Quelle que soit l’issue finale de l’affaire des masques achetés par la Tunisie et volatilisés, momentanément du moins, sur le tarmac d’un aéroport chinois, nous devons trouver des alternatives pour ces produits, car il est évident que la stratégie que nous avons adoptée dans la lutte contre la propagation du coronavirus (Covid-19) n’a pas été scrupuleusement respectée par la population et que l’épidémie va être inéluctablement prolongée.
Par Pr Faouzi Addad *
Le 3 avril 2020, l’Académie de médecine en France contredisait le gouvernement en recommandant le port obligatoire du masque à toute la population. Tous les esprits sont concentrés sur le scénario possible lors du dé-confinement. L’achat d’un milliard de masques par le gouvernement français nous montre que la décision finale est claire.
L’histoire des masques destinés à la Tunisie sur le tarmac d’un aéroport chinois, dimanche 5 avril 2020, que ces produits devenus de grande nécessité, aient été détournés ou que leur livraison à la Tunisie ait été reporté, comme l’ont assuré les autorités tunisiennes, nous confirme encore une fois que la bataille des masques a bel et bien commencé. De quoi penser aussi que les anciens réseaux de trafic de stupéfiant se sont peut-être reconvertis dans celui de matériels médicaux.
Orientons notre industrie textile vers la fabrication des masques
Le monde entier a compté sur l’industrie pharmaceutique chinoise en ce qui concerne les matières premières d‘une grande majorité des médicaments, des masques chirurgicaux ou des respirateurs… Quelle que soit l’issue finale de cette affaire des masques achetés par la Tunisie, nous devons trouver des alternatives pour ces produits, car il est évident que la stratégie que nous avons adoptée n’a pas été scrupuleusement respectée par la population et que l’épidémie de coronavirus va être inéluctablement prolongée.
Le port de masques sera vraisemblablement une consigne dans les prochains jours. La seule limite à cette décision c‘est d’avoir le fameux sésame en quantité suffisante. La Tunisie a dispose d’une industrie de textile très performante et c‘est maintenant qu’elle doit être orientée vers la fabrication des masques. C’est un devoir national. Car nous ne pourrons rivaliser avec les géants de ce monde en matière d’achat des équipements médicaux de protection.
Nos ingénieurs ont aussi une occasion en or de montrer leur ingéniosité. Ils seront enfin écoutés alors qu’ils ont été longtemps décriés et amenés à émigrer dans des pays qui les ont accueillis à bras ouvert. Le temps de prendre votre revanche est arrivé.
Nos usines peuvent-elles fabriquer rapidement 5 millions de masques ?
Les images de nos ingénieurs fabriquant (ou réparant) des respirateurs, des appareils d’ECG, ou réalisation des applications au service des patients, nous montrent combien ce pays est riche en compétences.
J‘aimerai voir des usines tunisiennes capables de fabriquer, en un temps record, les 5 millions de masques probablement volatilisés sur le tarmac de l’aéroport chinois. Il est temps que le made in Tunisia soit valorisé.
En attendant d’y voir plus clair, pour sauver des vies, restez chez vous car les 10 prochains jours vont répondre à toutes nos questions sur le devenir du Covid-19 en Tunisie.
Que Dieu protège notre pays !
* Professeur en cardiologie.
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