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Le poème du dimanche: ‘‘Mélancolie’’ de Rubén Dario

Dans ce poème ‘‘Mélancolie’’, tiré de son célèbre recueil ‘‘Azul’’ et dédié à Domingo Bolivar, son ami qu’il vient de perdre, le grand poète nicaraguayen Rubén Dario s’interroge sur la vie.

Félix Rubén Garcia y Sarmiento, dit Rubén Dario, est né le 18 janvier 1867. Créole, élevé chez les Jésuites, il se fit remarquer par son intelligence précoce –il savait lire à l’âge de trois ans– et se fit journaliste dès sa quinzième année, ce qui lui permit de visiter l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud.

Il est le fondateur du mouvement littéraire moderniste dans la langue hispano-américaine. Le «Modernisme» débuta d’une façon définitive par la publication au Chili, en 1888, de son recueil Azul, les publications postérieures de celui-ci lui valurent d’être reconnu comme le chef incontestable du nouveau mouvement. D’ailleurs, il devient célèbre du jour au lendemain, à 21 ans, avec la publication d’‘‘Azul’’.

D’ailleurs son séjour au Chili fut très instructif et enrichissant pour lui. Il avait lu seulement quelques auteurs français au Nicaragua, surtout Hugo et Gautier mais au Chili grâce aux salons de La Época, les colonnes du journal même et les bibliothèques privées de plusieurs bons amis lui offraient chaque jour des occasions excellentes de se familiariser avec les plus récents courants de la vie intellectuelle française et des grands auteurs: Goncourt, Baudelaire, Leconte de Lisle, Catulle Mendès, Taine, Barbey d’Aurevilly, Zola, Flaubert, Balzac ou encore Daudet.

Rubén Dario est le maître du grand poète péruvien César Vallejo dont le premier recueil ‘‘Les Hérauts noirs’’ paru en 1919 présentait des traces de l’influence dominante du modernisme de Rubén Dario mais César ne tardera pas de prendre ses distances du modernisme et de se détacher de toute école.

Rubén Dario eut l’honneur de représenter son pays en 1892 en Espagne, pour la célébration de la découverte de l’Amérique. Il y rencontre plusieurs grands écrivains. Il se rend également à Paris. Au cours d’un séjour en Argentine comme consul de Colombie, il est l’idole de toute la jeunesse argentine.

En 1900, il s’installe à Paris, où il rencontre Verlaine et Moréas. Dans les années suivantes, il visite l’Italie, l’Autriche, l’Allemagne. De 1908 à 1911, il est ministre du Nicaragua à Paris.

Destitué, il devient le collaborateur de la revue ‘‘Mundial’’, et s’en fait le propagandiste partout où la langue castillane est à l’honneur. Éternel vagabond, ayant ruiné sa santé par des excès de toute sorte, il meurt dans sa patrie, au seuil de la cinquantaine. Ses ‘‘Chants de vie et d’espérance’’ (1905) sont des chants désespérés. Son lyrisme ardent, qui mêle à la tradition espagnole l’imitation du Parnasse et du symbolisme français, sa maîtrise du verbe, son modernisme font de lui une des plus hautes figures de la poésie hispano-américaine, dans laquelle il a introduit une musique nouvelle. C’est de lui que procède tout le mouvement «moderniste» en Amérique latine. Il mourut à León au Nicaragua le 6 février 1916 à l’âge de quarante-neuf ans.

A Domingo Bolivar

Frère, toi qui possèdes la lumière, dis-moi la mienne.
Je suis comme un aveugle. Je vais sans but et je marche à tâtons.
Je vais sous les tempêtes et les orages
Aveugle de rêve et fou d’harmonie.

Voilà mon mal, Rêver. La poésie
Est la camisole ferrée aux mille pointes sanguinaires
Que je porte en mon âme. Les épines sanglantes
Laissent tomber les gouttes de ma mélancolie.

Ainsi je vais, aveugle et fou, par ce monde amer ;
Parfois le chemin me semble interminable,
Et parfois si court…

Et dans ce vacillement entre courage et agonie,
Je porte le fardeau de peines que je supporte à peine.
N’entends-tu pas tomber mes gouttes de mélancolie?

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