut certes, paraître trop long, bien plus long que ce que nous aurions voulu, mais peut-être que la lucidité est aussi de croire, avec sérénité, au temps long de l’histoire, celui qui exige une refonte profonde des institutions et une mise en mouvement des valeurs révolutionnaires au rythme fabuleux d’une nation toute entière. Une nation qui rêve de prendre son destin en main pour la paix et la liberté.

Source : communiqué.

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