Tunisie : l’Etat responsable de l’impunité de ses agents

«L’État et ses appareils sécuritaire et judiciaire sont responsables de l’impunité des responsables qui échappent aux sanctions», ont déclaré des représentants de la société civile et des militants des droits de l’homme, lors d’une rencontre organisée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), dimanche 11 décembre 2022 à Tunis.

Cette rencontre internationale a porté sur «les mécanismes de protection et le rôle des structures professionnelles et des organisations de défense des droits de l’homme dans la lutte contre l’impunité».

Les autorités officielles figurent en tête de liste des responsables d’agressions contre des journalistes dans presque tous les rapports de la cellule de surveillance du SNJT, a indiqué Khaoula Chabbeh, coordinatrice de la cellule, qui a signalé 50 agressions commises par les forces de l’ordre au cours de l’année dernière. «Le système judiciaire n’a pas été efficace dans la poursuite des agresseurs suite aux plaintes déposées par les journalistes qui, du coup, croient, désormais, de moins en moins à l’efficacité de la justice», a-t-elle dit.

Ridha Raddaoui, avocat et militant des droits de l’homme, a déclaré que l’État s’appuie sur des textes juridiques pour faire respecter ces pratiques d’impunité. «Il s’agit d’une couverture législative et procédurale qui permet à l’impunité de devenir une pratique», a-t-il regretté.

Pour sa part, le directeur général du bureau d’exploration, d’évaluation et d’analyse au ministère de l’Intérieur, Riadh Jomni, a indiqué que tout membre des forces de sécurité qui aura commis une infraction, un délit ou un crime sera traduit devant le tribunal qui aura le dernier mot, ajoutant que le ministère de l’Intérieur a lancé plusieurs initiatives pour assurer une communication directe entre les journalistes et les agents de sécurité, dont plusieurs sessions de formation organisées depuis 2013.

Le responsable a également déclaré que les droits de l’homme et les libertés civiles figuraient parmi les principaux axes des programmes de formation du ministère, mais ces programmes ne semblent pas avoir abouti à un meilleur comportement des agents de l’ordre qui continuent de se comporter comme s’ils étaient au-dessus de la loi, selon les témoignages de plusieurs journalistes et acteurs de la société civile ayant été agressés sans que leurs agresseurs n’aient été sanctionnés.

I. B. (avec Tap).

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