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Le poème du dimanche : «Entends le poème !» de Yosano Akiko

Le couple de poètes Yosano Akiko et Tekkan Yosano.

Yosano Akiko est née le 7 décembre 1878 à Osaka et décédée le 29 mai 1942 à Tokyo. Poétesse, écrivaine et essayiste, elle est une figure de proue du féminisme japonais. Ses textes et recueils de poésie, audacieux pour son époque, célèbrent la sensualité féminine.

Troisième enfant de Hō Tsuya et de Hō Soshichi, Akiko («fille de l’automne») a commencé très jeune à lire Le Dit du Genji et s’est familiarisée avec la littérature classique de son pays. Sous l’influence de son frère aîné, elle s’est adonnée, à partir de l’âge de 12 ou 13 ans, à la lecture de revues littéraires et des romans de Kōyō, Rohan, et Ichiyō.

Dans sa vingtième année, elle a commencé à écrire et publier des wakas. Sa rencontre avec le poète Tekkan Yosano lors d’une compétition de poèmes en 1900 marque le début de leur relation. Elle publie des tankas dans le bulletin Myojo, conçu par Tekkan et publié par la maison d’édition Shinshisha. L’année suivante, elle quitte la maison familiale et s’installe à Tokyo. Son premier premier recueil poétique Midaregami («Cheveux en désordre») chantait la sensualité de la femme et lançait le style de l’école romantique. Douze enfants vont naître de son union avec le poète Tekkan Yosano (l’un d’eux mourra deux jours après sa naissance).

En septembre 1904, Yosano Akiko publie Ne donne pas ta vie. En 1911, elle écrit le poème Le jour où la montagne bouge est venu, publié dans la revue Seitō. En 1912, elle décide de suivre Tekkan à Paris. Le 5 mai, le journal Yomiuri publie un feuilleton sur les femmes modernes dont le premier épisode narre son projet de voyage à Paris. Mori Ōgai l’aide à trouver des ressources financières pour financer son voyage et revoit le texte de sa Nouvelle traduction du Dit du Genji dont il a écrit la préface.

Entre le 19 mai date de son arrivée à Paris par le Transsibérien et le 21 septembre, jour de son départ de Marseille pour le Japon, elle visite l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas. En juin 1913, la revue Chūō Kōron publie un numéro spécial consacré à Akiko Yosano.

En 1914, dans son texte écrit en collaboration avec Tekkan, Journal de Paris, elle revendique le droit des femmes à accéder librement à l’éducation. Alors que les poèmes de son mari se vendent de plus en plus mal, elle doit, pour nourrir sa famille, gagner sa vie par l’écriture. Elle publie ses recueils de poèmes, donne des conférences et enseigne aux femmes la composition poétique.

En 1919, Tekkan obtient un poste de professeur d’université. En 1921, elle fonde l’institut culturel Bunka Gakuin à Surugadai avec son mari. Elle forme alors le concept d’éducation égalitaire et organise la première école mixte du Japon.

Dans les années suivantes, elle apporte toute son énergie à la rédaction du Dit de Genji en langue moderne, paru en 1939, à ses créations et à la critique poétique; tout en continuant son action féministe et en défendant les droits des femmes. Au soir de sa vie elle aura écrit 50 000 tankas.

Entends le poème !
Qui oserait nier le rouge
Des fleurs dans les champs ?
Savoureuse jeune fille
Coupable dans le printemps

La couleur pourpre,
A qui donc la raconter ?
Tremblements de sang,
Pensées émues de printemps,
En pleine floraison la vie !

Il est temps, je pars,
Et au revoir me dit-il
Ce dieu de la nuit
Dont la manche m’effleura,
Mes cheveux mouillés de larmes

Les cheveux dénoués
Dans la douceur de la pièce
Le parfum des lis
Je crains qu’ils ne disparaissent
Rouges pâles dans la nuit

D’un rouge profond
Les deux pétales de rose
Qui forment tes lèvres
Que tu ne chantes un poème
Sans parfum de noblesse !

Frêles d’apparence
Sont les fleurs de l’été
Mais rouges écarlates
Qui comme cet amour d’enfant
Rient au soleil de midi !

Court est le printemps,
Qu’y a-t-il dans la vie
Qui soit immortel?
Et j’autorisai sa main
Sur la rondeur de mes seins.

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