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Accusation de harcèlement sexuel : Zouhair Makhlouf sera-t-il privé de son immunité parlementaire ?

Le 13 novembre 2019, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) accueillera officiellement ses nouveaux députés. Et, dès l’instant où cette séance inaugurale aura lieu, les 217 élus de la nation jouiront de l’immunité parlementaire pendant 5 ans. Zouhair Makhlouf, accusé de harcèlement sexuel, bénéficiera-t-il de ce sursis quinquennal ?

Par Marwan Chahla

Le temps presse pour les initiateurs de la campagne de dénonciation de harcèlement sexuel #EnaZeda: il ne leur reste plus que trois jours pour faire traduire devant la justice Zouhar Makhlouf, le nouvel élu du parti Qalb Tounes, accusé par une lycéenne de harcèlement sexuel.  

Les langues se délient

Il y a un mois, l’accusation porté contre lui par la jeune fille – par la voie de la publication sur Facebook d’une photo prouvant l’acte reproché au futur député – avait suscité la consternation et le dégoût les plus vifs et déclenché une vague de soutien massif à la jeune lycéenne sur les réseaux sociaux, pour faire tache d’huile et devenir un mouvement: #EnaZeda.

Décomplexées, des Tunisiennes de tous âges et toutes les origines sociales ont osé faire part de leurs propres expériences de harcèlement sexuel et autres formes d’agression sexuelle qu’elles ont subies. Ces aveux et dénonciations, qui ont été nominatifs, parfois anonymes mais très souvent déclarés pour la première fois, ont donné naissance à ce collectif #EnaZeda qui compte aujourd’hui plus de 17.000 membres et dont la page Facebook affiche plus 70.000 commentaires et posts.

L’ampleur de la réaction de l’opinion publique, pendant ce dernier mois, est devenue un fait indéniable. Pourtant, l’issue reste incertaine et rien n’assure que cette montée en flèche du mouvement #EnaZeda auquel a donné naissance l’accusation de harcèlement sexuel à l’encontre du député de Qalb Tounes pourrait avoir un impact sur le long terme, tant les obstacles procéduraux sont nombreux et quasiment insurmontables.

Une course contre la montre est engagée

A Nabeul, là où les faits reprochés à Zouhair Makhlouf auraient eu lieu, le 10 octobre 2019, le procureur général, étant donné la notoriété de l’accusé, a décidé d’ouvrir une enquête sur une affaire d’indécence publique et de harcèlement sexuel sans même attendre qu’une plainte soit formellement déposée par la jeune lycéenne.

Le député Qalb Tounes a nié l’accusation et continue de le faire, et le collectif #EnaZeda se trouve actuellement à court de temps pour plaider sa cause: une fois installé dans sa nouvelle fonction de législateur, à partir de mercredi prochain, M. Makhlouf pourra revendiquer le privilège de l’immunité parlementaire qui le rendrait inattaquable jusqu’en 2024…

Dans une déclaration au « New York Times« , Me Naïma Chabbouh, une des avocates de la lycéenne, ne s’en console pas: «C’est une véritable course contre la montre. On ne sait vraiment pas que faire pour obtenir quelque chose auprès de la justice avant que l’accusé ne devienne officiellement membre de l’ARP, qu’il prenne son siège de député et qu’il ne soit trop tard. »

Le «quelque chose» que le collectif #EnaZeda souhaite obtenir «avant qu’il ne soit trop tard» serait peut-être une suspension provisoire de la prise de fonction de Zouhair Makhlouf pour un complément d’enquête qui pourrait le disculper et classer cette affaire sans suite ou priver le membre de l’ARP de sa députation et…

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