Gros plan sur le mariage, le divorce et le célibat en Tunisie

Le professeur Sofiane Bouhdiba vient de publier un nouvel ouvrage intitulé «Le mariage en Tunisie: Entre continuité et rupture» (éditions L’harmattan, Paris, collection « Logiques sociales », 234 pages). Cette institution sociale millénaire résiste, s’adapte, change de forme, et porte toujours les jeunes vers l’avant.

Chaque année, on compte une centaine de milliers de mariages en Tunisie. Et une dizaine de milliers de divorces. En examinant les chiffres officiels de plus près, on se rend compte que le marché nuptial tunisien est un véritable laboratoire social, en perpétuel changement : on se marie plus tard, le père de la mariée n’a quasiment plus droit de parole, le « mahr » (dot) a disparu, de nouvelles formes d’union apparaissent, s’adaptent.

Le mariage s’inscrit toutefois malgré tout dans une sorte de continuum : la mise en union reste universelle, la célibataire tardive est suspecte voire discriminée, le mari est toujours plus âgé que son épouse.

De nouvelles règles

Institution sacrée et figée, le mariage des nouvelles générations obéit désormais à de nouvelles règles, et tout porte à croire que nos enfants se marieront différemment, sous l’effet de la mondialisation, mais aussi parce que la Z génération, qui devrait bientôt songer à se mettre en couple, n’a plus les mêmes repères, ni les mêmes ambitions. D’où le sous-titre du présent ouvrage. Car entre continuité et rupture, le mariage résiste, s’adapte, change de forme, et porte toujours vers l’avant les jeunes tunisiens.

Pour répondre aux multiples questionnements soulevés par la nuptialité d’une société en plein bouillonnement, le célèbre démographe a choisi d’organiser sa réflexion en trois grandes parties. Il commence par une approche méthodologique et contextuelle classique, qui consistera à passer en revue d’une manière exhaustive les différentes formes de mariage qui existent en Tunisie ou ailleurs.

L’auteur rappelle également à cette occasion les principaux indicateurs permettant de saisir la nuptialité, de manière tant figée que dynamique. Ces chapitres préliminaires devraient faciliter la compréhension de la suite de l’ouvrage.

Le recul de l’âge au mariage

Le professeur Bouhdiba consacre ensuite la deuxième partie de son livre à l’examen des statistiques de nuptialité les plus récentes, et notamment les résultats du recensement de 2014. Etant donné son importance, l’auteur consacrera un chapitre au recul de l’âge au mariage en Tunisie. Il passe ensuite en revue les principales dispositions de la législation, avant de réfléchir sur les déterminants majeurs de la nuptialité dans la société tunisienne. Cette deuxième partie de son livre est close par un examen du divorce.

La dernière partie du livre, la plus intéressante d’ailleurs, est dédiée à une réflexion approfondie sur quelques aspects inédits du mariage en Tunisie. L’auteur analyse ainsi le déroulement d’un mariage type, avant de s’attarder sur quelques curiosités, certaines comme le mariage coutumier (orfi) ou dar joued, institution remontant au moyen âge. L’endogamie et la consanguinité font l’objet d’un chapitre, de même que la représentation du célibat dans la société tunisienne moderne. L’auteur achève son livre sur une note plus pessimiste, avec l’examen du veuvage et des violences conjugales.

Sofiane Bouhdiba, professeur de démographie à la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, a aussi enseigné dans de nombreuses universités en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis, et participé à un grand nombre de conférences internationales sur diverses thématiques liées à l’étude des populations, et notamment la mortalité. Il est l’auteur d’une vingtaine de livres et une soixantaine d’articles scientifiques publiés en français et en anglais dans des revues internationales.

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