Hassanine Ben Ammou, le chef de file du roman historique en Tunisie  

Les 5 et 6 mai 2023, l’écrivain et romancier, natif de Dar Chaabane El-Fehri (Nabeul), le 5 mars 1948, Hassanine Ben Ammou et son œuvre littéraire sont le centre d’intérêt de la deuxième édition du colloque Mahjoub Ayari pour le livre et la littérature organisé à l’initiative de la délégation régionale aux affaires culturelles de Nabeul à la Bibliothèque régionale de Nabeul.

En consacrant le thème du colloque «La fiction et l’histoire dans l’œuvre de Hassanine Ben Ammou», les organisateurs ont sélectionné, à titre d’exemples, trois de ses romans à savoir ‘‘El Karroussa’’, ‘‘Bab El-Alouj’’, et ‘‘Rahmana’’ dont il présentera la version française le 6 mai au Palais des expositions du Kram dans le cadre de la 37e édition de la Foire internationale du livre de Tunis (FILT, 28 avril-7 mai).

L’histoire à l’épreuve de la fiction

Hassanine Ben Ammou, également artiste peintre, est considéré comme l’un des grands romanciers spécialisés dans le genre historique. Il a à son actif plusieurs romans qui ont permis d’enrichir la perception populaire de l’histoire de la Tunisie, et qui sont rédigés dans un style attrayant et léger. En choisissant le roman comme genre littéraire pour raconter l’histoire médiévale et moderne de la Tunisie, l’auteur ne pensait pas que cela ferait de lui l’un des auteurs de langue arabe les plus distingués sur la scène littéraire tunisienne.

Plusieurs de ses récits inspirés de faits et de personnages historiques ont été publiés en feuilletons quotidiens sur les colonnes des journaux depuis 1984 avec notamment ‘‘El-Mamlouk en 1814’’, récit sur le ministre Youssef Saheb Ettabâa, un homme riche qui a fini de façon tragique, ‘‘Qitar Al-Dhahia’’ (Train de banlieue), relatant des événements survenus en 1950 au niveau du train la Tunis-Goulette-Marsa.

Parmi ses ouvrages connus et qui seront au cœur des débats lors de ce colloque, figure ‘‘El-Karroussa’’  (La calèche) regroupant des contes inspirés des atmosphères de la Médina de Tunis et qui a été récompensé par le prix littéraire Ali Balhouane de la ville de Tunis en 1999.

Dans ‘‘Bab El-Alouj’’ paru en 1988, le romancier relate des événements survenus durant l’apogée de l’Etat Hafside entre 1415-1450.

Publié dans sa première édition en 2002, ‘‘Rahmana’’ est un retour sur la période de la conquête espagnole de Tunis en 1535 qui opposa les troupes de Kheireddine Barberousse à celles de l’empereur de l’Espagne, Charles Quint, suite à l’appel à l’aide du sultan hafside Abou Abdallah Mohamed V Al-Hassan.

L’auteur enchaîne avec ‘‘Bab El Falla’’ en 2005, pour aborder la fin du règne des Hafsides (1560-1574) et de l’occupation espagnole et le début du pouvoir ottoman à Tunis. Ce livre a décroché un prix Comar 2006.

L’histoire des Mauresques a été abordée dans ‘‘Al-Moureskia’’ où il évoque la souffrance de Morisques musulmanes à Valence et leur expulsion en 1609, œuvre qu’il a complétée avec second tome avec ‘‘Al-Andaloussia’’.

S’intéressant aux grandes figures tunisiennes, le romancier publie ‘‘Al-Ghouroub Al-Khaled’’ en 2006, une biographie romancée de l’historien Abderrahmane Ibn Khaldoun, lui valut le Grand prix de la fiction tunisienne en 2007.

Son sixième roman ‘‘Al-Kholkhal’’, en 2010, est l’un de ceux qui ont le plus fait parler d’eux dans la presse d’expression arabe. Il y revient sur des affrontements entre l’armée du Bey et les tribus bédouines au 19e siècle à cause de la collecte des impôts.

Des récits adaptés par la radio et la télévision

Le roman ‘‘Hajjem Souk El-Blat’’ (Le coiffeur de Souk El-Blat) relate des événements réels qui se sont passés après la rébellion d’Ali Ben Ghedhahom en 1864. Il avait été publié en feuilleton pendant cinq ans dans le supplément culturel du journal Al-Sahafa, avant de paraître dans un livre d’environ un millier de pages.

Son roman ‘‘Am al fzou 1864” (Année de la peur 1864) publié en 2018 et dont l’écriture a débuté en 2012, était au départ un projet de film, dont le scénario portait sur la vie de Ali Ben Ghdhahem, mais qui n’a pas pu voir le jour pour différentes raisons. Il a fini par imposer Hassanine Ben Ammou comme le chef de file du roman historique en Tunisie.

Ses œuvres ont d’ailleurs été réadaptées pour la télévision et la radio. ‘‘Forsen Al-Sarab’’ a ainsi inspiré une série télévisée en trente épisodes. Il en a été de même pour ‘Bab El-Alouj’’, qui a été traduit en français par Ahmed Guesmi et publié aux éditions Arabesques en 2019. ‘‘Rahmana’’, ‘‘Bab El-Falla’’, ‘‘Al-Moureskia’’ et ‘‘El-Mamlouk’’ ont, quant à eux, donné lieu à des séries radiophoniques.

A côté de l’écriture littéraire, Ben Ammou s’est adonné aussi à la peinture. Sa première exposition remonte à 1972 au Centre culturel américain de Tunis. Et la dernière en date en 2009, au Centre culturel El Menzah 6… qui a été une sorte de rétrospective en 51 toiles…

I. B. (avec Tap).

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