«Les mécanismes de financement du développement régional» est le thème d’un forum national qui se tiendra à Sfax, jeudi prochain, 14 février 2019.
Organisé par l’association Beitelkhibra et la plateforme du dialogue public-privé du programme Initiative régionale d’appui au développement économique durable (Irada) financé par l’Union européenne et piloté par le ministère du Développement de l’Investissement et de la Coopération internationale et le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi, ce forum réunira les acteurs du développement des secteurs public et privé, les institutions financières nationales et internationales, des experts de la finance, de l’économie et du développement…
Les débats seront focalisés sur les financements alternatifs, notamment le partenariat public-privé (PPP), les fonds de développement régionaux et la banque des régions ; la caisse de dépôt et de consignation (CDC); les fonds d’investissement; le financement participatif (le crowdfunding, le crowdlending); le code des collectivités locales; l’approche cluster…
Le forum sera organisé en 2 parties, avec 4 panels, la matinée, 4 workshops, l’après-midi.
«L’objectif sera de renforcer le processus institutionnel de décentralisation et de gouvernance régionale, d’améliorer la capacité des acteurs locaux, régionaux et nationaux à proposer leurs projets et trouver le financement nécessaire et de tisser des réseaux entre différents acteurs économiques publics et privés et les instances financières», explique Dr Abdeljalil Gdoura, président de l’antenne régionale d’ Irada à Sfax et président Association Beitelkhibra.
Nous reproduisons ci-dessous son analyse de la problématique de ce forum…
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La Tunisie a entamé depuis le 14 janvier 2011 une nouvelle ère historique, déterminée à fonder un système démocratique pérenne, à consolider ses institutions et à rompre avec un modèle socio-économique qui a montré ses insuffisances.
Durant les dernières années, l’effort s’est focalisé sur la réussite de la transition démocratique, la mise en place des institutions et l’installation des réformes structurelles dans plusieurs secteurs. Parmi ces réformes il y a la nécessité d’adopter une nouvelle approche du développement régional au vu des limites des politiques précédentes qui n’ont pas réussi à réduire les disparités régionales de façon significative, et n’ont pas non plus été en mesure d’aider les régions à rattraper leur retard malgré les subventions publiques. Le résultat est un potentiel économique sous-employé et des tensions sociales qui risquent de porter atteinte à la cohésion nationale.
Chaque pays a besoin de régions compétitives et dynamiques pour atteindre ses objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Les politiques de développement régionales sont complémentaires aux politiques macroéconomiques et structurelles. Le développement du potentiel économique des régions doit être un levier de la prospérité nationale.
Cette approche de développement régional doit être focalisée sur les ressources et les atouts de la région; agir sur les facteurs directs et indirects pour améliorer la performance des entreprises locales; se concentrer sur les opportunités plutôt que sur les handicaps; et opter pour une gouvernance collective et concertée qui implique les différents niveaux (national, régional et local) avec un rôle moins prédominant du gouvernement central.
Le développement économique des régions est aujourd’hui orienté vers la spécialisation intelligente, l’innovation et l’optimisation des ressources. Une région, un territoire a besoin de moderniser les infrastructures de transport, de communication, d’améliorer la qualité de vie (aménagement, santé, tourisme, loisirs…) pour pouvoir être attractif et compétitif.
La difficulté pour les régions pour réaliser leurs projets est double : avoir la maîtrise des décisions, la nouvelle constitution avec la décentralisation garantit à la région une certaine autonomie mais sa mise en place peine à se réaliser; et chercher les financements nécessaires et pour cela une région peut compter sur le rôle de l’Etat pour les projets stratégiques nationaux ou les équipements publics mais peut recourir aussi à une panoplie de mécanismes de financement alternatifs disponibles avec les nouvelles institutions (PPP, CDC..) et législations (décentralisation, code des collectivités locales…)
Dans les nouveaux modèles de développement le rôle de l’État doit être révisé pour donner plus de possibilités de manœuvre aux régions sans pour autant se décharger de son rôle d’assurer la sécurité et l’unité nationale; garantir les services publics économiquement sensibles, notamment en matière d’enseignement, d’aménagement, de santé et d’infrastructures; planifier et financer une infrastructure décentralisée pour promouvoir le développement dans les régions intérieures; décréter des incitations fiscales et autres pour investir dans les régions intérieures; encourager les investissements directs étrangers; favoriser la collaboration entre les acteurs des secteurs public et privé.
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