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Tunisie : Réactions des opposants à l’entretien télévisé de Youssef Chahed

Les réactions à chaud des dirigeants politiques à l’entretien télévisé du chef du gouvernement, Youssef Chahed, diffusé hier soir, vendredi 21 décembre 2018, sur la chaîne privée Attessia, n’ont pas été nombreuses. Seuls quelques uns y ont réagi et, particulièrement, des opposants au gouvernement.

Du côté de Nidaa Tounes, ancien parti du chef du gouvernement où ce dernier a dit ne plus se reconnaître, seuls Mongi Harbaoui et Samira Chaouachi ont donné, jusque-là, leurs avis sur les propos de M. Chahed.

Dans un post Facebook publié ce matin, une sorte de poème en prose qui aurait sans doute fait esclaffer de rire les poètes, un billet aussi ambigu que loufoque, M. Harbaoui a accusé le chef du gouvernement de trahison et d’adolescence politique. Selon lui, M. Chahed et ses partisans confondent l’Etat à un jouet, ajoutant : «La patrie est perdue à cause des arrogants, des adolescents, des avides, des rêveurs et des narcissiques».

De son côté, Mme Chaouachi a estimé que M. Chahed a énormément déçu les citoyens tunisiens mais pas son propre parti, Nidaa Tounes. Cet entretien télévisé a prouvé que le gouvernement n’a pas de vision économique pouvant servir les intérêts du peuple, a-t-elle ajouté, sans donner plus de précision. Des généralités en somme, et peu de substance, d’idées ou de propositions pouvant aider M. Chahed à rectifier le tir.

Yassine Ayari, député indépendant, élu avec moins de 300 voix (un record mondial très difficile à égaler), a, de son côté, indiqué, dans un post Facebook publié hier soir, que le chef du gouvernement a une nouvelle fois trompé l’opinion, ajoutant que son bilan n’est pas satisfaisant.

«Hassib Ben Ammar (ancien ministre de la Défense, sous Bourguiba, puis opposant à ce dernier, Ndlr) n’est pas son oncle maternel. Il est plutôt le frère de sa grand-mère, Radhia Haddad. Celui qui ne dit pas la vérité est un menteur», a-t-il cru urgent de rectifier, alors que, contrairement à ce qu’il dit, il n’y a vraiment pas là un mensonge.  Youssef Chahed est bien un descendant de la famille Ben Ammar, qui compte beaucoup d’anciens militants politiques et de hauts cadres de l’Etat. Mais cela est un détail sans importance, sauf pour le jeune député s’est fourvoyé dans une rectification qui n’avait pas lieu d’être.

Sur le fond, M. Ayari a ajouté: «En tant que citoyen, j’aurai vraiment aimé que vous abordiez le sujet de l’Aleca (Accord de libre échange complet et approfondi avec l’Union européenne, Ndlr) et non de nous servir votre populisme à deux sous. Vous avez échoué en tant que chef du gouvernement. Vous n’avez rien apporté de nouveau. Vous avez parlé comme un chroniqueur, en nous servant des généralités, des propos vides, des tromperies et du populisme. Ce ne sont pas les paroles d’un leader! Votre différend avec Hafedh Caïd Essebsi (directeur du comité politique de Nidaa, Ndlr) est si petit qu’il n’intéresse pas les Tunisiens».

Moins hostile et moins irrespectueux que M. Ayari, fort en écarts de langage et en insultes, Hatem El-Euchi, ancien ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières, a estimé, pour sa part, que Youssef Chahed a présenté un point essentiel dans cet entretien télévisé : celui de sa relation avec le président de la république, Béji Caïd Essebsi. «La relation entre Chahed et Caïd Essebsi est finie pour de bon. Chacun a choisi sa voie et que le meilleur demeure pour le pays», lit-on dans le statut publié hier soir.

E. B. A.

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