Tunisie : pour lutter contre les pénuries, Kaïs Saïed sort les gros moyens  

Kaïs Saïed poursuit sa guerre contre «tous ceux qui cherchent à saper la paix civile par la spéculation ou à provoquer les crises», par allusion aux pénuries de produits de première nécessité enregistrées en Tunisie au cours des derniers mois.

Le président de la république a relancé cette guerre contre les spéculateurs lors de sa rencontre vendredi 2 juin 2023 au palais de Carthage avec le ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, le directeur général de la Sûreté nationale, Mourad Saidane et le commandant de la garde nationale, le général Hassine Gharbi, laissant ainsi entendre que les pénuries dont se plaignent les citoyens ne peuvent pas être gérées par la réorganisation des réseaux de distribution et le renforcement des contrôles habituels effectués par les agents du ministère du Commerce, mais qu’elles requièrent désormais une prise en main par les unités de la police et de la garde nationale, car elles menacent «la patrie et l’Etat» qui, selon lui, doivent être «protégés».

«Faire respecter la loi ne signifie en aucun cas restreindre les libertés garanties par la Constitution et la loi», a tenu cependant à souligner le chef de l’Etat, conscient sans doute des craintes que pourrait susciter cette dérive policière (n’ayons pas peur des mots!) dans l’opinion publique. C’est pourquoi d’ailleurs il a tenu à préciser que «la fomentation des crises, la spéculation, les atteintes à la réputation des personnes et le chaos ne tiennent en aucun cas des libertés, ce sont des pratiques incriminées par la loi», a-t-il insisté.

Et à propos de loi, le Décret-loi n°2022-14 du 20 mars 2022, relatif à la lutte contre la spéculation illégale, et qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison et une amende de 500.000 dinars ne semble pas être suffisamment dissuasif pour les spéculateurs qui, selon le président, continuent de sévir impunément dans le pays. Cherchez l’erreur !  

La lutte contre la drogue et la migration irrégulière et les préparatifs pour assurer la sécurité des examens nationaux étaient également à l’ordre du jour de cette rencontre, inique le même communiqué.

I. B.

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