Les responsables et employés des entreprises publiques opérant dans le secteur énergétique sont-ils des «fossilistes» convaincus et carrément hostiles aux énergies vertes ?
La question est d’autant plus légitime que la Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg), qui figure au premier rang de ces entreprises, a traîné toujours de la patte en matière de production et de développement d’énergies renouvelables, dont la part dans la production totale de l’énergie ne dépasse guère 1% contre 70% dans un pays de 50 millions d’habitants comme le Kenya.
Même les fermes éoliennes (200 mégawatts) visibles sur les hauteurs de Bizerte et à Sidi Daoud (Cap Bon), un bon choix d’une ancienne direction de l’entreprise, ne fonctionnent, en raison du manque de maintenance, qu’au tiers de leur capacité. Car elles sont constamment à l’arrêt.
Le meilleur témoignage de ce désintérêt de la Steg pour les énergies renouvelables, malgré l’existence de sa filiale Steg Energies renouvelables, nous est venu de Mounir Ben Miled, président d’honneur de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH). Intervenant, samedi 10 février 2018, lors d’un séminaire sur le mix énergétique organisé par le Cercle Khereiddine, il a révélé qu’au temps où il était président de la FTH, il avait projeté de faire de Djerba une île écologique et d’alimenter son réseau hôtelier en électricité produite à partir de l’énergie solaire pour une capacité globale de 80 mégawatts.
Après la réalisation des études de faisabilité technco-économiques du projet et le bouclage de son schéma de financement, il s’est heurté au refus net de la Steg de contribuer au financement des montants mobilisés à travers l’achat de l’électricité produite par la station voltaïque à installer à cette fin.
Moralité de l’histoire: au regard de l’imminence de l’épuisement de toutes nos ressources fossiles, prévu dans une quinzaine d’années, il y a urgence de réformer la Steg dont les responsables et les syndicats semblent se complaire dans les solutions de facilité, celles d’augmenter la facturation et d’importer au prix fort et en devises les ressources dont le pays a besoin pour combler son déficit énergétique.
La facture a été particulièrement salée en 2017 en raison du blocage des vannes du sud du pays (sit-in d’Al-Kamour et de Faouar à Kébili), et sa conséquence directe, le recours à l’importation.
Khémaies Krimi
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