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Sécurisation des frontières tuniso-italiennes : Quand les Affaires étrangères se défaussent

Luciana Lamorgese / Othman Jerandi.

Suite aux propos de Luciana Lamorgese, ministre italienne de l’Intérieur, indiquant que l’Italie appuiera la Tunisie via des avions et des navires pour sécuriser ses frontières maritimes. Le ministère des Affaires étrangères tunisien, via une «source bien informée» sur le site de Mosaïque FM, a démenti les propos de la ministre italienne. Circulez, il n’y a rien à voir ! C’est ce qu’on appelle se dérober à ses responsabilités!

Par Imed Bahri

Face à la hausse des flux de la migration clandestine des Tunisiens vers l’Italie et suite à l’incapacité de la partie tunisienne à endiguer ces flux illégaux, le gouvernement italien a mis en place, en accord avec le gouvernement tunisien, des navires et avions en dehors de ses zones terrestres et maritimes, dans le but de repérer les bateaux des voyageurs clandestins et d’en alerter les autorités tunisiennes afin qu’elles puissent empêcher ces tentatives de migration illégale.

C’est, en tout cas, ce qu’a déclaré, hier, jeudi 12 novembre 2020, la préfète Luciana Lamorgese, ministre italienne de l’Intérieur dans un entretien accordé au quotidien italien ‘‘Il Giornale’’.

Un «démenti» en demi-teinte

À des propos officiels, une réponse officielle s’impose sauf que la partie tunisienne n’a réagi ni via l’homologue de Mme Lamorgese, à savoir le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, ni par celui des Affaires étrangères, Othman Jerandi, surnommé «Monsieur tout doucement le matin, pas trop vite le soir !», ni même par un communiqué officiel de ce département ou une déclaration de son porte-parole ou de son chargé de l’information, tout aussi invisibles et inaudibles que leur patron.

La partie tunisienne a préféré réagir via un sombre démenti dans le site de Mosaïque FM citant une bien vague «source bien informée du ministère des Affaires étrangères».

Admirez la rigueur et la clarté du soi-disant «démenti» de la partie tunisienne, qui s’est très courageusement débinée par crainte de se mettre à dos le gouvernement italien et de compromettre ainsi les relations avec Rome, et bien entendu la coopération et les aides venant de ce pays, mais aussi pour éviter des représailles italiennes… via Bruxelles.

Pire encore, démentir ainsi officieusement la ministre italienne de l’Intérieur alors qu’elle a fait une déclaration on ne peut plus officielle ne dénote pas une grande assurance de la part de la diplomatie tunisienne. Au contraire… La «source bien informée» citée par Mosaïque FM a déclaré qu’il n’y avait pas eu de discussions avec la ministre italienne de l’Intérieur, Luciana Lamorgesi, ni aucun responsable italien au sujet de la sécurisation des frontières maritimes tuniso-italiennes, ajoutant même que les autorités italiennes n’ont pas communiqué avec la partie tunisienne à ce sujet. Mme Lamorgesi a-t-elle entendu des voix ? A-t-elle inventé cette histoire ? Cherche-t-elle à faire pression sur la Tunisie et à l’engager à l’insu de son plein gré ?

Dans tous les cas, le «démenti» de ladite source ne pouvait suffire pour clarifier l’affaire en l’absence d’une déclaration officielle engageant la partie tunisienne.

Une diplomatie du strict minimum

On remarquera également, au passage, que le ministère des Affaires étrangères n’a réagi et condamné les attaques terroristes de Vienne, le 2 novembre, qu’après trois jours ! Et que l’attaque terroriste au cimetière chrétien de Djeddah, le matin du mercredi 11 novembre, n’a été condamnée que le soir après 22 heures, après que toute les chancelleries du monde aient réagi.

Tout cela ne grandit pas la diplomatie tunisienne, qui traîne trop les pieds alors qu’elle devrait se montrer plus responsable, plus réactive et plus professionnelle. Car notre pays traverse une grave crise et il a plus besoin aujourd’hui de visibilité sur le plan international.

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