Le président français Emmanuel Macron a décrit le référendum sur une nouvelle constitution en Tunisie comme une «étape importante» dans le processus de transition politique. Certains y ont vu une distance vis-à-vis de la position des États-Unis, plutôt critique à l’égard des réformes entreprises par le président de la république Kaïs Saïed.
Si Washington et Paris appellent à un «dialogue politique inclusif» dans notre pays, estimant sans doute que le processus en cours a écarté les principaux acteurs de la scène politique et de la société civile, les Etats-Unis estiment que la «transition démocratique» est mise à mal par le président Saïed, alors que la France pense que cette transition continue d’avancer. Ce qui soulève plus d’une interrogation sur la divergence de positions entre les deux plus importants partenaires de la Tunisie vis-à-vis de la situation actuelle dans notre pats.
Interrogé à ce sujet, jeudi 11 août 2022, par Mosaïque FM, l’ancien diplomate Taoufik Ouanes, a déclaré que les positions divergentes des États-Unis et de la France concernant la situation politique et la voie suivie par le président Saïed en Tunisie sont la conséquence du travail des lobbies en Amérique et d’une appréciation différente de ses intérêts par la France.
M. Ouanes estime que «la position américaine est le fruit du travail de lobbies très puissants en Amérique qui sont hostiles au processus initié par la proclamation des mesures exceptionnelles le 25 juillet 2021», par allusion à l’internationale islamiste qui dispose de relais au sein du parti démocrate, de l’administration, de la société civile et des médias aux Etats-Unis. Et le diplomate d’ajouter que cette position «ne se fonde pas sur une appréciation correcte de la situation en Tunisie, où il n’y a pas d’hostilité envers la démocratie dans son principe ni envers Etats-Unis ni envers l’alliance libérale mondiale».
M. Ouanes a également estimé que la position américaine sur la Tunisie repose principalement sur la théorie selon laquelle l’islam politique ne représente pas un danger et que l’expérience tunisienne des dix dernières années a été démocratique. «En fait, cela n’est pas vrai parce que la Tunisie, pendant les dix dernières années n’était pas un État démocratique, mais plutôt une vitrine démocratique. Car il ne peut pas y avoir un État démocratique dominé par la corruption, le verrouillage politique et l’impossibilité d’alternance pacifique au pouvoir», a-t-il expliqué.
Pour le diplomate tunisien, «la position française repose sur une compréhension plus profonde de la situation en Tunisie, en plus de l’existence de considérations et d’intérêts géopolitiques et économiques majeurs dans la région du Maghreb. De plus en plus proche de l’Algérie, la France veut avoir de bonnes relations avec la Tunisie, surtout compte tenu de la situation en Libye», a-t-il déclaré.
Taoufik Ouanes a appelé l’État tunisien à faire un important travail diplomatique pour tenter de dissiper le malentendu avec les Etats-Unis et y envoyer des émissaires pour expliquer la réalité de la position tunisienne, la situation politique intérieure et l’avenir de la démocratie et de la transition démocratique dans notre pays.
I. B.
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