Le football italien serait-il en train de reprendre ses droits?

Choc dénonciateur ou annonciateur lors de la journée écoulée du Championnat d’Italie de football? Le choc de dimanche dernier a permis au Napoli de s’imposer 1-0 sur le terrain de la «Vieille Dame».C’est-à-dire d’offrir une sorte de moyen de départager deux grosses équipes restées en lice dans les coupes européennes. Et de révéler le futur détenteur du Scudetto?

Par Jean-Guillaume Lozato *

Naples qui gagne à Turin, c’est le Mezzogiorno qui prend une revanche sur l’Italie du Nord plus industrialisée. Comme en 1987 lorsque la meilleure formation parthénopéenne de tous les temps avait remporté le titre final sous l’égide de Sa Majesté l’exceptionnel Diego Maradona entouré de talentueux compagnons de route. Avec des conséquences nationales et internationales.

Dimanche 23 avril 2023. En soirée. Le Stadio delle Alpi a accueilli des Napolitains bien décidés à ne pas se contenter d’une figuration toute simple. Au-delà du résultat, la manière et la personnalité des entraîneurs pourraient porter une influence plus que sur le court terme.

Combat où chacun a eu son mot à dire

La Juventus a voulu prendre l’initiative dès l’entame de match. Logique pour une grosse cylindrée italienne évoluant à domicile. Les actions ou relances de Gatti, l’engagement de Rabiot bien meilleur qu’à l’accoutumée dans les jaillissements ou les initiatives de Locatelli n’ont pas permis aux visiteurs du soir de se reposer tranquillement. Mais chez les Bianconeri c’est surtout la performance de Cuadrado qui est à retenir. Sans faire de bruit mais en allant crescendo, l’homme de couloir colombien a dynamisé tout le flanc droit de son équipe, tout au long du match. Un rôle de piston, de soutien, d’accélérateur et de centreur dont le côté gauche du schéma tactique turinois a manqué. Tantôt gestionnaire tantôt recourant au jeu en contres, la Juventus a été opposée par un SSC Napoli bon mais plus attentiste.

Les hommes venus du Sud de la Botte ont su ensuite prendre le dessus. D’abord par des frappes intimidantes de Kavratskhvelia puis l’animation offensive physique de Osimeh.

Finalement, le Napoli a su s’imposer cyniquement sur un but plein de métier de Raspadori à la dernière minute de jeu.

Le métier et la manière

Les deux équipes ont produit un jeu de qualité.3-5-2 pour les Noirs et blancs, 4-4-2 évolutif, 4-4-3 pour les bleus.

Les locaux ont cherché à percer par les côtés tandis que leurs adversaires ont été un peu meilleurs dans le domaine aérien. Le duel tactique a produit de belles choses tout en ne négligeant pas les gestes techniques de part et d’autres (Chiesa pour la Juventus et Lozano pour Naples comptent parmi les protagonistes à mentionner).

Même si ce sont les Napolitains qui ont gagné grâce à un Elmas trouvant la faille en survolant subtilement la défense adverse d’un centre… à la Cuadrado ! A destination de Raspadori.

Des conséquences au-delà du match

Comme pour donner un effet de synthèse, ce sont deux entraîneurs originaires du centre de l’Italie qui ont contribué à cette opposition de haut niveau entre une équipe du Nord et une du Sud. Allegri de Livourne et Spalletti de la région de Florence. Agissant ainsi en trait d’union pour un football qui en avait bien besoin, leur personnalité et leur science de la tactique ont introduit les bases d’un match disputé, serré. Et ont réintroduit l’idée d’un foot italien compétitif.

Un retour du spectacle. Un suspense amené par une confrontation de haut niveau jouant sur les subtilités défensives mais aussi sur les ressources de l’instinct de survie défensif. Comme au bon vieux temps.

En plus des résultats sur le plan continental, le ballon rond italien nous gratifie de très bons résultats à travers ses clubs. Et petit détail : les joueurs nationaux se sont remis en évidence, ce qui peut-être bon signe pour l’équipe nationale. Si jamais le championnat, grâce aux compétitions européennes, et avec la redécouverte de la fiabilité défensive italienne (le match qui vient d’être décrit a offert des séquences dignes des meilleurs 0-0 maîtrisés jusqu’à l’ouverture du score), venait à faire revenir des gens comme Insigne (qui mériterait de faire partie de ce Napoli qu’il avait gratifié de ces gestes techniques dans sa manière de piquer la balle), Bernardeschi ou Giovinco (partis tous deux en MLS) alors la Squadra Azzurra pourrait repeupler les zones stratosphériques d’une coupe du monde.

* Ecrivain et analyste de football.

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